La chanteuse Clara Luciani a sa statue au musée Grévin à Paris : "Ça va être génial, un trio avec Soprano et Édith Piaf !"
La chanteuse Clara Luciani a sa statue au musée Grévin à Paris : "Ça va être génial, un trio avec Soprano et Édith Piaf !"

La chanteuse Clara Luciani a sa statue au musée Grévin à Paris : « Ça va être génial, un trio avec Soprano et Édith Piaf ! »

05.02.2025
8 min de lecture

Tout sourit à Clara Luciani : premiers pas d’actrice, un troisième album « Mon sang », une tournée et trois nominations aux Victoires de la musique. Et pour couronner le tout, son double est visible dans un musée parisien…

Si on pose la question à Clara Luciani de savoir pourquoi elle a accepté d’être immortalisée à Grévin, l’auteure, compositrice et interprète s’exclame immédiatement : « On ne peut pas refuser d’être immortel. C’est tellement iconique ce musée. C’est un honneur de faire partie de ce rassemblement de personnages importants de l’histoire et du monde de la culture. »

Depuis mardi 5 février, sa statue de cire est installée en bonne compagnie à côté d’autres chanteurs : « On chantera le soir, une fois le musée fermé. Cela va être génial, un trio avec Soprano et Édith Piaf : cela va donner quelque chose d’étonnant », affirme la chanteuse tout sourire. « Je suis contente de me reconnaître, je la trouve très fidèle ma statue et je suis très impressionnée. C’est un drôle de sentiment de se retrouver face à soi-même : on n’est pas préparé car on n’est pas censé se rencontrer. C’est un truc très déroutant mais très fort. En la découvrant, j’ai ressenti une espèce de « waouh », comment est-ce possible ?! »

Décryptage de cette création qui a demandé six longs mois de travail jusqu’à son installation dans la pièce dédiée aux musiciens.

Le musée Grévin(Nouvelle fenêtre) a été créé en 1882 à Paris, sur les Grands Boulevards, par Arthur Meyer qui voulait présenter en trois dimensions les personnalités qui faisaient la Une de son journal Le Gaulois, à une époque où la photo n’existait que peu en presse.

Les sculpteurs et les équipes des ateliers Grévin rencontrent les personnalités choisies. Ce rendez-vous leur offre l’opportunité de mieux connaître la personne derrière l’image publique pour reproduire une copie troublante de ressemblance, tout en offrant à la personnalité la possibilité de découvrir tous les secrets de fabrication de son personnage. Entrer à Grévin est un honneur et une reconnaissance populaire.

« Ces ateliers où nous sommes ont été mis en place en 2011 au moment de la création de musées Grévin à l’étranger. Outre Paris, aujourd’hui, il ne reste plus que Chaplin’s World by Grévin(Nouvelle fenêtre), à Corsier-sur-Vevey, en Suisse. Les ateliers originaux, devenus trop petits, sont toujours sous les toits du musée, au 10 boulevard Montmartre, en plus de cet espace dans le 13e arrondissement », explique Véronique Berecz en charge des relations extérieures de Grévin.

L’élection de la personnalité

La première étape pour les personnalités françaises ou francophones, c’est leur élection par l’Académie Grévin créée en 2001 et présidée par Stéphane Bern. Le musée prépare une liste de nominés en fonction de l’actualité pour rester dans l’idée du créateur de Grévin : l’homme de presse qui dirigeait Le Gaulois s’était dit que ses lecteurs ne savaient pas à quoi ressemblaient ceux et celles dont il parlait dans son quotidien. Il voulait que tout le monde puisse mettre un visage sur un nom, car à l’époque, s’il y avait des dessins ou des caricatures, et même si la photo existait, elle était très peu utilisée parce que chère.

L’académie est composée d’hommes et femmes de presse ou de médias : Nikos Aliagas, Ève Ruggieri, Daniela Lumbroso… Deux fois par an, ils élisent une, deux ou trois personnalités. « C’est une demande qui évidemment me flatte beaucoup, d’autant qu’elle m’a été adressée par Stéphane Bern, que j’aime infiniment », a expliqué Clara Luciani. « Certains refusent, car cela les met mal à l’aise de se retrouver en 3D ou pour des problèmes d’emploi du temps, mais cela reste assez rare », indique, de son côté, Véronique Berecz.

Sur le parcours aujourd’hui, il y a 250 personnages, parfois dans des décors originaux créés pour chacune d’eux, ainsi que des personnages fictifs comme récemment, Astérix et Obélix pour fêter leurs 65 ans.

La prise de mesures

Le premier rendez-vous de 2h30, consacré à la prise de mesures, permet de réunir tous les renseignements, de noter les informations destinées à créer son personnage, qui va demander six mois de travail à une quinzaine d’artistes. « Avant son arrivée, nous avons déjà réfléchi aux attitudes et expressions qu’on peut lui proposer, mais cela reste un échange », souligne Véronique BereczPhotos 360°, scan et vidéos, la séance de pose au studio permet de déterminer la photo sur laquelle on va s’arrêter. Grâce à ces images, le sculpteur sort un prototype du corps en 3D qui est moulé. C’est un gain de temps important pour lui. Il sort aussi un masque du visage, qui est un outil pour les volumes, qu’il va modeler en plastiline, une sorte de pâte à modeler, qui contrairement à la terre glaise – utilisée pendant très longtemps – ne sèche pas.

On vérifie couleur et texture des cheveux avec des échantillons ainsi que celle de la peau du visage, avec des petits pains de cire colorés, et des mains qui n’est pas forcément la même. Un prothésiste oculaire prend la mesure de l’œil, la grandeur de la pupille et de l’iris et bien évidemment sa couleur. Si la personne sourit, on prend l’empreinte dentaire pour réaliser une prothèse. Les mains sont moulées sur nature comme les dents et les pieds.

Coulage de la cire avec ajout de la couleur de la peau dans les ateliers du 13e arrondissement de Paris. (GREVIN)
Coulage de la cire avec ajout de la couleur de la peau dans les ateliers du 13e arrondissement de Paris. (GREVIN)

Deux à trois mois plus tard, quand la sculpture est presque terminée, une confrontation avec la personnalité a lieu afin d’apporter des corrections. C’est un rendez-vous important car il permet au sculpteur, qui a avancé le modelage, de vérifier que l’expression est là et qu’on peut engager le moulage définitif.

À l’atelier moulage, ce visage en plastiline est recouvert d’élastomère et de plâtre pour créer un moule, posé à l’envers, et dans lequel est coulée de la cire d’abeille en paillettes avec un petit peu de durcisseur (pour éviter les variations de température) et une très légère coloration en fonction de la couleur de peau de la personne. C’est teinté dans la masse pour avoir une teinte proche de la carnation : peau claire, noire, puis c’est peint.

Une fois sèche, on enlève le trop-plein de cire – la tête est creuse pour y poser les yeux et, parfois, les dents. Ensuite, le sculpteur démoule le visage, ouvre les yeux et la bouche pleins de cire. C’est dans l’atelier moulage que se fait l’assemblage de la tête, des mains et des pieds sur le corps. Le corps et les mains sont en résine.

Atelier moulage-démoulage de la tête aux ateliers Grévin, dans le 13e arrondissement de Paris. (GREVIN)
Atelier moulage-démoulage de la tête aux ateliers Grévin, dans le 13e arrondissement de Paris. (GREVIN)

Le visage en cire part, ensuite, à l’atelier implantation : les cheveux naturels sont implantés presque un à un avec un mixte de perruque, elle aussi en cheveux naturels. C’est le même process pour les sourcils et la barbe. Ensuite, on donne les couleurs de la vie avec de la peinture à l’huile. « C’est fait petit à petit en créant des sous-couches. On commence par travailler tout ce qui est veines, rougeurs, variations de couleurs de peau, tâches. Ensuite, on fait une base que l’on monte progressivement au glacis, en projetant des gouttelettes assez transparentes, qui vont se superposer pour donner toutes les vibrations de la peau avec du rouge, du vert, du jaune », explique la spécialiste chargée de ce travail.

Enfin, « elles vont se mélanger plus ou moins pour donner vraiment toute la vibration colorée de la peau avant le maquillage », ajoute-t-elle. La maquilleuse et la coiffeuse de la personnalité peuvent donner des renseignements, comme les références du maquillage que la personne utilise, pour être au maximum proche de la vérité.

Atelier implantation de cheveux dans les ateliers Grévin à Paris (GREVIN)
Atelier implantation de cheveux dans les ateliers Grévin à Paris (GREVIN)

« Je n’avais jamais mis les pieds à Grévin et sous-estimais un petit peu le travail fait ici, les étapes et le temps nécessaire à la réalisation de la statue », a indiqué la chanteuse quand elle a découvert son visage de cire. « C’est assez vertigineux de voir le travail de chacun. C’est un travail d’orfèvre jusqu’à la copie des dents avec l’empreinte comme chez le dentiste. C’est d’une précision folle.

Ce que je trouve le plus impressionnant, ce sont les yeux. C’est complètement fou : on a pris leur couleur, mais comment ont-ils fait pour réussir à capter une certaine douceur, une certaine rêverie que je peux avoir ! Je ne sais pas comment ils ont pu reproduire à ce point-là mon regard, je trouve cela assez troublant. »

Assemblage et habillage

Puis le personnage est assemblé et habillé. Au préalable, Grévin leur demande de penser à leur tenue : leur styliste peut donner des conseils, le musée peut faire une copie d’un vêtement. Par exemple, Audrey Fleurot voulait une robe de Julien Fournié. Grâce à cette rencontre, est née ensuite une collaboration avec le couturier pour habiller Marie-Antoinette.

Tout a son importance ici : pour les femmes en talons ou à plat, cela change le galbe du mollet et détermine la façon de se tenir et si le personnage a la jambe croisée, cette dernière a été découpée en dessous pour enfiler plus facilement le vêtement, parfois doté de zips cachés. Kad Merad a offert son jean, ses boots et sa veste fétiche de premier jour de tournage et Laetitia Casta, une robe portée pour monter les marches de Cannes.

« Je me suis rapprochée de la maison Celine qui m’habille sur ma dernière tournée. L’idée était d’aller vers un stylisme qui me ressemble, un stylisme intemporel pour cette immortalisation. Depuis toujours, j’aime bien l’idée d’emprunter un vocabulaire assez androgyne, masculin : le costume noir s’est vite imposé avec sa veste croisée et une rose rouge au revers, pour donner un petit twist à ma tenue assez sobre, simplement avec mes bijoux personnels », a expliqué la chanteuse qui le jour de l’inauguration portait ce même costume comme « avec une sœur jumelle ».

La chanteuse Clara Luciani réalise une dédicace dans les ateliers du musée Grévin du 13e arrondissement de Paris, le 27 janvier 2025. (CORINNE JEAMMET / FRANCEINFO CULTURE)
La chanteuse Clara Luciani réalise une dédicace dans les ateliers du musée Grévin du 13e arrondissement de Paris, le 27 janvier 2025. (CORINNE JEAMMET / FRANCEINFO CULTURE)

Tous les matins, des équipes font le tour du musée pour vérifier que chacun est parfait, pour donner un petit coup de peigne ou de brosse sur les costumes et parfois, un visage remonte sous les toits du musée pour être un peu restauré. L’entretien des personnages est permanent.

Lors du troisième et dernier rendez-vous, environ quinze jours avant l’inauguration, le personnage terminé est présenté à la personnalité pour accord : une convention est signée. C’est le moment de vérifier que tout est parfait avant le dévoilement au musée où Clara Luciani est installée, non loin de Soprano, Madonna, Elton John, Lady Gaga, Lang Lang et Édith Piaf.

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