Les Français se retrouvent dans une situation d’étouffement, que ce soit dans des rues où le bitume renvoie la chaleur ou dans des écoles transformées en véritables fournaises. La canicule persiste dans l’Hexagone, atteignant des sommets de 41 °C dans certains départements classés en vigilance rouge. Ce phénomène climatique laisse certains privilégiés à l’abri grâce à la climatisation, tandis que d’autres, hélas, doivent endurer des nuits de chaleur accablante, rapporte TopTribune.
Ce luxe qu’est la climatisation est encore rare en France, où seulement un quart des logements en disposent, contre 90 % aux États-Unis. En réponse à cette canicule, la cheffe du Rassemblement national, Marine Le Pen, a proposé un « grand plan pour la climatisation ». Cependant, Adèle Tanguy, chercheuse à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales, souligne la nécessité d’évaluer les effets négatifs liés à une utilisation accrue de ces équipements.
Des îlots de chaleur et du nucléaire
Il convient de noter que la climatisation exacerbe la formation d’îlots de chaleur dans nos villes. D’après les informations diffusées par l’AFP, les températures urbaines peuvent grimper de 0,5 °C à 3 °C dans les zones densément climatisées. En effet, les appareils de climatisation rejettent l’air chaud à l’extérieur, rendant surprenants les passages devant des commerces équipés. Au niveau mondial, ces systèmes génèrent pratiquement un milliard de tonnes de CO2 chaque année, d’après l’Agence internationale de l’énergie.
La consommation électrique de ces appareils est également à prendre en compte. Pour autant, la France bénéficie d’une production d’électricité relativement peu polluante, grâce à son parc nucléaire. Cela rend les climatiseurs français « moins néfastes » par rapport à leurs homologues internationaux. Néanmoins, Adèle Tanguy met en garde sur le fait que les normes de fonctionnement des centrales nucléaires sont strictes en périodes de chaleur, ce qui peut entraîner une réduction de la production d’électricité. Cela a conduit EDF à arrêter le réacteur 1 de la centrale de Golfech en raison de la canicule.
Une clim’ ni « bonne » ni « mauvaise » dans l’absolu ?
Le monde compte déjà deux milliards de climatiseurs, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Engie Home Services a rapporté avoir reçu presque trois fois plus de demandes de devis pour des installations de climatisation ce mois de juin par rapport à l’année précédente. Ce besoin croissant soulève un débat sur l’efficacité de la climatisation. Adèle Tanguy précise que l’enjeu n’est pas de déterminer si la climatisation est bonne ou mauvaise de façon absolue, mais plutôt de limiter son usage tout en l’acceptant comme nécessaire dans certaines situations, notamment dans des établissements de santé dans un climat de +4 °C.
Bien que les climatiseurs modernes soient beaucoup plus performants que les anciennes versions du 20e siècle, il est crucial de les accompagner d’initiatives supplémentaires. Par exemple, Éric Ciotti a souligné que de nombreuses écoles sont des bâtiments mal isolés, rendant leurs efforts de climatisation moins efficaces. De grandes réformes structurelles semblent donc indispensables.
« Lieux refuges » et autres solutions alternatives
Adèle Tanguy appelle à repenser l’adaptation des bâtiments aux risques liés aux vagues de chaleur afin d’éviter une gestion de crise. Elle suggère de soutenir la rénovation des constructions en intégrant des solutions alternatives, telles que la végétalisation des espaces urbains. Actuellement, seulement 7 % des bâtiments scolaires sont climatisés, tandis que 64 % des bureaux le sont. Ces derniers pourraient être transformés en « lieux refuges » pour les personnes vulnérables ou sans-abri lors de pics de chaleur.
À l’étranger, des initiatives prennent forme : en Italie, les personnes âgées de plus de 70 ans peuvent accéder gratuitement aux piscines, tandis que celles de plus de 75 ans visitent des musées climatisés sans frais. Au Pays-Bas et en Allemagne, les horaires scolaires sont flexibles en période de forte chaleur. En parallèle, des travaux de recherche se penchent sur des alternatives moins polluantes, comme des climatiseurs sans gaz. Il est clair que face à l’urgence climatique, la climatisation ne peut constituer qu’une partie de la solution.