Au moins un Français sur dix possède des cryptomonnaies, ces monnaies numériques qui fonctionnent comme de l’argent en ligne mais sans banques et en utilisant des technologies sécurisées pour les transactions. Un placement surtout prisé par les très jeunes.
Un engouement générationnel pour les cryptomonnaies. Selon une récente étude du Cercle de l’épargne, un jeune Français sur trois, entre 18 et 24 ans, juge qu’investir dans la cryptomonnaie est un bon placement. Cet engouement des jeunes adultes en vient presque à ringardiser le livret A, même s’il reste toujours très prisé des Français.
À 20 ans, Rayan travaille dans une boutique de vêtements à Paris et vit chez sa mère en banlieue parisienne. Il touche environ 1 500 euros par mois et peut donc épargner, mais pas question de mettre dans un livret d’épargne. « Le livret A quand on met de l’argent dedans, on perd de l’argent in fine, parce que l’inflation est souvent plus importante que le bénéfice qu’on peut se faire en livret A, explique Rayan. Donc voilà pourquoi, je n’en ai pas. »
Se constituer rapidement un « capital de départ »
Actuellement, Rayan a investi près de 7 000 euros dans différentes cryptomonnaies qu’il peut revendre à tout moment. « Tous les mois, je mets la même somme sur certaines cryptos. Par exemple, 100 euros par mois sur la même cryptomonnaie et qu’elle descend ou qu’elle monte dans tous les cas, in fine, je me retrouve. Si la crypto a une valeur plus haute que les mois derniers, je me retrouve aussi avec un bénéfice vu que j’y mets chaque mois. »
Ce jeune investisseur a aussi placé des pions dans les ETF, sorte de paniers d’actions en bourse. Un autre placement volatil qui n’effraie pas Rayan. Un jeune de moins de 24 ans sur deux se dit prêt à prendre de tels risques pour gagner plus d’argent. Quand deux Français sur trois sont plus frileux, selon l’Observatoire du sens de l’argent.
Rayan investit via l’application mobile de sa banque en ligne qui lui permet d’acheter des cryptomonnaies en quelques secondes. L’objectif pour lui est de se créer un capital pour investir dans des projets futurs. « Je n’ai pas vraiment de capital de départ, explique le jeune homme. Je n’ai pas de livret A fait par ma maman qui va me permettre de réaliser mes projets grâce à de l’argent. Donc forcément, c’est à moi-même de me le faire et je ne perds pas de temps. J’essaie du coup de le faire le plus vite possible. »
La « volatilité fait rêver les jeunes »
Raphaël, 20 ans et étudiant en école d’ingénieur, ne perd pas de temps non plus. « Il y a 100% de mes investissements personnels actuels qui partent dans la crypto, explique-t-il. J’utilise la crypto comme un tremplin, un boost de patrimoine entre guillemets, pour pouvoir ensuite mettre en bourse. » Il investit chaque mois une partie de ses 500 euros d’argent de poche et pas question de mettre dans un livret A qu’il estime n’être pas assez rentable.
« À 2,4%, le livret A continue à rapporter de l’argent puisque l’inflation est à 1,8%. Donc ça reste positif, rappelle Sarah le Gouez, secrétaire générale du Cercle de l’épargne, groupe d’experts spécialisés dans l’épargne. Mais si l’on prend le cas du bitcoin, sa valeur aujourd’hui avoisine les 100 000 dollars. Un an plus tôt, il était autour de 50 000. Cette volatilité fait rêver les jeunes. L’aspect sécurisé de certains placements n’est pas leur priorité. » Selon l’Autorité des marchés financiers, 40% des 18-24 ans ont pour priorité dans la vie de « gagner beaucoup d’argent rapidement ».