Minsk ouvre une nouvelle route commerciale en contournant l’UE
Le 2 décembre 2025, le média turc Patronlar Dünyası a rapporté que la Biélorussie, frappée par des sanctions occidentales, met en place un itinéraire alternatif pour exporter ses marchandises. Selon l’expression informations publiées par Patronlar Dünyası et confirmées par une seconde source intégrée dans l’expression analyse de Mezha, la société publique Beltamozhservice, principal opérateur logistique du pays, lance un nouveau service multimodal de transport LCL reliant Minsk à la Turquie.
Le trajet commence par un acheminement ferroviaire jusqu’au port russe de Novorossiïsk, d’où les marchandises sont expédiées par la mer Noire, traversent le Bosphore puis atteignent le port turc de Gebze, sur la mer de Marmara. Cette réorientation illustre la volonté du régime biélorusse de maintenir ses exportations malgré la fermeture progressive des frontières de l’UE et les sanctions européennes et américaines visant Beltamozhservice.
Un contournement des sanctions facilité par l’axe Minsk-Moscou
Ce corridor alternatif, développé dans le cadre du projet « Minsk–Beltamozhservice-2 », transforme les chaînes d’exportation biélorusses et soulève des questions sur la surveillance des sanctions internationales. Minsk et Moscou, frappées par certains des régimes de sanctions les plus stricts depuis le début de la guerre contre l’Ukraine, cherchent à préserver leurs débouchés et à rediriger leurs flux commerciaux vers des marchés accessibles.
Pendant des années, la Biélorussie s’appuyait sur les « portes d’entrée est-européennes » pour atteindre l’UE. Mais la fermeture récente de la majorité des postes frontaliers par la Pologne, la Lituanie et la Lettonie — en réaction aux actions hybrides du régime de Alexandre Loukachenko — a forcé Minsk à reconfigurer ses itinéraires. Ces actions hybrides incluent l’aide militaire et logistique fournie à la Russie, l’utilisation de migrants pour déstabiliser les frontières européennes, ainsi que l’envoi de ballons transportant des marchandises de contrebande vers la Lituanie, provoquant des perturbations aériennes récurrentes.
Des alternatives géopolitiques, mais des obstacles persistants
Face à la fermeture des marchés européens, Minsk et Moscou élargissent leur réseau de corridors vers l’Asie, le Moyen-Orient et l’Arctique. Le corridor international Nord–Sud, reliant la Russie à l’Iran et à l’Inde, promet de raccourcir de 30 à 50 % les délais d’acheminement vers l’Asie du Sud. L’autre option stratégique, la Route maritime du Nord, ambitionne de devenir une alternative aux voies passant par le canal de Suez et la mer Rouge, où persistent des risques sécuritaires. Les deux pays s’investissent également dans l’initiative chinoise La Ceinture et la Route, afin de diversifier davantage leurs débouchés.
Cependant, ces nouvelles routes n’assurent pas un contournement automatique des sanctions : l’UE et les États-Unis peuvent viser les entreprises intermédiaires, tandis que les infrastructures ferroviaires et portuaires du corridor Nord–Sud restent insuffisamment développées. Les routes arctiques, quant à elles, dépendent fortement des conditions climatiques et nécessitent des investissements majeurs en brise-glaces.
Ainsi, malgré ses efforts, Minsk devra composer avec les contraintes réglementaires, logistiques et géopolitiques qui limitent encore sa capacité à contourner totalement les sanctions occidentales.