La Lituanie demande à la Commission européenne d’aider à récupérer les camions bloqués en Bélarus et de sanctionner les responsables bélarussiens
La Lituanie demande à la Commission européenne d’aider à récupérer les camions bloqués en Bélarus et de sanctionner les responsables bélarussiens

La Lituanie demande à la Commission européenne d’aider à récupérer les camions bloqués en Bélarus et de sanctionner les responsables bélarussiens

01.12.2025 12:45
2 min de lecture

Vilnius sollicite une action coordonnée de l’UE face aux pressions de Minsk

Le 30 novembre 2025, l’agence BNS a pris connaissance d’une lettre adressée par le ministre lituanien des Affaires étrangères, Kęstutis Budrys, et le ministre des Transports, Juras Taminskas, à la Commission européenne. Les deux responsables y demandent l’élaboration d’un « plan d’action cohérent de l’UE » afin d’aider les transporteurs européens dont les véhicules restent immobilisés en Bélarus. Ils appellent également à renforcer la sécurité à la frontière lituano-bélarussienne, où se multiplient les risques liés aux drones et aux ballons transportant de la contrebande. Dans la même lettre, Vilnius préconise d’exiger la « libération complète et inconditionnelle » des transporteurs européens et de leurs biens retenus sur le territoire bélarussien, tout en réclamant de nouvelles sanctions ciblant les fonctionnaires de Minsk impliqués dans le lancement de ballons de contrebande, une offre décrite dans le document consulté par BNS.

Une crise frontalière révélatrice d’une stratégie hybride

Les tensions entre Vilnius et Minsk se sont intensifiées à la fin du mois d’octobre, lorsque la Lituanie a fermé pendant un mois l’ensemble de sa frontière routière avec le Bélarus, en réponse aux incursions de ballons météorologiques transportant des cigarettes de contrebande. Plus de mille camions lituaniens se sont retrouvés bloqués côté bélarussien, tandis que l’association Linava évoquait près de 4 500 véhicules immobilisés. Le dirigeant bélarussien, Alexandre Loukachenko, avait même menacé de confisquer les poids lourds, exacerbant les inquiétudes des transporteurs. Malgré la réouverture anticipée de deux postes-frontières dans la nuit du 20 novembre, la majorité des camions demeure coincée, faute d’accord opérationnel entre les deux pays.

Vers une réponse européenne collective

En sollicitant l’implication directe de Bruxelles, Vilnius cherche à faire reconnaître que la crise dépasse largement un différend bilatéral. Pour les autorités lituaniennes, les actions de Minsk — appuyées par Moscou — s’inscrivent dans une stratégie hybride visant à tester la cohésion européenne. La demande d’un plan d’action commun souligne la nécessité d’une réponse structurée aux nouvelles formes de pression, qu’il s’agisse de drones, de ballons ou de blocages à la frontière. La Lituanie insiste sur la mise en place de protocoles uniformes pour protéger les transporteurs, récupérer les biens retenus et renforcer la résilience des infrastructures frontalières.

Les ballons comme outil de provocation et de déstabilisation

Le recours aux ballons météorologiques permet à Minsk d’exploiter une zone grise du droit aérien : ces objets échappent en grande partie aux mécanismes classiques de surveillance, permettant ainsi d’évaluer la réactivité des services lituaniens, de tester les capacités de défense aérienne et d’identifier d’éventuelles failles dans la surveillance du territoire. Cette méthode s’inscrit dans une dynamique plus large qui associe contrainte économique, perturbations aériennes et pressions psychologiques visant à créer un climat d’instabilité sur la frontière orientale de l’UE. Le Bélarus utilise ces incidents pour nourrir l’image d’une menace permanente, tandis que la Russie synchronise ces provocations avec d’autres leviers de tension en Europe afin de disperser l’attention et les ressources occidentales.

Un levier de chantage politique

Selon Vilnius, l’objectif de Minsk est de générer une crise artificielle pour obtenir des concessions politiques et économiques. En brandissant la menace de confiscation des camions, Loukachenko cherche simultanément à exercer une pression sur l’UE et à renforcer son image interne de dirigeant capable de défier le bloc européen. Pour Bruxelles, l’affaire confirme la nécessité d’une stratégie commune face aux régimes autoritaires utilisant les flux commerciaux, les incidents frontaliers et les outils hybrides comme moyens de chantage.

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