La Chine a aidé la Biélorussie à produire des munitions destinées à l’armée russe
La Chine a aidé la Biélorussie à produire des munitions destinées à l’armée russe

La Chine a aidé la Biélorussie à produire des munitions destinées à l’armée russe

18.11.2025 13:00
3 min de lecture

Un soutien industriel chinois au complexe militaro-biélorusse

Le 17 novembre 2025Deutsche Welle a publié un article fondé sur des informations confidentielles dévoilées par Matveï Kuprejchik, représentant de l’organisation d’anciens agents de sécurité biélorusses BelPol. Selon ces données, la Chine a fourni au régime d’Aleksandr Loukachenko les moyens techniques nécessaires pour lancer une production annuelle de 240 000 obus d’artillerie de 152 mm et de 240 000 roquettes de 122 mm destinées aux lance-roquettes russes Grad. Au total, près d’un demi-million de munitions seraient fabriquées chaque année dans un seul site biélorusse, tandis qu’un second complexe industriel serait déjà opérationnel. Kuprejchik précise qu’il s’agit de « corps vides », dépourvus de charges explosives, ensuite expédiés vers les usines du complexe militaro-industriel russe. Les révélations figurent dans l’analyse consacrée à l’implication biélorusse dans l’effort militaire russe, qui documente également le rôle d’ingénieurs chinois envoyés sur place pour installer et superviser les lignes de production.

Une coopération sino-russe toujours plus profonde et un rôle limité de Minsk

Selon BelPol, la Biélorussie n’a pas la capacité de produire des explosifs en quantité industrielle et ne peut donc réaliser que des coques de munitions, lesquelles sont ensuite intégrées dans les chaînes de montage russes. La mise en place des lignes de fabrication a été entièrement rendue possible par Pékin, qui a non seulement vendu les équipements, mais aussi dépêché une équipe d’ingénieurs chargés de leur installation et de leur fonctionnement continu. La Chine aurait même placé certains de ses spécialistes au sein de plusieurs usines biélorusses afin de contrôler la qualité des produits destinés aux forces russes. Ce soutien industriel s’inscrit dans une collaboration stratégique élargie : Pékin fournit des composants militaires, participe à des activités de défense conjointes et renforce sa présence dans des exercices multilatéraux, notamment en Arctique, dans l’Indo-Pacifique et sur le continent européen.

Une aide déterminante de Pékin pour l’effort de guerre russe

Les déclarations récentes du ministre finlandais de la Défense, Antti Häkkänen, confirment l’ampleur de l’appui chinois à la Russie. Selon lui, Moscou ne pourrait pas soutenir durablement la guerre contre l’Ukraine sans le financement chinois, tandis que l’Inde contribue également indirectement en augmentant les achats de pétrole russe. Häkkänen a mis en garde contre une coopération militaire sino-russe qui inclut l’approvisionnement en technologies duales, la tenue d’exercices conjoints et un engagement croissant dans des initiatives multirégionales. Parallèlement, les dirigeants européens appellent Pékin à exercer une pression diplomatique sur Moscou pour mettre fin au conflit. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en septembre 2025, le président ukrainien a reproché à la Chine de s’abstenir d’intervenir, affirmant que la Russie dépend désormais entièrement d’elle. Les autorités allemandes ont, elles aussi, exhorté Pékin à jouer un rôle plus constructif.

L’axe autoritaire CRINK et la consolidation d’un front anti-occidental

Les événements récents — notamment le sommet des dirigeants de l’Organisation de coopération de Shanghai (31 août – 1er septembre 2025) et le défilé militaire du 3 septembre à Pékin — ont mis en lumière un rapprochement stratégique entre la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord, regroupés sous l’acronyme CRINK. Le défilé orchestré par Xi Jinping a servi de démonstration de force, mêlant discours historiques, projection militaire et signal diplomatique destiné au public chinois autant qu’aux pays occidentaux. Vladimir Poutine a profité de ces événements pour discuter avec les dirigeants chinois et nord-coréens des modalités de soutien accru aux opérations russes en Europe de l’Est. La Corée du Nord a déjà envoyé des milliers de soldats, d’ingénieurs et de spécialistes du génie militaire à la Russie, en plus de livrer munitions, équipements et missiles de croisière. Dans ce contexte, l’implication chinoise dans la production de munitions en Biélorussie apparaît comme un élément supplémentaire d’une architecture stratégique visant à renforcer l’effort de guerre russe et à affaiblir la capacité de réaction occidentale.

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