La France confrontée à la guerre invisible des cybermenaces.

La France confrontée à la guerre invisible des cybermenaces.

17.09.2025 17:03
3 min de lecture

La guerre économique : une bataille invisible

La guerre économique se déroule non seulement sur les marchés, mais également dans l’ombre, à travers des stratégies complexes, des coups d’éclat et des résistances discrètes. Dans L’école des nouveaux espions, premier tome de la trilogie Les sentiers de la guerre économique, Nicolas Moinet, éminent professeur et praticien-chercheur en intelligence économique, met en lumière son expérience et tire la sonnette d’alarme : la France est à la traîne sur le plan culturel face à cette guerre inconsciente. À travers des récits personnels, une analyse critique et des suggestions d’actions, il appelle à l’instauration d’une nouvelle culture du renseignement, mêlant ruse, coopération et esprit collectif, rapporte TopTribune.

Une école des nouveaux espions

Nicolas Moinet précise que le titre de son livre, « L’école des nouveaux espions », fait partie d’une trilogie et représente un récit personnel enrichi d’une expérience collective dans un contexte de guerre économique. Ce terme, qui a été largement médiatisé dans les années 90 et 2000 au moment où l’intelligence économique émergeait, sert à lancer un défi à ceux qui n’ont pas su, ou voulu, appréhender l’importance d’une culture du renseignement qui dépasse le cadre de l’espionnage. Ici, le mot « espions », bien que provocateur, vise à promouvoir une nouvelle culture du renseignement à la française, s’appuyant sur l’audace, la ruse et la prise de risques tout en favorisant la collaboration et la réflexion critique. Il faut également reconnaître que dans cette guerre économique, les services secrets jouent un rôle non négligeable. Contrairement à la notion péjorative associée au terme « barbouze », l’« espion » peut être perçu, dans certaines cultures, comme un acteur indispensable, un constat déjà évoqué dans un ouvrage des années 80 intitulé « Il nous faut des espions ».

Les vulnérabilités des entreprises françaises

Les sociétés françaises se trouvent confrontées à plusieurs vulnérabilités significatives. Tout d’abord, il existe un retard culturel en matière de sécurité économique, entretenu par une vision souvent naïve de la concurrence, même en cas d’attaques. Ensuite, il convient de noter un manque de coordination et des cloisonnements au sein de l’appareil français, qui éclipse l’efficacité des dispositifs étrangers. Cela entraîne une incapacité chronique à passer d’une logique d’adaptation à celle d’anticipation, due à un défaut de formation des dirigeants en stratégie et en gestion des crises. Cette arrogance française, intimement liée au gallocentrisme et à une certaine autosatisfaction, complique la reconnaissance de la diversité et la compréhension de l’autre. Enfin, les entreprises doivent faire face à des attaques sophistiquées orchestrées par des concurrents ou des États étrangers, qui souvent disposent de moyens plus avancés que ceux garantis par les protections nationales, illustré par le cas de Gemplus, que j’ai vécu et qui est discuté dans cet ouvrage.

Un retard culturel en renseignement économique

Ce retard culturel en renseignement économique en France s’explique par divers facteurs. Historiquement, la notion d’« intelligence » a souvent été perçue de manière négative, faisant référence à des services secrets tels que ceux du Royaume-Uni ou des États-Unis, jusqu’à ce que l’exemple japonais contribue à changer cette perception. Les élites françaises ont longtemps sous-estimé le rôle des agents de renseignement, adoptant une approche réactive plutôt qu’anticipative face aux menaces. Une vision individualiste de l’information prédomine, où le partage de l’information est un idéal difficilement réalisable, surtout en comparaison avec les pratiques collecitves plus ancrées dans d’autres pays comme le Japon ou l’Allemagne. L’arrogance épistémique ainsi que l’absence d’institutions qui encouragent la pensée critique limitent significativement la remise en question et l’apprentissage. Pour pallier ces lacunes, il est crucial de promouvoir une culture du renseignement à tous les niveaux, dès l’éducation, en la considérant comme une question non seulement technique, mais aussi managériale et comportementale.

Une intelligence économique fondée sur la coopération

La proposition d’une « autre intelligence économique », axée sur la coopération et la fraternité, ne devrait pas être considérée comme une utopie, mais plutôt comme une dimension essentielle de la guerre économique. L’être humain a la capacité d’effectuer aussi bien de mauvaises actions que des gestes altruistes, et cette intelligence collaborative est indispensable. Sur le plan mondial, une logique de coopération devrait prédominer plus souvent pour éviter l’effondrement des systèmes économiques interdépendants. Actuellement, la France a un message fort à transmettre à cet égard. À l’échelle locale, cette idée est déjà plus concrète. Par exemple, des réseaux de PME comme Thésée travaillent ensemble, échangent des informations et renforcent leur compétitivité face aux grands groupes. La véritable mission est d’encourager la capacité de collaborer, même entre personnes provenant d’horizons différents, pour servir des objectifs communs, au-delà de la compétition. C’est une stratégie envisageable pour transcender l’ère des prédateurs dans laquelle nous évoluons, sans se voiler la face sur les rapports de force, mais en y opposant une force collective fondée sur le partage de la connaissance et la solidarité. Les puissants s’imposent face aux faibles, mais sont plus vulnérables face aux forts.

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