La démission de François Bayrou plonge la France dans une crise politique
Le bref et peu remarquable mandat du Premier ministre français s’est terminé brutalement. François Bayrou, âgé de 74 ans, a annoncé sa démission mardi après avoir miser sa survie politique sur un vote de confiance la veille, qu’il a perdu avec une large marge, rapporte TopTribune.
La France est désormais victime d’une crise politique spiralaire. L’Assemblée nationale ne dispose pas d’une majorité claire, et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen semble de plus en plus proche du pouvoir. Bayrou doit partager une partie du blâme, car ses tentatives d’obtenir un soutien pour un plan d’économies drastiques de 44 milliards d’euros étaient vouées à l’échec. Cependant, il est indéniable que le véritable architecte de l’impasse politique française est le président Emmanuel Macron.
Macron pourrait continuer à influencer la politique étrangère française, bénéficiant de normes qui offrent aux présidents une large marge de manœuvre sur la scène internationale. Néanmoins, sur le plan intérieur, Macron ressemble de plus en plus à un président en fin de mandat. Alors que son second et dernier mandat doit expirer en 2027, son héritage décevant commence à se dessiner : alors qu’il est arrivé au pouvoir en promettant de revitaliser la démocratie française et de juguler la montée de la droite radicale, il échoue misérablement sur ces deux fronts, soulignant une malaise démocratique profonde.
Le blocage actuel est une conséquence directe des actions de Macron. Son appel à des élections anticipées en juin dernier a abouti à la perte de la majorité parlementaire de son parti Renaissance et à une Assemblée nationale fortement divisée. Pourtant, un plus grand malaise démocratique découle de son refus d’écouter le message délivré par les urnes. Une majorité écrasante des électeurs français a soutenu des candidats de gauche et centristes pour empêcher le RN d’obtenir une majorité. Cependant, Macron, depuis plus d’un an, refuse de nommer un Premier ministre de ces rangs, préférant désigner des conservateurs proches de ses propres vues et transformant le RN en faiseur de rois.
“Il porte une immense responsabilité car cette dissolution a plongé le pays dans une crise qui n’aurait jamais dû se produire”, a déclaré Christopher Weissberg, ancien membre du Parlement et porte-parole de Renaissance à l’Assemblée nationale. Pourtant, la résistance de Macron à partager le pouvoir remonte bien plus loin que le dernier tour de l’élection anticipée — c’est un thème récurrent de sa présidence.
Alors que le jeune Macron prônait la nécessité d’une révolution démocratique lors de la campagne de 2017, il a rapidement adopté un style hautement centralisé. Les syndicats ont découvert que Macron avait peu d’intérêt à négocier les réformes qu’il avait déjà jugées nécessaires. Les journalistes ont constaté que le président n’aimait pas les conférences de presse et préférait des discours chorégraphiés depuis le palais de l’Élysée. Même les politiciens de son propre parti se sont frustrés face à son unwillingness à céder le pouvoir de décision.
La réaction du public contre Macron a été clairement visible lors du mouvement des Gilets Jaunes en 2018—des manifestations contre une augmentation prévue de la taxe sur les carburants qui ont mis en lumière des préoccupations plus larges de la classe ouvrière concernant le coût de la vie et le déclin des services publics. Cette crise aurait pu servir de réveil – un signe que Macron devrait adopter une approche plus collaborative – mais il a choisi un autre chemin. Il a décidé de faire de sa réforme phare une augmentation massivement impopulaire de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, promulguant la législation à travers une crise de confiance à l’Assemblée nationale.
Le budget d’austérité le plus récent – qui comprend un gel des prestations sociales, des coupes dans les dépenses de santé, et plus encore – aurait également des répercussions disproportionnées sur les travailleurs. Mais ce qui a particulièrement irrité une grande partie du public français, c’est l’absence manifeste de mandat démocratique derrière ces coupes proposées. L’été dernier, les électeurs français ont fait de la coalition de Macron une minorité à l’Assemblée nationale – et pourtant, le président et ses alliés ont tenté de passer en force une fois de plus. Il n’est donc pas surprenant que les cotes de popularité de Macron soient désormais à un niveau record de 15%.
Macron ne peut pas être le seul responsable de la montée de la droite radicale, qui est en marche à travers l’Occident. Toutefois, la barre devrait être haute pour un candidat qui a promis d’“éradiquer la colère” qui alimente le soutien au RN. Non seulement sa présidence a exacerbé les problèmes de coût de la vie et l’aliénation politique sur lesquels Le Pen et ses alliés prospèrent, mais ses diverses tentatives d’apaiser les préoccupations sur leur cause principale — l’opposition à l’immigration — ont échoué de manière spectaculaire.
Depuis son entrée en fonction, Macron et ses gouvernements ont imposé diverses mesures anti-immigration. Cela inclut une législation de 2023 qui a restreint la citoyenneté de droit du sol. Cette loi a vu le jour alors que le RN la célébrait avant que le Conseil constitutionnel ne rejette de larges pans de la législation. Macron a également emprunté à l’arsenal rhétorique de la droite radicale, intégrant des termes naguère marginaux tels que “immigrationiste” et “décivilisation” dans le discours mainstream. Ce type de stratégie pourrait viser à attirer des conservateurs endurcis, mais il a seulement normalisé la xénophobie de la droite radicale.
Le bureau de Macron a indiqué qu’il nommerait un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”. Cependant, l’échelle des conséquences politiques et du blocage est telle que certains débattent ouvertement de la démission précoce de Macron. Que Macron parte plus tôt ou plus tard, il est évident que le RN n’a jamais été aussi proche de gouverner la France, et l’hostilité envers la classe politique du pays est alarmante. Il y a peu de choses qui unissent les politiciens français de nos jours, mais une majorité semble de plus en plus d’accord pour dire que la solution à ces deux problèmes – la montée de la droite radicale et le malaise démocratique du pays – ne viendra pas du locataire actuel du palais de l’Élysée.