Depuis quelques années, Spotify, leader du streaming musical, lutte activement contre les tentatives d’accès illégal à ses services payants. Ce combat met en lumière l’évolution des méthodes de piratage et questionne la pérennité du modèle économique des plateformes de streaming, rapporte TopTribune.
La lutte contre les applications falsifiées
Avec environ 700 millions d’utilisateurs actifs, Spotify est confronté à un problème persistants : les versions modifiées de son application Android, offrant un accès gratuit à des fonctionnalités Premium telles que l’écoute sans publicité et la sélection de morceaux à la demande. Ces options, disponibles pour environ 12 euros par mois, reflètent la tendance à la hausse des tarifs de Spotify. Récemment, la plateforme a intensifié ses efforts pour restreindre l’accès aux fichiers APK piratés, s’inscrivant dans une chasse au piratage plus large.
La dernière controverse concerne un outil iOS nommé EeveeSpotify. Ce programme permettait d’écouter de la musique sans publicité et d’accéder aux paroles sans payer l’abonnement Premium. En invoquant des violations des droits d’auteur selon la loi DMCA, Spotify a réussi à faire retirer EeveeSpotify de GitHub, ainsi que des centaines de versions associées.
Les développeurs et leurs astuces
Malgré cette action, le développeur derrière EeveeSpotify a rapidement lancé EeveeSpotify Reborn, qui conserve les mêmes fonctionnalités, mais sans les fichiers IPA de Spotify. Cela oblige les utilisateurs à appliquer eux-mêmes le patch, réduisant ainsi la responsabilité légale du développeur tout en continuant d’attirer ceux qui cherchent à éviter le paiement de Spotify Premium.
Cependant, malgré ces modifications, EeveeSpotify Reborn reste dans une zone grise juridique. Spotify peut toujours s’appuyer sur les règles anti-contournement du DMCA pour s’en prendre à ce type de piraterie.
Une évolution du piratage
L’affaire EeveeSpotify illustre bien l’évolution du piratage au fil des années. Autrefois, le piratage se concentrait sur le téléchargement illégal de MP3, tandis qu’aujourd’hui, il s’agit surtout de détourner des applications officielles comme Spotify. Des groupes tels que ReVanced et xManager participent également à cette tendance.
ReVanced s’est fait connaître en développant des patchs visant à modifier plusieurs applications populaires, y compris YouTube, YouTube Music, X, Twitch, Reddit, et bien sûr, Spotify. Leurs techniques consistent à analyser le code compilé et les messages réseau pour envoyer de faux signalements aux serveurs afin de simuler un abonnement Premium (même si certaines fonctionnalités en ligne demeurent inaccessibles).
De son côté, xManager fournit des fichiers APK modifiés prêts à l’emploi tout en alertant les utilisateurs des risques juridiques potentiels, une approche similaire aux solutions gratuites pour contourner les publicités sur YouTube.
Les réactions de Spotify
Consciente des impacts financiers que le piratage engendre, Spotify interdit expressément l’utilisation de fichiers modifiés dans ses conditions d’utilisation. Depuis mars 2025, la plateforme intensifie le blocage de ces fichiers altérés pour rendre toute application contrefaite complètement inopérante.
L’objectif de Spotify est clair : inciter un maximum d’utilisateurs à s’abonner à Premium tout en fidélisant ceux-ci grâce à une interface appréciée. Comme le précise oSumAtrIX de ReVanced : « il n’est pas particulièrement difficile de débloquer Spotify, mais faire face aux correctifs déployés par Spotify est bien plus compliqué ». Pour sa part, xManager avertit que « Spotify pourrait envisager des mesures contre les comptes cherchant à contourner cette règle ».
