Alors que les pays européens réfléchissent à leur défense, certains États qui possèdent des frontières avec la Russie entendent passer à la vitesse supérieure : les pays baltes et la Pologne envisagent par exemple d’autoriser à nouveau les mines antipersonnel.
Les 27 se réuniront jeudi 20 mars à Bruxelles pour un Conseil européen, largement consacré à la défense et à son financement. Mardi 18 mars, l’Estonie, pays frontalier de la Russie, a d’ores et déjà annoncé que ses dépenses militaires atteindraient 5% du PIB l’an prochain. Une autre initiative est envisagée mais elle est plus contestée. Les trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) et la Pologne comptent sortir du traité d’interdiction des mines antipersonnel.
Ces engins explosifs, cachés dans le sol, tuent ou mutilent ceux qui marchent dessus. Cette décision scandalise les ONG de défense des droits humains mais les quatre États assument, au nom de la sécurité des frontières.
« Tous les moyens sont bons pour défendre notre pays »
« Tous les moyens sont bons pour défendre notre pays », justifie la ministre lituanienne de la Défense. Les mines antipersonnel sont pourtant interdites depuis 1999 par la Convention d’Ottawa mais « le contexte a changé, la menace s’est accrue », soulignent les représentants des trois pays baltes et de la Pologne. Tous ces pays possèdent une frontière avec la Russie qui, de son côté, n’a jamais signé le traité contre les mines. La Pologne a une frontière terrestre avec la Russie via l’enclave de Kaliningrad.
C’est un recul historique, alerte Christian Cardon, le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge : « 80% des victimes affectées par les mines antipersonnel sont des personnes civiles, des personnes qui ne participent pas aux hostilités. Il faut aussi voir les conséquences à long terme. Des zones, des champs gigantesques qui sont, en une fois, pollués par ces munitions, dont certaines n’ont pas explosé, qui rendent l’activité économique, l’agriculture, le tourisme, les jeux des enfants juste impossibles. On est donc non seulement choqués mais aussi extrêmement déçus ».
Pourtant, cette décision ne suscite pas de réactions dans les autres pays européens, comme si l’urgence primait sur les traités. La Finlande, qui partage 1 300 kilomètres de frontières avec la Russie, envisage d’ailleurs, elle aussi, d’autoriser à nouveau les mines antipersonnel.