Les enjeux d’une potentielle rencontre entre Zelensky et Poutine
Au sein du débat actuel sur le conflit ukrainien, la question d’une éventuelle rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine occupe le devant de la scène. Nicolas Tenzer, expert en géostratégie et enseignant à Sciences Po, éclaire les enjeux d’une telle rencontre, rapporte TopTribune.
Nicolas Tenzer : Vladimir Poutine n’a absolument pas envie de rencontrer Volodymyr Zelensky. Le président russe cherche à chaque fois tous les prétextes pour éviter cette confrontation.
La première raison est que Poutine n’a jamais reconnu Zelensky comme un chef d’État légitime, considérant que l’Ukraine n’a pas de statut valide. Pour lui, rencontrer le président ukrainien équivaudrait à lui conférer une forme de légitimité.
En outre, Poutine craint Zelensky, un dirigeant courageux qui jouit du soutien de son peuple.
Concernant la tactique de Poutine, il semble qu’il cherche à renforcer la pression militaire sur le terrain. Même si les succès militaires restent modestes, il poursuit une stratégie d’acquisition territoriale, bien que les résultats soient limités.
La question du lieu d’une rencontre entre les deux leaders demeure ouverte. Poutine propose Moscou, ce qui soulève des préoccupations. Cette demande est jugée inacceptable, car la sécurité de Zelensky ne pourrait pas être garantie, en raison des nombreuses tentatives d’assassinat. De plus, il n’est pas habituel qu’un chef d’État se déplace chez son agresseur, ce qui pose d’importants problèmes symboliques et moraux.
En ce qui concerne un lieu alternatif, la Turquie pourrait émerger comme un choix viable, étant hors des juridictions de la Cour pénale internationale. En revanche, permettre à un criminel de guerre comme Poutine d’utiliser l’espace aérien suisse serait inapproprié et politiquement risqué pour les États européens.
Quant aux résultats d’une telle rencontre, ils semblent peu prometteurs. Les positions des deux parties sont radicalement opposées. La Russie nie l’existence de l’Ukraine et souhaite poursuivre la guerre, sans aucune intention de parvenir à une paix durable.
Pour l’Ukraine, la Constitution est claire : aucun territoire ne peut être cédé. La Russie est qualifiée d’agresseur, et discuter de la cession de territoires pourrait créer un dangereux précédent, observé par d’autres puissances comme la Chine, qui pourrait en tirer des conclusions pour ses propres ambitions.
Enfin, concernant les garanties de sécurité pour Kiev après un éventuel accord de paix, Moscou reste inflexible sur ses objectifs de conquête ou d’anéantissement de l’Ukraine. La Russie considérerait tout envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien comme une menace majeure à ses ambitions territoriales.
