La France face à la controverse du déterrage des blaireaux : tradition ou barbarie ?

La France face à la controverse du déterrage des blaireaux : tradition ou barbarie ?

11.10.2025 07:43
3 min de lecture

La pratique de la vénerie sous terre, bien que peu connue, demeure ancrée dans la tradition française. Cette technique de chasse consiste à traquer des animaux sauvages qui se réfugient dans des galeries et des terriers, avec un accent particulier sur les blaireaux. De plus en plus contestée, la vénerie suscite des tensions entre les chasseurs, qui la voient comme essentielle à la régulation des populations, et les défenseurs des animaux, qui la qualifient de « barbare » et réclament son interdiction, rapporte TopTribune.

Longtemps négligés, les blaireaux, ces animaux aux museaux noir et blanc, attirent l’attention des associations de protection animale qui militent pour la fin de cette pratique. D’un côté, les chasseurs évoquent une méthode « traditionnelle », indispensable pour préserver les cultures et gérer les populations animales, tandis que de l’autre, les opposants dénoncent une cruauté inutile et non sélective. Ces divergences illustrent une société divisée sur le sujet de la chasse au blaireau.

En quoi consiste le déterrage ?

La vénerie sous terre repose sur une méthode ancestrale où des chiens sont utilisés pour repérer les blaireaux et les isoler au bout de leurs galeries. Ensuite, les chasseurs, armés de pelles et de pioches, creusent pendant de longues heures pour atteindre leur proie. Jean Masson, président de l’Association française des équipages de vénerie sous terre, souligne que même si certains animaux peuvent être tués, des pratiques comme le « no kill » sont aussi présentes. En France, environ 1 150 équipages et 10 000 chasseurs participent à cette activité.

Les partisans de cette méthode défendent son aspect écologique, affirmant qu’elle n’utilise pas de produits chimiques et que la modalité de tir n’est pas toujours nécessaire, car la chasse nocturne par arme à feu est souvent inefficace. Masson insiste sur la réglementation qui encadre la vénerie, où les chasseurs ont l’obligation de remettre le site en état dans les 24 heures et de stopper les opérations en présence d’espèces protégées.

Cependant, ces justifications ne convainquent pas les opposants. Richard Holding, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), qualifie le déterrage de méthode « cruelle » et demande son interdiction pure et simple. Des associations comme One Voice, la Ligue de protection des oiseaux et France Nature Environnement partagent également cette position et plaident pour cessation des pratiques de déterrage.

Pourquoi les blaireaux sont-ils visés ?

La chasse au blaireau est principalement un loisir. Richard Holding souligne qu’il n’existe pas de nécessité à réguler l’espèce, sachant qu’elle ne prolifère pas. Les chasseurs conviennent d’un caractère récréatif à la chasse mais insistent sur le besoin de réguler les populations qui, selon eux, causent des dégâts dans les cultures. Masson rappelle que les agriculteurs, gênés par la présence des blaireaux proches de leurs terres et infrastructures, soutiennent souvent cette régulation.

En outre, il est noté que le blaireau ne souffre pas d’une absence de prédateurs naturels, n’ayant comme menace principale que l’homme, ce qui le conduit à s’aventurer parfois dans des champs de maïs où il peut causer des dégâts, bien que ceux-ci soient souvent moins significatifs que ceux occasionnés par d’autres espèces, comme le sanglier.

Le blaireau est-il considéré comme espèce en danger ?

La situation démographique du blaireau suscite des débats. L’Union internationale pour la conservation de la nature le classe sous la catégorie de « préoccupation mineure » en Europe. Les estimations varient: l’Association française des équipages de vénerie sous terre avance un chiffre d’un million de blaireaux en France, tandis que d’autres, comme la LPO, évaluent leur nombre à environ 150 000. Malgré une croissance légère de la population ces dernières années, Holding avoue que la perception publique reste souvent négative, associant le blaireau à une image de nuisance plutôt qu’à celle d’un animal sauvage méritant protection.

Que font les autres pays européens ?

Dix pays d’Europe ont déjà interdit la chasse aux blaireaux, souvent motivée par des réserves sur la population de l’espèce sur leur territoire. Des pays comme le Royaume-Uni et l’Irlande, où la population de blaireaux est stable, continuent de mener des actions de régulation principalement pour éviter la propagation de la tuberculose bovine, illustrant là encore un contraste entre régulation et protection.

Que contestent les associations devant les tribunaux ?

En France, la législation autorise le déterrage entre le 15 septembre et le 15 janvier. Néanmoins, une demande régulière pour une « période complémentaire » s’illustre, les chasseurs souhaitant poursuivre l’activité de mai à septembre. Les défenseurs des animaux, eux, voient leurs plaidoyers devant les tribunaux gagner en force, créant une jurisprudence favorable à leurs demandes d’interdiction des extensions de période de chasse.

Richard Holding exprime ses inquiétudes quant à la gestion des blaireaux par les autorités, suggérant que les décisions des préfets manquent de fondements solides. À l’inverse, Masson souligne les dangers de la régulation illégale, par des méthodes comme le piégeage ou l’empoisonnement, qui soulignent la complexité du débat et la nécessité d’un dialogue constructif afin de trouver un terrain d’entente entre conservation et tradition de chasse.

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