
Le 1er juillet 2025, une vague de grèves a touché plusieurs magasins Ikea en France. Suite à l’appel d’une intersyndicale regroupant la CFDT, la CGT et FO, des centaines de salariés ont cessé le travail dans 19 établissements du géant suédois. Leur message est sans équivoque : tant qu’il n’y aura pas d’augmentation collective des salaires et d’amélioration des conditions de travail, le dialogue social ne pourra être qu’une illusion, rapporte TopTribune.
Un dialogue social « en ruine » : les syndicats critiquent l’inaction d’Ikea
La tonalité est ferme. Les syndicats dénoncent les multiples négociations vaines tenues par la direction française de l’entreprise. Ils estiment que la dernière session des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) s’est soldée par une proposition jugée « inacceptable » : aucune augmentation collective des salaires. À Reims, les délégués syndicaux ont exprimé : « On nous propose une augmentation collective à 0 % », souligne FranceInfo.
Dans un communiqué commun, les syndicats s’alarment également de la dégradation persistante des conditions de travail et de la remise en cause des acquis sociaux. En réponse, Ikea France se limite à affirmer que les réunions « se sont déroulées conformément au calendrier social », rapporte La Provence. Cette réponse est perçue comme sèche et largement insuffisante par les grévistes.
Vivre avec le SMIC : « on veut pouvoir mettre de la nourriture sur la table »
Au magasin de Saint-Martin-d’Hères (Isère), la mobilisation a atteint 90 % des effectifs, selon Le Dauphiné Libéré. Avec une exigence qui semble loin d’être déraisonnable pour cette multinationale : « On veut pouvoir mettre de la nourriture sur la table ». De nombreux salariés, rémunérés au SMIC (1 383,40 euros net mensuels), éprouvent un sentiment d’abandon de la part d’un employeur générant pourtant des bénéfices. Ikea a enregistré un bénéfice net de 2,2 milliards d’euros en 2024.
La revendication ne se limite pas à l’aspect salarial. À Caen comme à Reims, les employés évoquent des charges physiques élevées, un sous-effectif récurrent et une pression managériale accrue. Selon Ouest-France, cette accumulation a provoqué une « nette dégradation » des conditions de travail.
Une mobilisation nationale et internationale : vers une grève transfrontalière ?
Cette grève fait partie d’un mouvement plus large : en 2025, Ikea a déjà dû faire face à des conflits similaires aux Pays-Bas, en Italie et au Canada, selon 20 Minutes. Partout, les mêmes plaintes se font entendre : sous-rémunération, absence de reconnaissance, conditions de travail dégradées. Avec 36 magasins et 12 000 salariés en France, le point de tension pourrait s’intensifier. Pour l’heure, aucun site n’a fermé, mais des débrayages ciblés se multiplient.
Ce mouvement représente un défi stratégique pour Ikea France : comment conserver son image d’employeur « moderne et humain » tout en niant une revalorisation salariale ? Si la direction ne prend pas de mesures rapides, la contestation pourrait s’étendre à d’autres établissements, voire à l’échelle européenne. Cela comporte le risque de fermeture de magasins en période cruciale pour l’entreprise : la rentrée scolaire, marquée par des déménagements nécessitant des nouveaux meubles.