La disparition des champignons : une menace qui alarme les experts de l'UICN

La disparition des champignons : une menace qui alarme les experts de l’UICN

11.10.2025 08:43
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Alors que l’automne apporte son lot de pluie et de froid, les cueilleurs de champignons se préparent à l’une de leurs saisons favorites. Armés de bottes en caoutchouc et de paniers en osier, ils cherchent des girolles, cèpes et chanterelles dans les sous-bois. Cependant, la pérennité de cette activité est remise en question par des données alarmantes sur la situation des champignons, rapporte TopTribune.

Le dernier recensement réalisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) met en évidence des chiffres préoccupants : parmi les 1.300 espèces de champignons recensées dans le monde, 411, soit près d’un tiers, sont considérées comme menacées d’extinction. Ces données soulignent non seulement la vulnérabilité des champignons, mais aussi le fait qu’elles ne représentent qu’une très petite fraction des 155.000 espèces déjà connues, avec des estimations allant jusqu’à 6 millions d’espèces potentielles selon les chercheurs.

Des chiffres incertains

« Il y a moins d’experts et de financements dans ce domaine », indique Coline Deveautour, enseignante-chercheuse en écologie et microbiologie des sols à UniLaSalle. La collecte de données pour le recensement est encore récente et s’est concentrée principalement sur les espèces suspectées d’être en déclin. « Cela vise à établir un diagnostic sur les causes puis à proposer des préconisations pour la protection des espèces », précise-t-elle. Les champignons sont, en effet, difficiles à étudier en raison de la complexité de leur écologie, certains créant des réseaux souterrains qui peuvent s’étendre sur plusieurs hectares.

En France, la situation est tout aussi préoccupante. Un inventaire réalisé en 2024 par le comité français de l’UICN sur trois groupes de champignons a révélé que 28 espèces des 319 recensées sont menacées ou quasi menacées. Parmi celles-ci, certaines, comme le bolet de plomb, n’ont pas été observées depuis plus de trente ans, tandis que le lactaire des saules réticulés n’a pas été revu depuis 1975 dans le Parc national de la Vanoise.

Un groupe d’êtres vivants très diversifié

Les « coins à champignons » ne sont donc peut-être pas aussi riches que l’on pourrait le croire. Environ 25 % des champignons évalués en France sont classés sous l’étiquette « données insuffisantes » par l’Office français de la biodiversité, ce qui signifie qu’il y a un sérieux manque d’informations. « Les chercheurs peuvent soupçonner qu’ils sont en déclin, mais nous n’avons pas suffisamment de données pour l’affirmer », explique Deveautour.

Les champignons sont un groupe d’organismes extrêmement diversifiés et ne se définissent pas par un critère unique. Ils se distinguent des plantes et des animaux, n’étant ni chlorophylliens ni mobiles. En effet, beaucoup de champignons, comme les levures et les moisissures, sont non visibles à l’œil nu.

Les champignons, acteurs majeurs de la décomposition

Les menaces pesant sur ces organismes sont communes, mais l’urbanisation et la destruction des habitats naturels restent les plus préoccupantes. « Transformer une forêt en prairie ou en monoculture est extrêmement destructeur », souligne Deveautour. De plus, la fertilisation excessive des sols agricoles est nuisible, car elle fait disparaître les espèces mycorhiziennes qui prospèrent dans des environnements pauvres.

La perte de biodiversité engendrée par ces facteurs est alarmante, car les champignons jouent un rôle crucial dans les écosystèmes, notamment dans le recyclage de la matière organique. « La matière produite par les êtres vivants est limitée, et une fois mortes, il est essentiel de recycler cette matière pour que les nutriments soient à nouveau disponibles pour l’écosystème », assure la microbiologiste.

Un intérêt croissant

Le déclin des champignons mycorhiziens pourrait également affecter la santé des plantes avec lesquelles ils interagissent, augmentant leur vulnérabilité à divers stress. « Ces champignons fournissent des nutriments aux plantes, contribuant ainsi à leur santé globale », ajoute-t-elle. Par ailleurs, les réseaux de mycélium, l’appareil végétatif des champignons, jouent un rôle essentiel dans la structure du sol. « Le sol, c’est tout ce qui soutient la vie », résume-t-elle.

Malgré ces défis, l’intérêt pour les champignons semble croître. De nombreux citoyens s’impliquent dans leur connaissance et leur préservation, tandis que la recherche scientifique commence à se structurer autour de ces enjeux. Selon Grethel Aguilar, directrice générale de l’UICN, « l’heure est maintenant venue de transformer ces connaissances en action », signalant ainsi l’importance de ce sujet pour l’avenir de notre biodiversité.

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