Iran : alors que le conflit avec Israël s'intensifie, la répression se renforce sous prétexte de "lutte contre l'espionnage" selon les révélations des images satellites.

Iran : alors que le conflit avec Israël s’intensifie, la répression se renforce sous prétexte de « lutte contre l’espionnage » selon les révélations des images satellites.

24.06.2025 08:23
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La répression en Iran s’intensifie sous les bombardements israéliens. Le 23 juin, les autorités iraniennes ont annoncé l’exécution de Mohammad-Amin Mahvadi, un opposant politique détenu depuis 2023. Parallèlement, l’organisation non gouvernementale de défense des droits humains Hrana a confirmé qu’un autre prisonnier, Majid Mosayebi, avait également été exécuté la veille. Tous deux étaient accusés de collaboration avec l’État hébreu, rapporte TopTribune.

Depuis le déclenchement du conflit entre Israël et l’Iran le 13 juin, la République islamique a manifesté sa volonté de traquer et d’appréhender quiconque aurait apporté de l’aide à l’État juif. Gholamhossein Mohseni-Ejei, responsable du pouvoir judiciaire iranien, a annoncé clairement : « Toute personne arrêtée pour des liens avec le régime sioniste doit être jugée et punie rapidement ».

Sur le terrain, des observateurs rapportent un déploiement massif des forces de sécurité, y compris des volontaires bassidjis, une branche des Gardiens de la révolution. Après le lancement de l’opération « Rising Lion » par Israël, seize personnes ont été arrêtées dès le lendemain, selon IranWire. Deux jours plus tard, la police a interpellé quatre individus dans la province d’Ispahan, suivie de l’arrestation de trente personnes dans la ville de Hamedan.

Les rapports d’arrestations sont fréquents à travers tout le pays, des détails sur les accusations restant souvent vagues : certains sont accusés d’avoir causé des incendies, d’autres d’avoir un comportement suspect près de zones militaires. Beaucoup sont pointés du doigt pour avoir diffusé des rumeurs sur les réseaux sociaux, avec toujours en filigrane l’accusation de liens avec le Mossad, l’agence de renseignement israélienne.

Depuis le début du conflit, au moins 223 personnes ont été arrêtées, selon l’ONG Iran Rights Watch, qui se base sur les chiffres des médias gouvernementaux.

Des années de surveillance

Avec l’opération « Rising Lion », Israël a exposé une faiblesse dans les services secrets iraniens : des agents ennemis auraient réussi à infiltrer des niveaux élevés de la prise de décision en Iran.

Les frappes menées le 13 juin, qui ont décimé plusieurs responsables militaires et scientifiques iraniens, proviennent de longues années d’espionnage, comme le souligne le New York Times. Les services secrets israéliens auraient pu identifier et suivre les déplacements des victimes, relatent des sources sécuritaires.

Dans les mois précédant l’opération israélienne, des agents infiltrés auraient établi une base militaire en Iran et y auraient dissimulé de l’équipement militaire, selon un responsable israélien. Cette base aurait été mise en place avec le soutien d’Iraniens recrutés par le Mossad.

Le service israélien avait déjà fait preuve de son efficacité sur le sol iranien, en 2024, lorsqu’il a éliminé Ismaïl Haniyeh, un chef du Hamas, à Téhéran. Cela nourrit indéniablement la paranoïa des autorités iraniennes, explique Jonathan Piron, historien spécialiste de l’Iran. Cependant, il reste difficile de vérifier si les arrestations récentes reposent sur des bases solides.

Pour réprimer toute contestation

Ce climat de méfiance offre aux dirigeants iraniens une occasion de durcir la répression de l’opposition dans le pays. « Le régime exploite cette paranoïa et utilise la situation actuelle pour réprimer ceux qu’il considère comme des dissidents, sous prétexte de défendre la nation », souligne-t-il, mentionnant que même en dehors de cette crise, l’Iran procède régulièrement à des arrestations et à des exécutions d’agents supposés travaillant pour des puissances étrangères.

Des ONG comme Iran Human Rights expriment leurs inquiétudes, prévoyant une augmentation des exécutions dans les jours à venir, résultant de la pression exercée sur le régime. « Les appels à des procès rapides et à des exécutions de personnes accusées de collaboration avec Israël illustrent comment les autorités instrumentalisent la peine de mort pour maintenir leur contrôle et semer la peur », déclare Hussein Baoumi, d’Amnesty International.

L’Iran compte parmi les pays réalisant le plus d’exécutions après la Chine. En 2024, 975 personnes ont été exécutées en Iran, un chiffre alarmant selon les statistiques des deux ONG.

La peur d’un soulèvement populaire

Avec cette répression accrue, le régime craint de voir émerger des manifestations. « Cette démonstration de force vise à écraser toute velléité de contestation », précise le spécialiste. Bien qu’aucun mouvement de protestation significatif ne semble se profiler, il note que depuis le début des frappes, les manifestations se sont pratiquement interrompues.

Des figures de l’opposition, comme la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, ont exprimé leur désir d’une plus grande ouverture du gouvernement, mais ces appels n’ont encore eu qu’un impact limité.

La répression ne se limite pas aux manifestations dans les rues, elle s’étend également à la sphère numérique. Au total, 206 personnes ont été arrêtées pour des contenus jugés inappropriés ou des activités suspectes sur Internet. Le ministère des Communications justifie les coupures d’accès à Internet par des risques de cyberattaques israéliennes, mais cela semble également profiter au régime, car cela empêche la diffusion d’informations au sein de la population.

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