L’invisibilité de la dépression souriante : un phénomène préoccupant
Le terme de « dépression souriante » décrit une situation où un individu semble joyeux en surface tout en étant en proie à des symptômes dépressifs. Bien que ce phénomène soit reconnu par certains professionnels de la santé, il n’est pas classé comme un trouble psychique formel dans les manuels de diagnostic tels que le DSM-5 ou la CIM-11. Environ une personne sur quatre à une sur cinq éprouvera un épisode dépressif au cours de sa vie, certains cachant leur douleur derrière une apparence avenante, rapporte TopTribune.
Il est essentiel de noter qu’une personne souffrant de dépression peut ne pas afficher les signes typiques tels que la fatigue ou une expression faciale triste. À l’inverse, elle peut maintenir un masque souriant, dissimulant ainsi une souffrance intérieure qui peut être profonde. Ce type de dépression, souvent qualifié d’« atypique », se caractérise par un masquage des émotions et une façade de normalité.
La dissimulation des symptômes peut être inconsciente, mais elle résulte également de pressions sociales. Par exemple, les stéréotypes de masculinité peuvent inciter certains hommes à réprimer leurs émotions et à conserver une apparence normale, même en cas de dépression. D’autres préfèrent ne pas se reconnaître comme dépressifs, croyant à tort que leur souffrance ne devrait pas exister tant qu’aucun événement traumatique ne se présente dans leur vie.
De plus, beaucoup cherchent à éviter le jugement d’autrui et la stigmatisation liée à la faiblesse, ce qui peut les pousser à masquer leurs émotions derrière un sourire. En consultation, il est fréquent que ce masque commence à se fissurer, révélant la souffrance cachée derrière une apparence radieuse.
Il est crucial de comprendre que la dépression ne se manifeste pas uniquement par des sentiments de tristesse. La perte de plaisir — l’anhédonie — et la lenteur psychomotrice sont des éléments clés de cette maladie. Les personnes affectées peuvent éprouver une sensation de vide et voir leur perception de la vie se décolorer, accompagnée de symptômes tels qu’un manque d’intérêt, l’anxiété et des troubles du sommeil.
Détecter une dépression cachée peut s’avérer compliqué. Les signaux peuvent apparaître subtilement, tels qu’une perte de poids, des troubles du sommeil ou un isolement social, alors que tout semble normal en surface. Ces symptômes peuvent être rationalisés ou minimisés, renforçant la perception erronée que l’admission d’une dépression est synonyme de faiblesse.
Les individus qui semblent afficher une grande force, et qui continuent à avancer malgré leur souffrance, peuvent paradoxalement éprouver une vulnérabilité accrue. Leur capacité à masquer leur douleur pourrait conduire à un épuisement brutal, entraînant des risques tels que le suicide, un problème majeur associé à la dépression.
Dans ce contexte, le rôle du psychiatre et de l’entourage est primordial. Il est essentiel d’ouvrir le dialogue sans être trop direct, en partageant des observations telles que : « J’ai l’impression que tu ne vas pas bien », permettant ainsi à la personne de s’exprimer sur sa souffrance. Par ailleurs, il faut comprendre qu’une dépression ne requiert pas forcément de traitement antidépresseur ; la psychothérapie peut également être une méthode efficace, surtout pour les dépressions légères à modérées.