C’est un texte sensible qui arrive sur le bureau du président iranien vendredi, une nouvelle loi portant sur le voile qui durcit les sanctions envers les femmes. Or le président s’est engagé à œuvrer pour que la police des moeurs ne « dérange » pas les femmes qui ne portent pas le voile obligatoire en public.
Signera, signera pas ? C’est le suspense du jour en Iran. Tous les regards sont tournés vers le président de la République islamique Massoud Pezeshkian, même si ce n’est pas lui, mais le guide suprême Ali Khamenei, qui donne le « la » de la politique Iranienne.
La période est délicate pour les mollahs qui doivent défendre la révolution islamique de 1979 et ses symboles, comme le port du voile, tout en paraissant plus ouverts après les manifestations de soutien à l’étudiante Mahsa Amini, morte en prison en 2022 après avoir été arrêté pour « port de vêtements inappropriés ».
D’où l’hésitation du moment. Ne pas signer le texte, c’est garantir un peu d’oxygène pour la société et les femmes, et c’est pour le nouveau président respecter sa promesse de retirer de la rue la police des mœurs, unité chargée de surveiller le port du voile dans la rue.
Mercredi, une chanteuse iranienne a diffusé sur internet un concert dans lequel elle apparaît sans le hidjab, s’attirant le soutien de nombreux partisans mais aussi des poursuites judiciaires.
Dans un rapport, l’organisation Amnesty International a affirmé de son côté que les femmes pourraient encourir la peine de mort si elles enfreignaient le texte sur « la promotion de la culture de la chasteté et du hidjab ».
Signer le texte, c’est refermer l’espoir que la police des moeurs arrête de s’en prendre aux femmes dans la rue, c’est laisser toutes les clefs du pays aux durs du régime. Avec une donnée nouvelle, liée à la chute de Bachar al-Assad en Syrie : la crainte que la révolution syrienne ne fasse tache d’huile en Iran.