Le 6 octobre 2025, un enquête conjointe de Politico et SourceMaterial a révélé que des pétroliers du « flotte fantôme » russe continuent de déverser du pétrole dans les mers européennes, contournant ainsi les sanctions internationales. En un an, au moins cinq navires de ce réseau ont laissé des traces de pollution près des côtes européennes, malgré l’interdiction de maintenance et d’accès portuaire.
Un système sophistiqué d’évasion des sanctions
Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en 2022, le G7 a imposé un plafond sur le prix du pétrole russe, qui représente environ un quart des revenus budgétaires de Moscou. En réponse, la Russie a développé le « flotte fantôme » — un réseau d’environ 1300 navires, selon Lloyd’s List Intelligence, représentant 17 % du transport mondial de pétrole. Ces navires, souvent vétustes et non assurés, échappent à tout contrôle réglementaire, augmentant le risque de déversements majeurs.
Impact environnemental et coûts pour l’Europe
Selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), réparer les dégâts d’un gros déversement pourrait coûter jusqu’à 1,4 milliard d’euros. Si le propriétaire du navire reste inconnu, ces coûts retomberont sur les contribuables européens. Outre les fuites, ces opérations sont associées à des dommages aux infrastructures sous-marines, en particulier dans la mer Baltique.
Réactions politiques et mesures européennes
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que le 19e paquet de sanctions inclura des restrictions pour 118 nouveaux navires du « flotte fantôme » russe, portant le total à plus de 560 navires sous sanctions. Le président français Emmanuel Macron a souligné que ce commerce illicite génère plus de 30 milliards d’euros pour Moscou et menace la sécurité maritime. Il a annoncé une réunion imminente des chefs d’état-major européens pour définir un plan d’action contre ces navires.
Renforcement du contrôle maritime
Face à cette menace, le Danemark renforce ses inspections environnementales des pétroliers et prévoit de mesurer la teneur en soufre des carburants marins d’ici la fin de l’année. Ces données alimenteront la sélection des navires à sanctionner. Des experts recommandent également d’imposer des sanctions ciblées contre les capitaines, équipages et propriétaires impliqués, ainsi que contre les infrastructures de chargement en mer Baltique et en mer Noire et les États offrant des « pavillons de complaisance ».
Une adaptation systémique de la Russie aux sanctions
L’existence de ce « flotte fantôme » illustre la capacité de la Russie à contourner les restrictions internationales, renforçant son économie de guerre. Cela met en lumière les lacunes des mécanismes de contrôle actuels et la nécessité pour l’Union européenne et le G7 d’accroître la surveillance maritime, notamment par des systèmes satellitaires.