Malgré une dette publique excessive, l’action pour la transition écologique est jugée « vitale » et « urgente » selon la Cour des comptes, qui préconise des mesures immédiates pour combler les retards et résultats jugés « insuffisants » en France. Lors d’une conférence de presse à Paris, le premier président de la Cour, Pierre Moscovici, a souligné que « le statu quo n’est pas une option » et que « répondre à l’urgence écologique » est impératif, d’autant plus dans un contexte de dette publique élevée, rapporte TopTribune.
Moscovici a averti que l’écologie semblait être reléguée « un peu au second plan », appelant à redéfinir la lutte contre le changement climatique comme une priorité de l’État. « Il n’y a pas d’opposition entre une meilleure gestion des finances publiques et les politiques de transition écologique », a-t-il affirmé. La transition ne doit pas être considérée comme une charge ou un ajustement budgétaire, a-t-il précisé.
Situation « dégradée »
La Cour des comptes a publié son premier rapport annuel sur la transition écologique, constatant une situation environnementale « dégradée ». Ce rapport met en lumière l’urgence d’une action « vigoureuse » et mieux orchestrée face à l’accélération du réchauffement climatique, à la chute de la biodiversité et à la pollution. Les coûts liés à ces enjeux ne feront qu’augmenter avec le temps si aucune transformation significative n’est entreprise.
La Cour recommande d’établir des objectifs de réduction quantifiés de l’empreinte carbone dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), incluant les émissions de gaz à effet de serre provenant de la consommation en France et celles associées aux biens importés.
Il est également proposé de renforcer le rôle du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), qui est actuellement « fragilisé ». Il est jugé essentiel d’harmoniser les programmes climatiques avec les finances publiques. La Stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique (Spafte), qui sera présentée à l’automne 2024, pourrait être soumise au Parlement avant le printemps lors de la procédure budgétaire.
Les initiatives publiques déjà mises en œuvre concernant la transition écologique « produisent des résultats positifs mais restent encore fragiles et parfois insuffisants », indique la Cour. Les données de 2024 révèlent que les efforts déployés ne sont plus suffisants pour atteindre les objectifs climatiques de la France, qui visent une réduction de 55 % des émissions d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050.
200 milliards d’euros
Le coût de la transition écologique est décrit comme « bien inférieur à celui de l’inaction » et devrait s’intensifier dans les années à venir, ont averti les sages de la Cour. Un rapport de la Banque de France de juin a estimé qu’un maintien du statu quo conduirait à une perte de 11,4 points de croissance du PIB français d’ici 2050.
Les estimations actuelles préviennent que les besoins annuels pour financer tous les aspects de la transition écologique sont le double des ressources déjà mobilisées, qu’il s’agisse de financements publics ou privés. Ces besoins dépassent désormais les 200 milliards d’euros par an, selon le rapport.
Pour répondre à ces exigences, la Cour des comptes préconise de coupler financements publics et privés. Bien que « le désinvestissement public ne soit pas envisageable », a souligné le président de la Cour, il est crucial de démontrer la rentabilité des investissements dans la transition. « Investir tôt et massivement dans la transition écologique est un impératif environnemental tout autant qu’une décision rationnelle et économiquement viable », conclut le rapport. Il est précisé qu’« chaque euro investi en prévention pourrait permettre d’économiser jusqu’à trois euros en dommages évités ».