Position du Premier ministre belge
Le 26 août 2025, à Berlin, lors d’une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre belge Bart De Wever a rejeté l’idée de confisquer les avoirs russes gelés. Près de 190 milliards d’eurossont détenus par le dépositaire Euroclear en Belgique. Selon lui, bien que certains gouvernements européens souhaitent procéder à cette confiscation, les obstacles juridiques sont importants. Il estime préférable que ces fonds restent immobilisés jusqu’à la conclusion d’éventuelles négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine.
Le contexte européen
À la suite de l’invasion russe de février 2022, environ 300 milliards d’euros d’avoirs ont été gelés en Occident, dont une part considérable en Belgique. Depuis trois ans, les discussions portent sur leur éventuelle utilisation pour soutenir Kiev. Les États du G7 et de l’Union européenne se limitent pour l’instant à employer les intérêts générés par ces fonds, qui servent à garantir un prêt de 50 milliards d’euros accordé à l’Ukraine. Le 9 juillet 2025, le Parlement européen a toutefois exhorté les États membres à envisager la confiscation des actifs afin de financer la défense et la reconstruction ukrainiennes grâce aux avoirs bloqués en Euroclear.
Les attentes de l’Ukraine
Kiev propose que ces actifs servent directement à la reconstruction du pays ou qu’ils demeurent bloqués jusqu’au paiement de réparations. Le gouvernement ukrainien a également avancé l’idée de créer un fonds alimenté par les réserves de la Banque centrale de Russie, qui serait géré de manière professionnelle afin de générer un revenu stable pour la relance. Selon les estimations, les destructions subies s’élèvent à au moins 500 milliards d’euros, montant que Moscou devrait assumer.
Les divisions en Europe
Si l’Ukraine espère obtenir rapidement ces ressources, de nombreux États membres de l’UE considèrent la confiscation comme un dernier recours. Le chancelier Merz a souligné que la Russie « doit payer » pour les destructions, mais plusieurs gouvernements privilégient encore la pression diplomatique avant toute saisie. La Pologne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Radosław Sikorski, a rappelé que la charge financière ne devait pas reposer uniquement sur les contribuables européens, s’interrogeant : « Qui doit payer, nos citoyens ou les Russes ? ».
Une question juridique et morale
Au-delà des enjeux économiques et légaux, la question est perçue comme profondément morale. Pour une partie des dirigeants européens, l’agresseur doit être tenu responsable et indemniser les victimes. Mais tant que l’unanimité n’est pas atteinte, l’avenir des avoirs gelés reste incertain, entre prudence juridique et exigence de justice.