"Il faut nous écouter maintenant M. Bayrou" : plus de 800 taxis convergent vers Pau, la ville du Premier ministre
"Il faut nous écouter maintenant M. Bayrou" : plus de 800 taxis convergent vers Pau, la ville du Premier ministre

« Il faut nous écouter maintenant M. Bayrou » : plus de 800 taxis convergent vers Pau, la ville du Premier ministre

19.05.2025
3 min de lecture
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Les chauffeurs de taxi manifestent, ce lundi 19 mai, dans toute la France, mais aussi en Aquitaine, à Bordeaux et surtout à Pau. Près de 800 taxis ont convergé vers le fief du premier ministre, François Bayrou, pour se faire entendre. Depuis deux ans, ils estiment ne pas avoir eu de véritable négociation, avec le gouvernement comme la CPAM, concernant les nouvelles conditions tarifaires du transport sanitaire.

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Charente, Vienne, Haute-Garonne, Gironde… À regarder les plaques d’immatriculation des voitures alignées près de la gare paloise, les chauffeurs de taxi sont parfois venus de loin. L’objectif : porter  directement au Premier ministre, également maire de Pau, leur message de colère et d’inquiétude. « L’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine est venu dire Stop à M. Bayrou », résume Laurent Dayraut, le président régional de quatre fédérations de chauffeurs de taxis.

À la mi-journée, près de 300 chauffeurs venus de Toulouse et ses environs ont rejoint le cortège palois. Le mot d’ordre est clair : rester sur place tant que leurs représentants n’obtiennent pas une rencontre directe avec le Premier ministre.

« Les chauffeurs en ont marre ! « 

« La position du gouvernement et de la caisse d’assurance maladie n’est plus acceptable aujourd’hui par la profession. Aujourd’hui, les chauffeurs en ont marre. Ils expriment leur colère et viennent le dire à M. Bayrou ! », poursuit Laurent Dayrault. 

Les taxis étaient appelés à manifester ce 19 mai par une intersyndicale dans toute la France pour protester contre le projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie concernant les transports de malades par des chauffeurs conventionnés. À partir du 1er octobre, le transport de personnes malades sera moins bien rémunéré. Or pour beaucoup, il représente la grande majorité de leur chiffre d’affaires.

La concurrence des VTC et les tarifs des transports sanitaires mettent en colère les chauffeurs de taxi.
La concurrence des VTC et les tarifs des transports sanitaires mettent en colère les chauffeurs de taxi.• © France 3 Aquitaine

Manque à gagner

Près de 85 % des chauffeurs de taxi pratiquent le transport conventionné de malades. En milieu rural, certains taxis peuvent réaliser jusqu’à 90% de leurs revenus avec ces courses sanitaires.

À Bordeaux, les taxis ont décidé de manifester devant les services hospitaliers, dont la clinique de Bordeaux-Nord. Bernard Gros manifestait ce lundi matin devant la maternité. Après 21 ans d’artisanat, il est salarié depuis cinq ans dans la société SOK basée à Saint André de Cubzac qui emploie 15 salariés. Elle réalise « 99% de son chiffre d’affaires sur le médical« , car elle prend en charge essentiellement des clients/patients du Libournais ou du Blayais. « Presque tous nos patients n’ont pas de véhicule« , assure-t-il. Le chauffeur de taxi estime que le changement de tarification pourrait ainsi impacter sa société de 50%.

Au-delà de leur survie financière, Bernard Gros veut aussi penser aux patients. « Quand vous avez des personnes qui font des dialyses, des chimios ou des rayons… Comment ils font après ? » Il estime que les ambulances ne sont pas assez nombreuses pour tout assumer.

Du Pays basque voisin ou du nord de la Nouvelle-Aquitaine, certains sont venus de loin pour manifester à Pau ce 19 mai.
Du Pays basque voisin ou du nord de la Nouvelle-Aquitaine, certains sont venus de loin pour manifester à Pau ce 19 mai. • © France 3 Aquitaine

Nouvelle tarification

La nouvelle tarification, qui doit encore être approuvée par le gouvernement, doit entrer en vigueur le 1er octobre, selon l’Assurance maladie. L’objectif pour l’organisme de santé est de contrôler la croissance de la dépense de transports sanitaires, qui s’est élevée à 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (+45% depuis 2019).

Les chauffeurs de taxis conventionnés seraient ainsi rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge et d’une tarification kilométrique, alignée sur le tarif fixé dans chaque département.

Les taxis s’inquiètent également de la concurrence grandissante des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) dont le travail est coordonné par des plateformes (Uber), et réclament une limitation de leur activité. La grève pourrait être reconduite mardi 20 mai.

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