Renforcement de l’alliance militaire entre la France et le Royaume-Uni
Emmanuel Macron et Keir Starmer ont signé une déclaration marquante jeudi, soulignant pour la première fois l’option d’une utilisation « coordonnée » des forces nucléaires des deux pays, dans le contexte d’un retrait américain croissant de l’Otan face à la menace russe, rapporte TopTribune.
Ce sommet bilatéral à Londres a acté un rapprochement significatif de leurs forces armées, en particulier concernant la dissuasion nucléaire. Les dirigeants ont souligné que bien que les systèmes de dissuasion respectifs soient autonomes, ils peuvent être intégrés dans une stratégie conjointe. Emmanuel Macron a qualifié cette initiative d’« inédit », affirmant que toute menace aux intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait désormais être confrontée à la puissance combinée de leurs forces nucléaires.
Cette avancée est considérée comme un tournant dans la doctrine nucléaire, selon Jean-Louis Lozier, un expert en sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Auparavant, la France n’avait jamais envisagé une telle coordination avec ses alliés, malgré des intérêts partagés. Bien que Paris et Londres aient précédemment affirmé en 1995 qu’aucune situation menaçante pour l’un ne pourrait se produire sans toucher l’autre, la nouvelle déclaration intègre pour la première fois l’idée de dissuasion nucléaire.
La réalité géopolitique actuelle, marquée par la guerre en Ukraine, incite les deux pays à approfondir leur coopération. La nécessité d’une réponse rapide dans le cas où les États-Unis n’agiraient pas assez vite est un point majeur mis en avant par l’amiral Lozier. Cela reflète une préoccupation croissante concernant la crédibilité de l’Otan en réponse à des adversités potentielles.
L’émergence de puissances agressives comme la Russie, associée à un sentiment croissant d’isolationnisme à Washington, renforce cette urgence. Emmanuel Macron a souligné que cette coopération ne compromet pas la souveraineté de leurs arsenaux nucléaires, précisant que chaque pays reste le seul décisionnaire en matière d’utilisation d’armes nucléaires. La création d’un « groupe de supervision nucléaire », co-présidé par l’Elysée et le Cabinet Office britannique, est prévue pour harmoniser les efforts dans les domaines politiques et opérationnels, y compris les exercices militaires conjoints.
Cependant, des limitations subsistent. Selon Lozier, les capacités nucléaires britanniques sont fortement dépendantes des États-Unis, ce qui peut restreindre les options de coopération. La France, de son côté, continue de développer ses propres capacités indépendamment, ce qui la distingue dans ce partenariat. L’acquisition par le Royaume-Uni d’avions de chasse F-35 capables de transporter des armes nucléaires témoigne d’une volonté de diversifier ses alliances tout en maintenant des liens étroits avec la France.
Le président français a déclaré que cette avancée représente une contribution significative à la défense de l’Europe. Il a affirmé que la nouvelle dynamique renforcée entre les deux nations ne diminue en rien leur indépendance, chaque nation ayant le contrôle total sur ses décisions concernant l’usage de la force nucléaire. Malgré une coordination accrue, il n’y a pas d’automaticité dans l’activation des réponses nucléaires communes.
En parallèle, le renforcement de cette alliance ne se limite pas à la seule dimension nucléaire. L’annonce d’une collaboration accélérée dans le développement de missiles de croisière et de nouvelles capacités militaires démontre une volonté de construire une force plus robuste. De plus, une force militaire commune pouvant être mobilisée pour l’Otan a été convenue, avec un plan de déploiement en Ukraine déjà en place, visant à soutenir la paix après un éventuel cessez-le-feu avec la Russie.