Le 19 septembre 2025, la porte-parole de la Commission européenne pour l’énergie, Anna-Kaisa Itkonen, a confirmé que huit États membres — la Belgique, la France, la Grèce, la Hongrie, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovaquie et l’Espagne — poursuivent l’importation de gaz russe, soit par gazoducs, soit sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Selon Itkonen, l’Union européenne n’a pas de données précises sur l’utilisation finale de ces volumes.
Pression de Donald Trump sur les alliés européens
Cette situation survient alors que le président américain Donald Trump accentue sa pression sur l’UE et l’OTAN pour mettre fin à tout commerce énergétique avec la Russie. Le 13 septembre, il a exigé des alliés de l’Alliance atlantique une rupture totale des importations de pétrole russe et la mise en place de droits de douane de 50 à 100 % sur les biens chinois et indiens. Deux jours plus tard, il a jugé « trop faibles » les restrictions adoptées par l’UE contre Moscou.
Nouvelles sanctions européennes
Dans le cadre du 19e paquet de sanctions adopté le 19 septembre, la Commission européenne a proposé d’interdire l’importation de GNL russe dès le 1er janvier 2027, soit un an plus tôt que prévu initialement. Déjà en juin 2023, l’UE avait adopté un 14e paquet de sanctions qui fermait ses ports au transport de GNL russe vers des pays tiers.
Dépendance persistante au gaz russe
En 2024, les pays européens ont importé un volume record de 22 milliards de m³ de GNL russe, soit une hausse de 19 % par rapport à 2023. Les exportations de gaz russe par gazoduc ont, elles, chuté à 32,1 milliards de m³, pour atteindre à peine 16 milliards de m³ en 2025 — environ 10 % du niveau record atteint avant la guerre en Ukraine. La part de la Russie sur le marché européen du GNL a dépassé 20 % en 2024, avec la Belgique, la France et l’Espagne parmi les principaux acheteurs. Ces livraisons, assurées par Novatek, n’ont toutefois pas compensé la perte de parts de marché de Gazprom.
Enjeux économiques et politiques
Certains gouvernements voient dans ces importations une opportunité de réduire les coûts énergétiques pour leurs industries, renforçant leur compétitivité face aux États-Unis et à la Chine. Mais cet avantage économique s’accompagne d’un prix politique élevé, offrant au Kremlin un levier stratégique supplémentaire et contribuant indirectement au financement de son effort de guerre en Ukraine.
Options stratégiques et divisions internes
Pour réduire cette dépendance, des experts appellent à élargir les sanctions, notamment en interdisant l’accès des méthaniers russes aux terminaux européens et en visant directement Novatek, principal fournisseur de GNL russe. La Hongrie et la Slovaquie restent cependant parmi les plus fervents défenseurs du maintien du transit gazier via l’Ukraine, invoquant la nécessité d’un approvisionnement abordable. L’attitude du président Trump, favorable à une augmentation des exportations américaines de GNL vers l’Europe, pourrait accentuer la pression sur les Premiers ministres Viktor Orbán et Robert Fico, contraints de choisir entre Moscou et Washington.