"Il faut tout reprendre manuellement", le fiasco du nouveau logiciel de la Sécu qui plonge des milliers d'assurés dans l'insécurité
"Il faut tout reprendre manuellement", le fiasco du nouveau logiciel de la Sécu qui plonge des milliers d'assurés dans l'insécurité

« Il faut tout reprendre manuellement », le fiasco du nouveau logiciel de la Sécu qui plonge des milliers d’assurés dans l’insécurité

25.12.2024
2 min de lecture

Depuis le mois d’octobre, des milliers de personnes en arrêt maladie en Loire-Atlantique et en Vendée sont privées d’indemnités journalières qui devraient leur être versées par la Sécurité sociale. En cause : la mise en place d’un nouveau logiciel, qui bugge depuis fin septembre.

Pour Sylvie Dalibert, en arrêt de travail depuis mars, c’est une double peine : un pied cassé et des indemnités journalières réduites à peau de chagrin depuis le mois d’octobre. 

La faute au nouveau logiciel Arpège, testé depuis septembre dans les CPAM de Loire-Atlantique et de Vendée, censé traiter et verser les indemnités journalières aux assurés en arrêt maladie. Mais depuis sa mise en service, l’automate dysfonctionne et enchaîne les erreurs. Plus de 8 000 assurés sont concernés par ce bug informatique.  

Des acomptes au compte-goutte

Pour la Nazairienne de 58 ans, les comptes sont vite faits : 0 € en octobre, 110 € en novembre, et une somme de 300 € qu’elle attend toujours pour le mois de décembre. Des acomptes aléatoires, voire inexistants, loin des 650 € que la Sécurité sociale devrait lui verser.

Depuis deux mois et demi, Sylvie Dalibert ne perçoit plus que des acomptes de ses indemnités journalières
Depuis deux mois et demi, Sylvie Dalibert ne perçoit plus que des acomptes de ses indemnités journalières • © Fanny Borius

Et depuis, les mauvaises nouvelles s’enchaînent. « Je ne perçois plus la prime d’activité, qui est d’environ 300 euros, puisque je travaille à temps partiel, parce que je n’ai pas de ressources de la CPAM », explique Sylvie Dalibert.

Je ne perçois plus la prime d’activité parce que n’ai pas de ressources de la CPAMSylvie Dalibert

Assurée non-indemnisée

Même déconvenue du côté du CCAS. « On m’a répondu que je ne pouvais pas bénéficier de l’aide alimentaire du CCAS car la Sécurité sociale a son propre service d’action sociale, poursuit la quinquagénaire. Sauf que ce service-là, il concerne uniquement les personnes qui sont en reconversion professionnelle ».

Depuis septembre, des milliers de personnes sont privées d'indemnités journalières, en Loire-Atlantique et Vendée
Depuis septembre, des milliers de personnes sont privées d’indemnités journalières, en Loire-Atlantique et Vendée • © Fanny Borius

À cela s’ajoutent un premier mois de loyerimpayé et des impôts qu’il faudra régler quand la Sécurité sociale versera les sommes manquantes…

Une spirale sans fin qui génère de plus en plus d’angoisse pour l’assurée, qui a créé sur Facebook un collectif pour rassembler les victimes de ce bug informatique.

8 000 assurés privés d’indemnités journalières

Au total, ce sont quelque 8 000 assurés en arrêt de travail qui sont concernés, en Loire-Atlantique et Vendée. Selon le directeur adjoint de la CPAM de Loire-Atlantique, tout est fait pour trouver de solutions au plus vite.

« On a pris du retard, il faut tout reprendre manuellement et c’est plus long, justifie Fabrice Martin. D’où la mobilisation avec l’ensemble du réseau Assurance maladie du prêt de 120 personnes en renfort issues d’autres départements ». 

CPAM de Loire-Atlantique
CPAM de Loire-Atlantique • © France 3 Pays de la Loire

De leur côté, les syndicats demandent l’arrêt pur et simple du logiciel Arpège. « La CNAM a investi dans un logiciel défaillant et ce que l’on veut, c’est qu’on le mette de côté et qu’on nous donne des moyens pour créer des passerelles et revenir en arrière, le temps que le logiciel soit performant’, explique Kevin Moisdon, élu CGT à la CPAM de Loire-Atlantique.

Malgré le fiasco, la CNAM n’a pas renoncé au déploiement national du dit logiciel, même si la date butoir, initialement fixée à début janvier 2025, a été repoussée au 31 mars.

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