Le 20 octobre 2025, la ministre roumaine des affaires étrangères, Oana Țoiu, a déclaré au média Digi24 qu’aucune demande officielle n’avait été reçue concernant un éventuel survol du territoire roumain par l’avion du président russe Vladimir Poutine à destination de Budapest. « Aucune demande n’a encore été formulée, et aucun vol ni déplacement n’a été confirmé. Mais il serait bon que Poutine respecte les règles et demande l’autorisation avant d’entrer dans l’espace aérien européen », a-t-elle précisé.
Un sommet Trump-Poutine prévu à Budapest
Cette déclaration intervient après l’annonce du président américain Donald Trump, qui a révélé, le 16 octobre, avoir eu un entretien téléphonique avec Poutine et convenu d’une rencontre à Budapest. Ce serait la première apparition du dirigeant russe dans une capitale de l’Union européenne depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Le choix de Budapest pose toutefois un problème logistique pour le Kremlin, les pays voisins membres de l’UE, dont la Pologne, refusant d’autoriser le passage de son avion.
Une visite à forte portée symbolique et politique
Pour Poutine, une visite dans un pays membre de l’UE revêt une dimension hautement symbolique. Elle pourrait lui permettre de se présenter comme un acteur incontournable capable de négocier directement sur le sol européen, malgré son isolement diplomatique. Une telle rencontre servirait également à tester la cohésion européenne, notamment sur l’application des sanctions et le respect du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) en 2023 pour la déportation illégale d’enfants ukrainiens.
L’ombre du mandat d’arrêt international
En mars 2023, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Poutine. En mai 2025, le parlement hongrois a voté le retrait du pays de la CPI, tout en restant légalement lié à ses obligations jusqu’au 2 juin 2025. Budapest a néanmoins assuré qu’elle ne procéderait pas à l’arrestation du président russe. Les autres États membres de l’UE, eux, ont confirmé leur intention de respecter le mandat de la Cour.
Réactions européennes et tensions diplomatiques
La cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, a exprimé son inquiétude face à la possible venue de Poutine, estimant qu’elle serait contraire aux valeurs européennes et inacceptable au regard du droit international. Le ministre lituanien des affaires étrangères, Kęstutis Budrys, a pour sa part souligné que « la seule place de Poutine en Europe devrait être à La Haye, devant un tribunal, et non dans nos capitales ».
L’Union européenne face à un dilemme politique et juridique
Ce projet de visite met à l’épreuve la capacité de l’UE à concilier ses principes juridiques et ses impératifs diplomatiques. D’un côté, les États membres signataires du Statut de Rome sont légalement tenus d’arrêter Poutine ; de l’autre, les pressions américaines et la perspective de pourparlers de paix incitent certains à adopter une position plus flexible. Ce dilemme révèle les fragilités de la politique étrangère commune européenne, souvent écartelée entre valeurs et pragmatisme.
Sanctions et isolement international du Kremlin
Selon la porte-parole de la Commission européenne pour les affaires étrangères, Anita Hipper, les sanctions européennes à l’encontre de la direction russe n’interdisent pas formellement les déplacements de Poutine ou du ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, bien qu’elles prévoient le gel de leurs avoirs. Cependant, l’absence d’autorisation de survol du territoire de plusieurs États membres complique les plans du Kremlin et accentue la perception d’un isolement croissant de la Russie sur la scène internationale.