"Je suis un peu inquiet pour l'avenir" : dans les ateliers de Shein en Chine, les craintes se font sentir avec l'augmentation des droits de douane
"Je suis un peu inquiet pour l'avenir" : dans les ateliers de Shein en Chine, les craintes se font sentir avec l'augmentation des droits de douane

« Je suis un peu inquiet pour l’avenir » : dans les ateliers de Shein en Chine, les craintes se font sentir avec l’augmentation des droits de douane

10.04.2025
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Les augmentations des frais de douane souhaitées par Donald Trump vont avoir des répercussions directes pour les géants du e-commerce. Dans les ateliers de Shein à Canton, les ouvriers s’inquiètent des répercussions.

Le bras de fer entre les deux superpuissances mondiales est loin d’être fini. Donald Trump a officiellement mis ses menaces à exécution dans la nuit de mardi 8 avril en imposant 50% de droits de douane additionnels sur les produits chinois importés aux États-Unis. Les marchandises chinoises seront désormais taxées à un niveau record de 104%. Un autre décret a été signé multipliant par trois les droits de douane sur les petits colis envoyés de Chine, elles doivent être appliquées à partir du 2 mai. Des géants du e-commerce comme Shein ne seront d’ailleurs pas épargnés. Les craintes commencent déjà à se faire sentir dans les ateliers de confection qui travaillent pour la célèbre enseigne.

Depuis la rue, les machines à coudre crépitent dans le « village de Shein », le surnom donné à ce quartier de Canton où sont concentrés tous les sous-traitants qui travaillent pour le groupe de prêt-à-porter. Des centaines de petits ateliers sont côte à côte. La patronne de l’un d’entre eux s’inquiète de l’augmentation des droits de douane de Donald Trump. « Il y aura certainement un impact, le volume de nos commandes va être réduit », appréhende-t-elle.

« Aujourd’hui pour chaque vêtement que je vends, ça me rapporte seulement 1,20 euro. Maintenant, je dois supporter en plus les droits de douane. Personne ne pourra continuer ainsi. Qui accepterait de travailler à perte ? »

« C’est le consommateur américain qui doit supporter cette taxe, c’est lui qui doit supporter le fardeau de ce qu’il a fait. Ce sont les États-Unis les responsables. Comment est-ce que nous, nous pouvons supporter ça ? Je n’ai pas de solution, dénonce-t-elle. Il s’agit maintenant d’une question nationale. Les gens au sein du gouvernement chinois sont en train d’essayer de trouver une solution. »

Dans le village, des milliers d’ouvriers qui travaillent déjà dans des conditions très précaires sont désormais directement menacés par ce nouveau bras de fer avec les États-Unis. « Je suis un peu inquiet pour l’avenir, je crains que mon patron n’ait plus de commandes et que tout le processus de production soit affecté. Je vais continuer à travailler comme ça pour l’instant, parce que je dois nourrir ma famille« , explique cet ouvrier.

Revoir les ambitions à la baisse

Effectivement, dans l’atelier voisin, la patronne confirme, à demi-mot, son intention de se séparer d’une partie de ses ouvriers. « Si ça rapporte encore, je continuerai le travail. Mais s’il n’y a plus de bénéfice, je préfère arrêter la chaîne de production parce que nous avons des coûts et que je ne veux pas prendre de risque. Les commandes ont déjà baissé depuis le début de l’année. Je dois continuer de payer le loyer qui est important. Je vais déménager dans un endroit moins cher, j’aurai besoin de beaucoup moins d’ouvriers, quelques personnes suffiront, et je pourrai travailler moi-même s’il le faut », indique la patronne de cet atelier.

Un peu plus loin se trouve un atelier encore plus petit, avec une seule machine à coudre. Le propriétaire va revoir ses ambitions à la baisse. « Nous fabriquons des ceintures élastiques pour le compte de grandes entreprises. Je m’apprêtais à acheter deux machines supplémentaires cette année, mais les commandes ont diminué. Alors nous allons continuer de produire avec cette machine qui est là. Nous ne pouvons désormais plus compter sur le commerce extérieur », dit-il.

L’information a commencé à circuler dans le village, une possible baisse des salaires est évoquée pour compenser les droits de douane. Un ouvrier nous explique qu’il gagne seulement quelques centimes d’euros pour chaque vêtement produit et que, si c’est le cas, il préférera revenir dans sa région d’origine et rester au chômage.

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