Quatre Canadair, deux avions Dash, deux hélicoptères et deux avions Air Tractor sont mobilisés pour éteindre l’incendie qui a éclaté lundi près de Narbonne, ayant déjà ravagé 2.000 hectares. La préfecture de l’Aude a déployé des moyens importants en raison de l’ampleur de la situation, « L’avantage » de cet incendie étant qu’il est actuellement presque le seul en France, permettant ainsi un important soutien aérien. Avec le réchauffement climatique et la fréquence croissante des feux de forêt, les Canadair fabriqués par De Havilland ont été particulièrement sollicités ces dernières années, rapporte TopTribune.
Cependant, la flotte aérienne fait face à des problèmes majeurs. Ces avions, vieillissants, sont souvent cloués au sol pour maintenance. David Casolaro, ancien marin pompier à Marseille, souligne : « Le parc est vieillissant et les mécaniciens ont de plus en plus de mal à réparer. Ce qui pose problème, c’est que les feux de forêt ne sont plus concentrés que dans le Sud, et que les avions sont sollicités un peu partout ». Actuellement, la France ne dispose que de 12 Canadair CL415, tous basés à la base aérienne de Nîmes Garons et opérés par la Sécurité civile.
Avec des moyens limités, la France semble mal équipée pour lutter efficacement contre les incendies majeurs. Cette flotte permet d’intervenir simultanément sur « trois feux d’envergure », a déclaré le lieutenant-colonel Fabrice Chassagne. Malgré une meilleure disponibilité des Canadair par rapport à l’année précédente, cette aide est essentielle face aux mégafeux comme celui qui se propage actuellement dans l’Aude. Selon Casolaro, « Quand on lutte au sol, l’appui aérien est primordial. Quand les incendies prennent de l’ampleur, c’est essentiel d’avoir des largages. On ne peut pas y arriver sans les avions ».
Des besoins croissants et un parc vieillissant
Un rapport parlementaire a confirmé cette situation préoccupante, dénonçant les « retards pris » sur les commandes de nouveaux avions. La députée PS Sophie Pantel et le député LFI Damien Maudet ont exprimé leurs inquiétudes sur le fait que « La flotte n’est plus adaptée aux besoins, lesquels augmentent fortement sous l’effet du réchauffement climatique ». Le dernier Canadair CL-415 a été livré en 2007, et la moyenne d’âge de la flotte actuelle est de 30 ans. Les conséquences sont lourdes : pour certains jours d’été, aucun avion n’est disponible pour voler, en raison de leur usure, de la corrosion et d’une pénurie de pièces détachées.
Les députés demandent également à « clarifier rapidement la stratégie de renouvellement de la flotte des Canadairs quant au nombre d’appareils commandés et leur calendrier de livraison ». En 2022, lors d’une période marquée par des feux dévastateurs, Emmanuel Macron avait promis le renouvellement des Canadairs et l’acquisition de quatre avions supplémentaires d’ici 2027. Cependant, cette promesse semble compromise en raison d’un retard de production chez De Havilland, qui a cessé ses lignes de production pendant une décennie. La relance de cette activité nécessite un temps considérable, ce qui signifie que la France pourrait devoir attendre plusieurs années pour recevoir de nouveaux avions.
Contexte des négociations avec le constructeur
Les discussions avec le constructeur canadien, engagées depuis 2018, ont été longues et compliquées. De Havilland, profitant de sa position monopolistique, a eu des négociations difficiles, retardant l’acquisition des nouveaux Canadairs pour la France. Le contrat a récemment été signé, avec une livraison espérée pour 2028. Cependant, des doutes persistent quant à la capacité de l’entreprise à respecter ces échéances, alors que la demande pour ses avions a explosé.
Enfin, au-delà des défis techniques, la question financière se pose également. Chaque Canadair coûtant plus de 60.000 euros, dans un contexte où le gouvernement cherche à réduire les dépenses, les finances liées à ce programme deviennent problématiques. Les États se montrent de plus en plus préoccupés par la capacité de l’ancien matériel à répondre aux exigences actuelles, entraînant une décision d’attendre avant de renouveler l’ensemble des CL 415 par les nouveaux DHC-515.
Alternatives aériennes et moyens supplémentaires
En plus des Canadair, la France dispose de huit avions Dash, plus rapides et pouvant embarquer jusqu’à 10.000 litres d’eau, bien qu’ils soient moins maniables. Ces avions sont souvent chargés avec un retardant rouge, mais exigent un atterrissage pour la recharge, ce qui limite leur efficacité. Des hélicoptères H145 ont également été investis, mais leur capacité de largage reste faible, à 820 litres.
Par ailleurs, la Sécurité civile loue plusieurs avions et hélicoptères chaque saison, notamment des avions Air Tractor utilisés à des fins agricoles mais qui peuvent être mobilisés en période de feux. Cependant, ces locations entraînent des coûts significatifs, avec plus de 106 millions d’euros dépensés depuis 2020 dans ce cadre.
