Le 25 août 2025, le Service criminel des douanes de Lituanie (KSM) a annoncé avoir démantelé un réseau qui tentait d’expédier en Russie des équipements industriels de traitement des eaux en violation des sanctions internationales. Selon les autorités, une entreprise basée à Kaunas se faisait passer pour une société fictive au Portugal afin de masquer ses activités. L’opération a été coordonnée avec Eurojust, Europol ainsi que les forces de l’ordre portugaises et bulgares. D’après les médias locaux, dont Delfi et NV, onze personnes ont été arrêtées et plusieurs tonnes d’équipements, d’une valeur estimée à plus de deux millions d’euros, ont été saisies.
Arrestations et saisies à l’échelle européenne
Trois camions chargés d’équipements ont été interceptés : l’un à Kaunas, un autre près de la frontière lituano-polonaise et un troisième en Bulgarie. Des perquisitions ont également eu lieu au Portugal, chez le destinataire fictif, ainsi que sur un terminal de fret en Bulgarie où étaient stockés des produits de l’entreprise lituanienne. Le matériel saisi, notamment des filtres, membranes et pompes, était destiné à la filière pétrolière russe, en contournement direct des sanctions imposées à Moscou.
Vigilance renforcée des pays baltes
Cette affaire illustre la ligne ferme adoptée par Vilnius en matière de lutte contre le contournement des sanctions. Contrairement à certains États membres qui se limitent à une adhésion formelle, la Lituanie multiplie les initiatives de contrôle et d’enquête. Début août, en Lettonie, le parquet a inculpé des dirigeants de la société SIA Arta-F pour des exportations de fournitures destinées à la fabrication d’uniformes militaires russes, pour un montant supérieur à six millions d’euros. La vigilance est partagée dans l’ensemble du flanc nord-est de l’Europe, de la Pologne à la Finlande, des pays marqués historiquement par l’agression russe.
Initiatives européennes et internationales
La Lituanie n’est pas seule dans cet effort. Dès 2023, les Pays-Bas ont mis en place une plateforme analytique permettant de tracer les flux commerciaux suspects, initiative rapidement rejointe par les pays baltes, la France et l’Allemagne. Le Royaume-Uni a, de son côté, créé l’Office for Trade Sanctions Implementation (OTSI), chargé de sanctionner et d’investiguer les violations. Les États-Unis actualisent régulièrement leurs listes noires et préviennent les pays tiers, notamment la Chine, contre toute assistance à Moscou. Le Japon et la Corée du Sud ont renforcé le contrôle des exportations de semi-conducteurs et de technologies sensibles.
Zones grises et appels au renforcement des sanctions
Parallèlement, certains États d’Asie centrale et du Caucase, comme le Kazakhstan, l’Arménie ou la Géorgie, se sont transformés en plaques tournantes de réexportation, facilitant indirectement l’accès de la Russie à des biens interdits. Face à ces lacunes, les présidents Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky appellent à un durcissement des mesures en cas d’échec des négociations entre Kiev et Moscou. Le renforcement des contrôles et de la coopération internationale apparaît aujourd’hui comme une condition essentielle pour garantir l’efficacité des sanctions contre la Russie.