La décision de Sébastien Lecornu d’annoncer la « suspension » de la réforme des retraites, lors de son discours à l’Assemblée nationale, a suscité des réactions contrastées au sein de la gauche. Tandis que les membres du Parti socialiste ont accueilli la nouvelle avec des sourires et des applaudissements, les députés de La France insoumise ont affiché leur exaspération. En choisissant d’éviter une motion de censure, Olivier Faure et les socialistes prennent le « pari risqué » de la stabilité, au risque de mécontenter leurs partenaires de gauche, rapporte TopTribune.
Les insoumis fulminent
Les plus inquiets à la suite de cette décision sont sans surprise les membres de La France insoumise, dont les relations avec le PS sont déjà très tendues. Aurélien Saintoul, député de LFI, a déclaré : « Le PS peut tenter de sauver la face, mais la réalité est qu’ils permettent à Emmanuel Macron de gagner du temps. Ils ont entériné le fait qu’ils étaient là pour sauver le soldat Macron. » Selon lui, cette décision trahit l’engagement pris par les socialistes envers leur programme électoral. Il a ajouté que les socialistes, en agissant ainsi, facilitaient la mise en place d’un budget sévère.
Les députés LFI dénoncent également les mesures d’austérité associées aux textes budgétaires présentés par Lecornu, qui incluent des gels de pensions et des hausses de franchises médicales. Manuel Bompard, leader des insoumis, a qualifié ces actions de « forfaiture » et a appelé les socialistes à « désobéir » en votant la motion de censure proposée.
Le reste de la gauche plus mesuré
D’autres membres de la gauche, comme Laurent Baumel du PS, ont exprimé des opinions plus nuancées. Il a critiqué LFI, les accusant de vouloir précipiter la chute du gouvernement. Baumel a notamment affirmé que l’abandon de l’article 49.3 permettrait de favoriser un véritable débat sur le budget. « Il nous incombe de gagner les batailles dans l’hémicycle », a-t-il ajouté, tandis que les discussions sur la motion de censure s’annoncent tumultueuses.
Les communistes et écologistes votent pour la censure, mais ils montrent plus de compréhension envers le PS. Cyrielle Chatelain, écologiste, a souligné qu’il fallait éviter l’escalade des tensions entre les différents partis. Elle a salué la suspension de la réforme des retraites tout en jugeant le budget présenté digne de censure.
« Il y a une divergence stratégique »
Les débats budgétaires à venir devraient exacerber les tensions entre les différents partis de gauche. Aurélien Saintoul a affirmé que la non-censure marque un retour vers un hollandisme contre-productif pour le PS. « Une divergence stratégique se manifeste et devient de plus en plus conflictuelle », a réagi Baumel, signalant que LFI semble privilégier les attaques à l’égard du PS, peut-être en raison des désaccords sur le choix d’un candidat à la présidentielle.
Cependant, l’histoire récente montre que la gauche peut rapidement se unir face à des menaces communes, comme une possible victoire du Rassemblement national. Les tensions au sein de la gauche risquent de perdurer dans les mois à venir, en prévision des élections municipales où des listes socialistes et insoumises pourraient s’opposer, éloignant ainsi la perspective d’une union pour les élections de juin 2024.