À quelques jours de l’échéance du 15 septembre 2025, la prolongation des sanctions individuelles de l’Union européenne contre des ressortissants et entités russes est de nouveau menacée par les positions de Budapest et Bratislava. Selon les règles européennes, toute décision sur les sanctions doit être adoptée à l’unanimité par les États membres. La Hongrie et la Slovaquie conditionnent leur soutien à la levée de certaines mesures visant des hommes d’affaires liés au cercle du Kremlin, ce que les autres capitales européennes interprètent comme une tentative de chantage politique.
Exigences de Budapest et Bratislava
D’après les informations circulant dans les institutions européennes, la Hongrie demande l’exclusion de quatre hommes d’affaires russes de la liste noire, tandis que la Slovaquie en réclame deux. Les six individus sont sanctionnés non pas pour des différends économiques, mais pour leurs actions considérées comme portant atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Les deux gouvernements menacent de bloquer la reconduction du régime de sanctions pour les six prochains mois si leurs demandes ne sont pas satisfaites.
Précédents compromis en faveur de la Hongrie
Le 14 mars 2025, sous la pression de Budapest, l’UE avait déjà retiré des listes de sanctions l’ancien dirigeant du groupe EuroChem Vladimir Rachevski, la sœur d’Alisher Ousmanov, Gulbakhor Ismaïlova, l’homme d’affaires Viatcheslav Moshe Kantor ainsi que le ministre russe des Sports Mikhaïl Degtiarev. Cette concession avait été accordée pour permettre l’extension des mesures restrictives visant plus de 2 400 personnes et entités. La Hongrie avait aussi empêché l’inscription de plusieurs hiérarques de l’Église orthodoxe russe, dont le patriarche Kirill, le métropolite Hilarion de Budapest et le métropolite Tikhon de Crimée, tous connus pour leur soutien à la guerre menée par Moscou.
Un blocage récurrent sur fond de liens énergétiques
Budapest et Bratislava se distinguent régulièrement par une attitude critique vis-à-vis des sanctions européennes contre la Russie, notamment lorsqu’elles concernent le secteur énergétique. La Hongrie reste fortement dépendante du gaz, du pétrole et du nucléaire russes, tandis que la Slovaquie, bien que moins exposée, ne souhaite pas rompre ses relations économiques avec Moscou. Dans ce contexte, leur droit de veto est utilisé comme levier pour obtenir des concessions de la part de Bruxelles.
Le débat sur l’unanimité au sein de l’UE
Cette nouvelle impasse relance les discussions à Bruxelles sur la nécessité de réformer les procédures de vote en matière de politique étrangère. Plusieurs responsables européens estiment qu’un passage au système de majorité qualifiée permettrait d’éviter que des décisions cruciales soient paralysées par un seul État membre. Une telle évolution offrirait à l’UE une plus grande réactivité face aux crises internationales, mais nécessiterait une réforme institutionnelle complexe.