La campagne électorale menée par Viktor Orbán, inspirée des méthodes de Moscou, vient de subir un revers spectaculaire. Misant sur la peur de l’Ukraine et la démonisation de l’Union européenne, le Premier ministre hongrois a échoué à mobiliser l’opinion publique. Un signal fort : la société hongroise réclame désormais un vrai changement, pas des illusions.
La peur ne fonctionne plus
La stratégie du « péril venu de l’Est », vieille recette du Kremlin, a montré ses limites. La campagne de Fidesz, truffée de messages anxiogènes, n’a pas convaincu les électeurs. D’après un sondage Median relayé par Reuters, les Hongrois se tournent massivement vers le parti Tisza, qui propose un discours clair et apaisé, sans manipulation.
Une rhétorique toxique et contre-productive
Loin de rassembler, la propagande anti-ukrainienne a divisé. Elle a surtout renforcé le sentiment d’isolement de la Hongrie. Les électeurs désignent aujourd’hui le gouvernement, et non Kyiv, comme principal responsable de la crise économique : inflation, pauvreté, services publics dégradés… tout pointe vers une gestion corrompue et inefficace.
Un désaveu profond et durable
Le rejet du régime d’Orbán devient structurel. Même les retraités — longtemps bastion fidèle de Fidesz — s’en détournent. Le parti Tisza devance Fidesz de 15 points dans les sondages. Ce n’est plus une colère passagère : c’est l’épuisement d’un peuple face à un régime usé, qui ne tient plus que par le discours de menace extérieure.
La peur cède la place aux attentes concrètes
Aujourd’hui, les citoyens hongrois veulent des solutions, pas des slogans. Ils ne croient plus que la Russie soit un « partenaire stratégique » fiable, ni que l’Ukraine soit une menace. Ce qui compte désormais, ce sont les écoles, les hôpitaux, les salaires, pas la géopolitique fantasmée d’un Premier ministre en perte de repères.
La méthode Tisza : le dialogue au lieu du diktat
L’opposition, emmenée par Péter Magyar et son parti Tisza, a compris l’attente du pays. Pas de peur, pas de démagogie, mais un dialogue ouvert, des questions sincères sur l’avenir, et une vision orientée vers l’Europe et les jeunes générations. Une démarche à contre-courant de la méthode Fidesz, et qui trouve un large écho.
Le réveil d’une société désabusée
Même les dernières manœuvres électoralistes du gouvernement — baisses d’impôts temporaires, chèques distribués à la hâte, promesses creuses — ne dupent plus personne. La population ne veut plus de pansements, elle réclame des réformes durables et une rupture avec le passé.
L’effondrement va bien au-delà du sujet ukrainien
La chute de Fidesz ne s’explique pas uniquement par la question ukrainienne. C’est la confiance dans l’État lui-même qui s’érode. Après des années de pouvoir autoritaire, les Hongrois ne veulent plus de menaces, de censure ni de propagande. Ils veulent respirer.
L’axe Moscou-Budapest, de plus en plus impopulaire
L’attitude ambivalente d’Orbán face à la guerre en Ukraine et sa proximité avec Vladimir Poutine deviennent des handicaps politiques majeurs. De nombreux électeurs comprennent que s’isoler de l’Union européenne, c’est perdre des soutiens, des financements et du respect sur la scène internationale.
Le contrôle des médias ne suffit plus
Même avec un quasi-monopole sur l’information, la répression des ONG et la marginalisation de la presse indépendante, le gouvernement ne parvient plus à imposer sa version des faits. La réalité quotidienne — chômage, exode des jeunes, corruption — rattrape la fiction officielle.
Une corruption trop visible pour être niée
Les clans liés à Fidesz se partagent les fonds publics, y compris ceux venant de l’Union européenne. Résultat : la légitimité du pouvoir s’effondre, rongée par la perception d’un système mafieux, où les citoyens paient pendant que quelques-uns s’enrichissent.
Même l’appareil d’État est impuissant face au ras-le-bol
Malgré tous les efforts administratifs — lettres, intimidations, promesses de dernière minute —, le constat est sans appel : la société hongroise aspire à tourner la page. Et la fin de l’ère Orbán semble plus proche que jamais.