Les élections en Moldavie renforcent la position pro-européenne face à l’influence russe
Les élections récentes en Moldavie pourraient marquer un tournant historique. Le Parti d’Action et de Solidarité (PAS), dirigé par la présidente Maia Sandu, a consolidé son pouvoir alors qu’il prépare le pays à une adhésion à l’UE. Bien que la Moldavie compte seulement 2,4 millions d’habitants, ce vote constitue un revers évident pour les ambitions russes dans ce pays stratégique, rapporte TopTribune.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, l’influence du Kremlin s’est révélée déterminante en Moldavie. La Russie a soutenu des forces séparatistes dans la région de Transnistrie, exerçant ainsi une pression sur le gouvernement central de Chișinău. Au fil du temps, cette influence s’est accrue, touchant les secteurs clés de l’économie et des ministères de la sécurité moldave. Plusieurs présidents précédents, tels que Vladimir Voronin et Igor Dodon, entretenaient également des liens étroits avec Moscou. Aujourd’hui, la véritable antidote au défi russe réside dans un leadership politique tourné vers les réformes, comme le démontre le résultat actuel.
La victoire parlementaire du PAS fait suite à la victoire présidentielle de Sandu l’année dernière. Ce résultat a surpris bon nombre d’observateurs, les sondages préélectoraux annonçant une nette avance des deux principaux partis soutenus par Moscou, à savoir le Bloc électoral patriotique (BEP), dirigé par Dodon, et le Mouvement nationale (MAN).
Le PAS a toutefois remporté 50,2 % des voix, contre 24,17 % pour le BEP et 7,96 % pour le MAN. Les votes des partis n’ayant pas franchi le seuil électoral seront répartis proportionnellement, permettant au PAS d’obtenir plusieurs sièges en plus d’une majorité minimale de 51. L’engagement de Sandu en faveur des réformes et de l’UE est inébranlable. Sa majorité parlementaire lui permettra de faire passer les lois nécessaires à l’adhésion, qu’elle espère réaliser dans cette décennie. Un tel pas serait une victoire symbolique majeure contre le projet impérial de Moscou, qui cherche à promouvoir un « monde russe » destiné à soutenir les intérêts du Kremlin.
Moscou a déployé d’importants efforts pour entraver la victoire du PAS. Chișinău a accusé des agents russes d’avoir dépensé 200 millions d’euros — un chiffre qui représente environ 1 % du PIB de la Moldavie — pour acheter des voix lors de l’élection présidentielle et du référendum de l’UE l’année dernière. Sandu a également déclaré que la Russie avait investi des « centaines de millions » pour saper les résultats des élections parlementaires de ce week-end. Parallèlement, la commission électorale a interdit la participation des partis pro-russes, tels que le Parti de la Moldavie (PRIM) et la Moldavie Mare (PMM), en raison d’allégations de corruption, de financement illégal et de blanchiment d’argent.
Des groupes de surveillance et des enquêtes ont aussi relevé d’importantes campagnes de désinformation liées à la Russie. Une enquête de l’Associated Press a mis en lumière des faux sites d’information qui se faisaient passer pour des médias occidentaux légitimes et recrutaient des ‘fermes d’engagement’ en Afrique, tandis que des bots AI inondaient les sections de commentaires de dénigrements envers le PAS et l’UE.
Le leader du BEP, Dodon, n’a même pas attendu les résultats pour revendiquer la victoire dans les élections récentes et appeler à des manifestations devant le parlement. Heureusement, les rassemblements n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes.
Une des raisons cruciales de ce faible soutien fut l’évaluation des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui ont déclaré que le vote était « compétitif et offrait un choix clair parmi les alternatives politiques, mais le processus a été entaché par des cas graves d’ingérence étrangère, de financement illicite, de cyberattaques et d’une désinformation répandue ». Bien que l’OSCE ait critiqué Chișinău pour avoir disqualifié des partis juste avant le vote, l’évaluation globale des élections est demeurée positive.
Le destin de la Moldavie repose désormais entre les mains de Sandu et du PAS. S’ils parviennent à utiliser leur nouveau mandat pour adopter et mettre en œuvre les législations nécessaires aux réformes et à l’adhésion à l’UE, ces élections parlementaires seront considérées comme un événement majeur dans l’évolution du pays.
Gagner les élections a été difficile, mais réaliser les transformations que prône Sandu sera d’un défi bien plus grand.