« Israël-Palestine, l’impossible coexistence ? » revient en trois parties sur 76 ans de conflit israélo-palestinien.
Le 7 octobre 2023, une onde de choc secoue le monde et projette le Proche-Orient dans une nouvelle guerre après le massacre de 1 189 Israéliens et la prise d’otages de 251 civils et militaires par des combattants palestiniens du Hamas. Une tragédie qui réveille brutalement l’histoire tumultueuse qui unit ces deux communautés depuis des décennies. Une série documentaire intitulée Israël-Palestine, l’impossible coexistence ?, écrite par le journaliste Charles Enderlin, réalisée par Dan Setton et diffusée dimanche 8 décembre à 21h05 sur France 5, revient sur les moments clés de leurs affrontements.
« Le conflit israélo-palestinien est une succession de luttes idéologiques et religieuses, d’erreurs stratégiques, de rendez-vous manqués et d’occasions perdues », résume Charles Enderlin en préambule à cette série en trois parties, qui couvre 76 ans d’histoire, de la naissance de l’Etat d’Israël à nos jours. Un récit qui permet de mieux comprendre la complexité de cette guerre en revenant à ses racines et en décryptant les enjeux qui ont mené à la crise actuelle. Franceinfo a sélectionné trois moments marquants de l’histoire de cette rivalité inextinguible.
Un traité de paix ensanglanté
En 1992, le député travailliste Yitzhak Rabin devient Premier ministre d’Israël. Fervent partisan de la paix, il met tout en œuvre afin de trouver des compromis avec Yasser Arafat, le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), considéré comme le grand ennemi de l’Etat hébreu. Les deux hommes signent un traité de paix à Washington le 13 septembre 1993, sous l’égide des Etats-Unis. Les accords d’Oslo posent les premiers jalons d’une résolution du conflit : l’OLP reconnaît le droit d’Israël à une existence en paix et sécurité tandis que le gouvernement israélien autorise l’autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza.
Mais ce processus de paix en construction se heurte à l’opposition du Hamas, qui refuse l’existence même d’un Etat israélien et multiplie des attentats suicides sur le territoire hébreu, mais aussi à celle des sionistes religieux et du Likoud, le parti d’extrême droite israélien, mené par Benyamin Nétanyahou, principal opposant d’Yitzak Rabin. A l’époque, ce dernier dit vouloir user « de tous les moyens légitimes (…) dont dispose l’opposition dans une démocratie pour mettre un terme à ce processus qui menace l’essence de notre pays ».
Malgré ces oppositions, Yitzhak Rabin continue de négocier la paix avec les pays arabes voisins, la Jordanie et l’Egypte.
« Quand le peuple juif a choisi la terre d’Israël pour établir un Etat juif, il a également choisi ses voisins. Des peuples arabes, y compris les Palestiniens. »Yitzhak Rabin
dans le documentaire « Israël-Palestine, l’impossible coexistence ? »
Ce traité de paix s’effondre pourtant le 4 novembre 1995 avec l’assassinat d’Yitzhak Rabin, tué de deux balles dans le dos par un extrémiste religieux juif, alors qu’il assistait à un rassemblement pour la paix à Tel-Aviv.
La montée en puissance du Hamas
Le 11 novembre 2004, Yasser Arafat meurt à Paris. Il est remplacé par Mahmoud Abbas(Nouvelle fenêtre) à la tête de l’Autorité palestinienne, qui entame des pourparlers de paix avec Ariel Sharon, le Premier ministre israélien de l’époque. Si les colons israéliens sont expulsés par la force de la bande de Gaza par l’armée israélienne, cette opération se fait sans la moindre coordination avec Mahmoud Abbas.
Deux ans plus tard, en 2006, Ariel Sharon est victime d’une grave attaque cérébrale et ses pouvoirs sont transférés à son vice-Premier ministre, Ehud Olmert. La même année, des élections sont organisées à Gaza. Des membres du Hamas, selon les vœux d’Ariel Sharon, sont autorisés à se présenter. L’organisation terroriste remporte le scrutin et règne en maître sur l’enclave palestinienne depuis, son principal adversaire, le Fatah, ayant été évincé de la zone.
La tragique erreur de Benyamin Nétanyahou
Après 22 ans passés dans les geôles israéliennes, Yahya Siwar, considéré comme un des plus cruels membres du Hamas, est libéré, comme des centaines de Palestiniens en échange du soldat franco-israélien Gilat Shalit, en 2011. Quelques années plus tard, Yahya Sinwar est élu à la tête du bureau politique du Hamas à Gaza et développe considérablement la branche armée du mouvement. En 2018, le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem ravive les tensions dans l’enclave et en Cisjordanie. Mais Yahya Sinwar est surtout confronté, au même moment, à la colère des Gazaouis contre la politique économique et sociale du Hamas. Tenant Israël pour responsable, il pousse des milliers de jeunes gazaouis à attaquer sans relâche à coups de pierres la barrière de séparation avec Israël.
Dans le même temps, le leader palestinien, considéré aujourd’hui comme le principal instigateur de massacres du 7 octobre, joue la conciliation avec l’Etat hébreu en appelant à une trêve, laissant entendre vouloir relancer l’économie de la bande de Gaza et aider son peuple affaibli par des années d’embargo. Les autorités israéliennes acceptent l’entrée régulière de milliers de dollars versés par le Qatar aux dirigeants du Hamas, persuadées que cet argent calmera leurs velléités de commettre à nouveau des attentats.
« L’analyse de Netanyahou sur ce qui pourrait servir au mieux les intérêts d’Israël, était totalement erronée, se désole Gilead Sher, ancien chef de cabinet et coordinateur des politiques de l’ancien Premier ministre, Ehoud Barak. Il a écrasé les Palestiniens relativement modérés dirigés par Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne, tout en favorisant le Hamas avec énormément d’argent. Netanyahou pensait que de cette manière, il contournerait la question cruciale de la solution à deux Etats. En réalité, ce qui s’est passé, c’est qu’il a préparé le Hamas à l’horrible massacre du 7 octobre 2023. »