Le gouvernement de Sébastien Lecornu, annoncé dimanche soir, provoque une forte agitation au sein des Républicains (LR). La colère s’intensifie à la fois dans les instances du parti et parmi les adhérents, amenant le président Bruno Retailleau à convoquer une réunion d’urgence lundi. Ce tournant met le Premier ministre dans une position précaire alors qu’il doit présenter mardi son discours de politique générale, rapporte TopTribune.
« La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise », a déclaré Bruno Retailleau sur X, bien qu’il soit reconduit en tant que ministre de l’Intérieur. Il a ajouté : « Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque demain matin [11h30] le comité stratégique des Républicains », réunissant les personnalités clés du parti.
Wauquiez et Retailleau s’opposent encore
Cette situation alimente les spéculations concernant un potentiel retrait des Républicains d’un gouvernement qui pourrait être qualifié de mort-né, aggravant ainsi la crise politique en cours. Après avoir maintenu le suspense, les LR semblaient s’acheminer vers une participation « très large » et « exigeante » au gouvernement, comme l’a affirmé Retailleau à l’issue d’une visioconférence dimanche après-midi.
Laurent Wauquiez, député LR ayant perdu lors d’une élection interne au printemps, reste cependant en désaccord. « Je respecterai la décision collective, mais je considère que les conditions ne sont pas réunies pour une participation. Participer, c’est cautionner. Faire à nouveau un chèque en blanc, ce serait une erreur, par rapport à nos convictions et ce qu’on veut pour le pays », a-t-il déclaré.
Lisnard prêt à claquer la porte
La formation du nouveau gouvernement a amplifié les tensions, malgré une rencontre de 1h30 entre Lecornu et Retailleau juste avant l’annonce. Selon une source proche de Retailleau, « le resserrement autour de Renaissance ne nous semble pas tout à fait correspondre à l’air du temps… ». Il a été rapporté que Lecornu n’a pas informé Retailleau du retour de Bruno Le Maire au gouvernement, un sujet sensible.
D’avril, David Lisnard, maire de Cannes, a également exprimé son mécontentement, dénonçant la décision du parti de participer au gouvernement « sans en connaître les principaux membres ? ». Il a annoncé sa démission de la vice-présidence des Républicains et a menacé de quitter le parti « si cette participation au gouvernement est confirmée demain ».
Au sein des discussions internes réunissant fédérations, élus et adhérents, le mécontentement est palpable. Les Républicains semblent loin d’avoir obtenu « le tiers des postes » que Retailleau avait exigé lors d’une réunion jeudi, selon les plaintes d’un cadre du parti. De plus, « le casting du nouveau gouvernement n’intègre aucun nouveau LR ». Une source du parti a exprimé sa désillusion : « Que fait-on dans cette galère, comment peut-on accepter ça ? »