Ghana: La ruée vers l’or favorise l’exploitation minière illégale et met en péril l’environnement
À une heure au sud de Kumasi, la deuxième ville animée du Ghana, des travailleurs vêtus de bottes creusent la terre pour extraire de petites quantités d’or, alors que les prix mondiaux atteignent des sommets records de 4 000 dollars l’once, transformant ce travail physique en une entreprise lucrative. Ce phénomène illégal, connu sous le nom de galamsey, soulève des inquiétudes environnementales considérables et présente des dilemmes sociaux complexes, rapporte TopTribune.
Des milliers de sites de galamsey parsèment le paysage verdoyant d’un pays dont l’économie est historiquement liée à l’or. Les travailleurs utilisent souvent du mercure toxique pour traiter le précieux métal, contaminant les sources d’eau potable et les terres agricoles, et posant des risques pour la santé tels que des maladies graves et des malformations congénitales.
Le président ghanéen John Mahama, arrivé au pouvoir en janvier, a fait de la lutte contre le galamsey une priorité politique. Il a interdis le commerce de l’or aux étrangers et a établi un régulateur d’État, GoldBod, pour gérer les chaînes de revenus et d’approvisionnement. Cependant, Mahama admet que le combat est complexe, affectant plus de 1,5 million de ghanéens dont les moyens de subsistance dépendent de cette activité.
Dans un entretien, Mahama a déclaré : « Si vous les arrêtez, quelles alternatives proposez-vous ? » Cela illustre les enjeux de l’exploitation minière artisanale dans les pays en développement, où des prix des matières premières élevés incitent à l’extraction minérale illégale, souvent sans tenir compte de l’impact environnemental ou social.
Le marché mondial de l’or est influencé par des facteurs géopolitiques, la Chine jouant un rôle majeur en stockant de l’or pour réduire sa dépendance au dollar américain. En 2024, la demande mondiale d’or a atteint des sommets historiques, incitant les pays d’Afrique à se battre pour une part de cette richesse, tout en faisant face à des défis d’illégalité et de corruption.
Au Ghana, la situation de l’or est complexe. Les grandes entreprises minières ont été autorisées à se développer à plus de 90 % sous propriété étrangère. Cependant, la légalisation de l’exploitation minière à petite échelle a nui à la distinction entre celle-ci et le galamsey, entraînant une pollution croissante et la criminalisation des mineurs artisanaux.
Le gouvernement ghanéen a récemment intensifié ses efforts policiers, avec des arrestations de contrebandiers et des saisies d’équipements. GoldBod, tout en essayant d’éradiquer les pratiques illégales, se heurte à des conflits d’intérêts structurels, cherchant à maximiser les revenus d’État tout en empêchant l’or illégal d’entrer sur le marché.
La lutte contre le galamsey est aussi une préoccupation pour les communautés locales, dont la fillette Sarah, âgée de 21 ans, aspire à une vie meilleure grâce à l’argent gagné. Son espoir souligne les défis auxquels font face de nombreux ghanéens, naviguant entre l’exploitation des ressources et les aspirations personnelles.
Avec des défis croissants liés à la pollution et à la dégradation environnementale, la quête des nations productrices d’or est de réaliser un équilibre entre l’extraction de cette ressource naturelle précieuse et la durabilité à long terme pour le bien-être de leurs populations. Le cas du Ghana pourrait servir de modèle ou d’avertissement pour d’autres pays engagés dans la ruée vers l’or.