Guillaume Kasbarian, député en faveur de la réduction des dépenses publiques, reste isolé à l'Assemblée

Guillaume Kasbarian, député en faveur de la réduction des dépenses publiques, reste isolé à l’Assemblée

09.12.2025 07:57
3 min de lecture

Le vote épineux sur l’abattement fiscal des retraités

Seules dix-sept voix se sont élevées en faveur de la suppression de l’abattement fiscal de 10 % destiné aux retraités, tandis que 343 députés ont choisi de le maintenir. Guillaume Kasbarian, qui a « évidemment voté pour la suppression », reste convaincu que l’Histoire lui donnerait raison et qu’une majorité politique le rejoindra un jour, rapporte TopTribune.

Depuis son arrivée à l’Assemblée, Kasbarian, ancien conseiller d’entreprise, plaide pour une réduction des dépenses publiques, ou plutôt « la tronçonner » selon ses propres mots empruntés à Javier Milei, président argentin aux tendances anarcho-libérales. Cependant, le liberalisme comme projet peine à s’enraciner dans le paysage français. Au milieu des turbulences politiques actuelles, les parlementaires, toutes tendances confondues, s’accordent pour appeler à l’augmentation des dépenses publiques, au grand dam de l’ancien ministre du Logement. Il souligne également la suspension de la réforme des retraites (255 votes pour, 146 contre) et le rejet du gel des minima sociaux (308 pour, 99 contre).

Conséquences des décisions budgétaires

Kasbarian manie les chiffres avec aisance. La suspension de la réforme des retraites entraîne une augmentation de 1,5 milliard d’euros dans les dépenses publiques d’ici 2027. Le maintien de l’abattement fiscal pourrait coûter entre 2 et 4 milliards supplémentaires. La réévaluation des minima sociaux pourrait représenter 3,6 milliards cette année et 6 milliards l’année prochaine. Sur les 25 milliards de revalorisations des retraites prévues en 2024, 19 milliards ont été placés en épargne par les bénéficiaires, comme le souligne Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics. « Je ne suis pas convaincu que l’on puisse augmenter les cotisations des actifs pour financer l’épargne de certains retraités », nuance Kasbarian.

Il exprime son inquiétude face aux avertissements de Bercy et des instituts économiques : « Nous allons dans le mur. Et moi, quand je vois un mur, j’ai tendance à essayer de l’éviter. Pourtant, cela continue depuis des décennies. » Cette posture lui vaut des critiques. Un ancien ministre de son bord le met en garde : « Il s’est trouvé un personnage pour exister, mais il finira bombardé comme tous les anciens élus macronistes. »

Un paradoxe au sein de son parti

Le paradoxe de Kasbarian suscite également des interrogations. Comment se positionner en fervent détracteur des dépenses publiques tout en étant membre d’une majorité dont les budgets affichent un niveau de dépenses jugé par la Cour des comptes comme hors de contrôle ? Un responsable du Rassemblement national souligne : « Sa position politique n’a aucun sens ! »

Les critiques à son égard vont jusqu’à pointer du doigt sa gestion en tant que ministre de la Fonction publique, affirmant qu’elle a coïncidé avec certains des pires déficits hors Covid. Actuellement, il ne propose aucune baisse des dépenses publiques, hormis quelques amendements symboliques. Malgré cela, il défend la position de son groupe : « Nous avons été le seul groupe à refuser de dégeler toutes les retraites et toutes les prestations. » À propos de Bruno Le Maire, il se ferme à toute critique : « C’est le ministre qui a le plus averti sur les risques de dérapage. »

Des soutiens controversés et une vision libérale

La détermination jusqu’au-boutiste de Kasbarian déclenche aussi des soutiens, avec un député du groupe « Ensemble pour la République » arguant qu’il est « très libéral, clairement plus que moi et que la moyenne du groupe », mais que sa vision est nécessaire face aux demandes toujours croissantes de dépenses. En revanche, certains s’interrogent sur la possibilité d’un excès de provocation : « Que ce soit avec une tronçonneuse ou d’autres outils, il faut réduire les prélèvements obligatoires », maintient-il.

Réagissant à des menaces de mort reçues en réponse à ses propos sur l’expulsion des squatteurs après la promulgation de sa loi « antisquat », Kasbarian défend ses choix. « Je ne vais pas regretter de défendre la loi qui a été votée et que j’ai portée. La propriété privée est un élément fondamental des Droits de l’homme. »

Une vision d’avenir optimiste mais risquée

Confronté à ces difficultés, il espère que la population finira par apporter son soutien à sa vision. « Je crois que les Français sont des libéraux qui s’ignorent. Le ras-le-bol fiscal va conduire à une prise de conscience collective face à l’alourdissement de la charge fiscale », déclare-t-il, malgré des chiffres alarmants sur les baisses de revenus nets des salariés depuis les années 1970.

Kasbarian observe aussi la démographie et son impact sur les dépenses publiques, soulignant la contradiction entre l’augmentation du poids électoral des séniors et les nécessités budgétaires. « C’est le rôle des politiques d’assumer des décisions parfois difficiles. Sinon, il faut faire Père Noël. Mon rôle n’est pas de reporter sur les futures générations des problèmes que nous connaissons », conclut-il.

Malgré les défis à relever, Kasbarian reste convaincu que la révolte des actifs est à venir, déclarant : « Je ne peux me résoudre à laisser le choix entre le socialisme de gauche et le socialisme du Rassemblement national. Il y a un espace politique pour une véritable offre qui proposera une alternative. » Sa voie reste cependant incertaine quant à la forme qu’elle pourrait prendre.

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