La réalité d'une Europe qui renforce ses frontières face à la migration

La réalité d’une Europe qui renforce ses frontières face à la migration

29.10.2025 13:33
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La réforme migratoire de l’UE : un resserrement qui crée des failles

Les pays de l’Union européenne se préparent à renforcer leur politique migratoire. Un nouveau Pacte sur la migration et l’asile, en cours de finalisation, devrait entrer en vigueur l’année prochaine et durcir les procédures aux frontières, accélérer les expulsions, et bien plus encore, rapporte TopTribune.

Ce tournant survient alors que des figures politiques, comme l’ancien président américain Donald Trump, soutiennent que l’Europe a perdu le contrôle de la migration. Toutefois, la réalité est différente. Au cours de la dernière décennie, le continent a construit une « forteresse » migratoire, avec des politiques qui engendrent d’énormes risques économiques et moraux. Les États membres ont renforcé les procédures d’asile, conclu des accords avec des pays de transit tels que la Turquie, la Libye, la Tunisie et l’Égypte, et déployé davantage de technologies de surveillance.

Les résultats sont déjà visibles : les passages irréguliers ont considérablement diminué depuis les pics de 2015-2016. Selon l’agence frontalière de l’UE, Frontex, le nombre total de traversées irrégulières en 2024 a chuté de 40 % par rapport à l’année précédente et continue de baisser au premier semestre de 2025.

Les gouvernements européens réagissent également à la menace que représente l’extrême droite en rendant la migration régulière plus difficile. Des pays comme l’Allemagne ont durci leurs règles de migration, tout comme la Suède, qui a renforcé les conditions de résidence. En conséquence, le nombre de migrants est tombé à des niveaux significativement bas en 2024.

À première vue, ces mesures peuvent sembler efficaces. Les dirigeants européens affirment avoir « repris le contrôle » de leurs frontières, tout en s’efforçant de maintenir des engagements humanitaires. Officiellement, l’UE prétend ne pas tolérer les pratiques de refoulement illégal, mais dans les faits, celles-ci persistent pour limiter les arrivées.

Cependant, cette approche fait face à des contradictions économiques et politiques sévères. L’Europe, avec une population vieillissante et un taux de natalité en baisse, fait face à des besoins de main-d’œuvre croissants. Des pays comme l’Allemagne ont besoin d’environ 300 000 nouveaux travailleurs par an. L’OCDE soutient depuis longtemps que des niveaux d’immigration plus élevés sont essentiels pour combler les pénuries de main-d’œuvre et stimuler la croissance.

Les gouvernements en Europe en sont conscients. Le gouvernement italien, malgré son orientation d’extrême droite, a paradoxalement élargi les permis de travail pour les migrants non européens, tandis que l’Allemagne réforme son système d’immigration basé sur des points. Toutefois, ces mesures pragmatiques sont souvent étouffées par le discours dominant sur la dissuasion.

Maintenant, l’Europe se trouve à un carrefour. Trois options s’offrent à elle. La première est de maintenir et d’intensifier la politique de « forteresse Europe », ce qui pourrait nuire à la croissance et affaiblir sa capacité à financer son État-providence tant prisé.

La seconde option est celle du traditionnel « aiguilleur », entraînant un mélange instable de répresssion et de crises. Cela conduit à une migration irrégulière aggravée par la désespérance à l’étranger et la demande de main-d’œuvre sur le continent.

La troisième option propose une reconnaissance claire du besoin d’immigrés. Cela nécessiterait la mise en place de voies d’accès adaptées pour le travail et l’asile, ainsi qu’un investissement accru dans l’intégration.

Chacune de ces voies présente des défis. Cependant, ignorer la réalité migratoire n’est qu’une illusion dangereuse.

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