Guerre en Ukraine : ce que l'on sait du bombardement à Soumy qui a fait au moins 34 morts dimanche
Guerre en Ukraine : ce que l'on sait du bombardement à Soumy qui a fait au moins 34 morts dimanche

Guerre en Ukraine : ce que l’on sait du bombardement à Soumy qui a fait au moins 34 morts dimanche

14.04.2025
5 min de lecture

Cette frappe, qui a suscité l’indignation de la communauté internationale, est la plus meurtrière à toucher une zone civile ukrainienne depuis des mois.

Un membre des services de secours ukrainiens, le 13 avril 2025, à Soumy (Ukraine). (ROMAN PILIPEY / AFP)
Un membre des services de secours ukrainiens, le 13 avril 2025, à Soumy (Ukraine). (ROMAN PILIPEY / AFP)

Une attaque meurtrière en pleines célébrations religieuses, provoquant l’indignation internationale. Au matin du dimanche 13 avril, une frappe russe a tué au moins 34 personnes, dont deux enfants, et fait 117 blessés, parmi lesquels les secours ukrainiens dénombrent 15 enfants, à Soumy, une ville du nord-est de l’Ukraine. Il s’agit de la frappe la plus meurtrière sur une zone civile depuis des mois dans le pays, et notamment depuis la reprise de contact entre Washington et Moscou, initiée mi-février par Donald Trump. Voici ce que l’on sait sur cette frappe.

Des scènes d’horreur dans « une rue ordinaire »

Deux missiles ont frappé le centre-ville de Soumy, capitale administrative de la région du même nom, peuplée de plus de 250 000 habitants. Ils ont explosé dimanche matin, « au moment où il y avait beaucoup de gens dans la rue », selon les secours ukrainiens. Leur dernier bilan, établi en fin de journée, faisait état d’au moins 34 morts, dont deux enfants, et de 117 blessés, dont 15 enfants, précisant que 68 personnes étaient hospitalisées, dont huit dans un état grave. Le cabinet du procureur général ukrainien a annoncé l’ouverture d’une enquête pour crime de guerre. 

« La Russie a frappé le centre-ville avec des missiles balistiques, pile au moment où il y avait de nombreux passants », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Ihor Klymenko. « Les missiles ennemis ont visé une rue ordinaire, une vie ordinaire : des maisons, des établissements d’enseignement, des voitures dans la rue… », a pour sa part déploré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Bâtiments éventrés, corps gisant sur le sol, pompiers luttant contre les flammes… Les autorités locales ont publié des images de corps étendus dans la rue, de personnes courant se mettre à l’abri, de voitures en flammes et de blessés à terre. « Je pensais avoir tout vu dans ma vie, mais ce qui s’est passé aujourd’hui dépasse tout le reste », a affirmé auprès de franceinfo Oler Strilka, le porte-parole des secouristes. « Dix véhicules en feu, le bus aussi, avec des passagers innocents. Tout était détruit, tout brûlait. A l’intérieur, il y avait des gens, c’était l’horreur, les cris, les larmes, la panique. »

Une attaque en période de célébrations religieuses

Cette frappe d’ampleur a eu lieu le dimanche des Rameaux, une date importante dans le calendrier chrétien, qui précède celui de Pâques et marque l’entrée dans la Semaine sainte. « En ce jour radieux du dimanche des Rameaux, notre communauté a subi une terrible tragédie », a déploré le maire, Artem Kobzar.

De son côté, Dmitro Lubinets, commissaire aux droits de l’homme du Parlement ukrainien, assure que les locaux du centre régional de protection des droits de l’homme ont été intégralement détruits dans l’attaque et qu’ils se trouvaient à l’épicentre de la frappe. « Le dimanche des Rameaux est une fête religieuse majeure pour les Ukrainiens, ajoute ce responsable. Il s’agit d’une attaque délibérée sur des civils, un week-end où les habitants sont dehors et moins à l’abri. » Volodymyr Zelensky a fustigé une frappe « un jour où les gens vont à l’église (…) Seuls des salauds peuvent faire cela ».

Les dirigeants internationaux indignés

Volodymyr Zelensky s’est adressé à la communauté internationale, l’appelant à exercer une « pression forte » sur Moscou pour « arrêter la guerre », accusant son homologue russe Vladimir Poutine d’avoir « ignoré la proposition américaine d’un cessez-le-feu total et inconditionnel ». Le chef d’Etat ukrainien réclame « une réponse forte de la part du monde », et notamment par « les Etats-Unis, l’Europe, tous ceux qui veulent que cette guerre et ces massacres cessent. (…) Les discussions n’ont jamais mis fin aux missiles balistiques et aux bombardements aériens. Nous devons traiter la Russie comme le mérite un terroriste. »

« Aux victimes, aux blessés, à toute l’Ukraine qui résiste : notre solidarité, notre respect, notre engagement », a écrit Emmanuel Macron sur X. « Cette guerre, chacun sait que c’est la Russie, seule, qui l’a voulue. Aujourd’hui, il est clair que c’est la Russie qui, seule, choisit de la poursuivre », a insisté le chef de l’Etat, qui réclame « des mesures fortes pour imposer un cessez-le-feu à la Russie ».

Ce bombardement a suscité l’indignation de Washington. « Je pense que c’est terrible. Et l’on m’a dit qu’ils ont fait une erreur. Mais je pense que c’est une chose horrible », a déclaré le président américain Donald Trump dans la soirée à des journalistes, à bord de l’avion présidentiel Air Force One. Plus tôt dans la journée de dimanche, l’émissaire américain pour l’Ukraine, Keith Kellogg, qui s’était déplacé en Ukraine à peine deux jours plus tôt, a dénoncé sur X une frappe « inacceptable » qui « dépasse les limites de la décence ». Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a quant à lui qualifié l’attaque d’« horrible ».

En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz, a condamné une « attaque barbare » sur X « De telles attaques russes démontrent l’état de la prétendue volonté de paix de la Russie », a-t-il poursuivi. « C’est un crime de guerre grave, délibéré et voulu », a pour sa part fustigé son successeur, Friedrich Merz. « C’est ce que Poutine fait à ceux qui discutent avec lui d’un cessez-le-feu », a-t-il ajouté. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a dénoncé « une nouvelle attaque russe horrible et lâche », assurant « continuer à travailler pour mettre fin à cette barbarie. »

Plusieurs autres dirigeants ont partagé sur X leur soutien avec l’Ukraine, comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la présidente de la Moldavie, Maia Sandu, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, ou les présidents lituanien et letton, Gitanas Nausèda et Edgars Rinkevics – tous rapidement remerciés par Volodymyr Zelensky.

Les négociations avec la Russie se poursuivent

Cette attaque est intervenue deux jours seulement après la visite d’un haut-responsable américain en Russie, dont l’armée attaque l’Ukraine sans relâche ces dernières semaines, malgré le mécontentement exprimé par Donald Trump. Le président américain, qui fait pression pour arrêter la guerre, a en effet appelé les Russes à cesser de « bombarder [l’Ukraine] comme des fous ». Début avril, une attaque russe contre Kryvyï Rih avait fait 19 morts, dont neuf enfants, et choqué tout le pays.

Washington a organisé des pourparlers indirects avec des responsables russes et ukrainiens, qui se prolongent et n’ont pas abouti à une cessation des hostilités. Dans ce cadre, l’émissaire américain Steve Witkoff a rencontré vendredi Vladimir Poutine en Russie, pour la troisième fois depuis février. En mars, les Etats-Unis avaient proposé un cessez-le-feu inconditionnel. Mais Vladimir Poutine n’avait pas été convaincu et cette proposition de trêve de 30 jours, acceptée par Kiev, ne s’est pas concrétisée.

La Russie exige que l’Ukraine renonce à rejoindre l’Otan et lui cède des territoires, notamment les quatre régions ukrainiennes dont elle revendique l’annexion (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) et la Crimée annexée en 2014. Mais ces conditions sont inacceptables pour Kiev qui demande des « garanties de sécurité » pour dissuader la Russie de l’attaquer à nouveau.

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