Il est impossible de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C, mais des solutions demeurent envisageables.

Il est impossible de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C, mais des solutions demeurent envisageables.

19.06.2025
3 min de lecture

Il fait chaud. Et ça ne va pas s’arranger. Un article publié cette semaine dans la revue Earth System Science Data, rédigé par 61 scientifiques de 17 pays, dont six Français, dresse un bilan climatique pour l’année 2024 en tirant la sonnette d’alarme : limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C devient un objectif inatteignable, rapporte TopTribune.

Atteindre une température supérieure à + 1,5 °C et « nettement en dessous de + 2 °C » était pourtant l’objectif de l’accord de Paris sur le climat, signé en 2015. Cependant, les prérequis pour réaliser cet objectif sont loin d’être satisfaits. « Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter », déclare Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et ancienne coprésidente du groupe n° 1 du Giec, qui a contribué au rapport de cette semaine. Lorsqu’elles s’accumulent, ces émissions piégent la chaleur dans l’atmosphère. Étonnamment, les efforts pour réduire la pollution de l’air ont également conduit à une légère augmentation du réchauffement, car les aérosols exercent un effet de parasol qui reflète la chaleur. En conséquence, la chaleur a de plus en plus de mal à se dissiper.

« Chaque dixième de degré augmente les perturbations climatiques »

Selon Valérie Masson-Delmotte, la période de 2015 à 2024 a été marquée par une élévation de + 1,24 °C en moyenne par rapport à la période 1850-1900, dont 1,22 °C est attribuable à l’activité humaine. L’année 2024 a même vu le seuil tant symbolique de l’accord de Paris être franchi, avec une température atteignant + 1,52 °C, dont 1,36 °C provient de l’homme. Ce phénomène pourrait devenir récurrent : « Actuellement, les chances de limiter l’augmentation à 1,5 °C lors d’une année ordinaire sont estimées à une sur six. »

Il ne faut pourtant pas abandonner tous espoirs, car il existe encore des possibilités pour éviter que la Terre ne surchauffe davantage. Plus les températures augmentent, plus les effets en deviennent visibles et graves, incitant certains scientifiques à appeler à résister au catastrophisme et à maintenir les efforts. « Le changement climatique est un problème graduel, pas binaire », écrit François Gemenne, politologue et co-auteur du sixième rapport du Giec, sur X. Il ajoute que la situation n’est pas perdue simplement parce que nous avons dépassé le seuil de 1,5 °C. L’objectif principal demeure de limiter le réchauffement.

« Chaque fraction de degré accroît la fréquence et l’intensité des événements climatiques extrêmes : vagues de chaleur, dégel des sols, sécheresse agricole », souligne Valérie Masson-Delmotte. Ces événements engendrent des risques climatiques qui impactent la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, les zones côtières et montagneuses. Une des conséquences directes de ce phénomène est la montée du niveau de la mer, qui a progressé de + 22,8 cm depuis 1901 et qui s’élève actuellement de 4 mm par an sur la période 2006-2024, soit deux fois plus rapidement que durant le XXe siècle.

Ce phénomène ne touche pas uniquement les animaux tels que les phoques et les ours polaires. « En dehors de l’Arctique, l’Europe est la région se réchauffant le plus rapidement », avertit la paléoclimatologue.

Les émissions ralentissent… lentement

Pour inverser cette tendance, il est impératif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Nous avons la capacité d’évaluer notre marge de manœuvre », souligne Valérie Masson-Delmotte. Si nous ne réduisons pas nos émissions de CO2 dans les trois prochaines années, il sera impossible de rester sous la barre de 1,5 °C. Le « budget carbone », qui représente la quantité de CO2 que nous pouvons encore émettre avant d’atteindre un certain seuil de réchauffement, s’épuise plus rapidement que prévu et pourrait être épuisé dès 2028.

Cependant, il existe quelques signes d’espoir. « Nous observons une diminution durable des émissions de CO2 dans 24 pays, y compris en Europe et aux États-Unis », remarque Valérie Masson-Delmotte. Bien qu’elles continuent d’augmenter à l’échelle mondiale, cette hausse se fait à un rythme plus lent qu’auparavant. En revanche, les émissions de méthane, un autre gaz à effet de serre, continuent d’augmenter. Ainsi, il reste une chance de stabiliser la température autour de 1,5 °C, mais cela nécessitera des efforts considérables.

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