Actif depuis 2022, le Collectif national ASCT compterait désormais entre 4 000 et 5 000 membres et entend faire entendre la voix des chefs de bord au sein de la compagnie ferroviaire.
Au fil des mois et des mobilisations, il a fait son nid dans le paysage syndical ferroviaire. En se joignant à l’appel à la grève en plein pont du 8-Mai, lancé quelques semaines plus tôt par SUD-Rail et la CGT-Ferroviaire, un groupe informel de contrôleurs, le Collectif national ASCT, s’est de nouveau immiscé dans le bras de fer opposant syndicats et direction. Il avait en effet été à l’origine des deux derniers grands mouvements sociaux à la SNCF en décembre 2022 et en février 2024.
La CGT-Cheminots, première organisation syndicale à la SNCF, demande une revalorisation de la prime de travail ainsi qu’une refonte de l’organisation des plannings, trop souvent modifiés à la dernière minute. Elle est rejointe sur ce point par SUD-Rail, troisième organisation syndicale au sein du groupe, et le Collectif national ASCT, qui réclament une meilleure prévisibilité des plannings ainsi qu’une augmentation de 100 euros par mois de la prime de travail. Un travers reconnu par le PDG du groupe ferroviaire en personne, Jean-Pierre Farandou, qui a admis des problèmes de planning.
Un collectif qui se veut apolitique
Dès le début du mois d’avril, le collectif de contrôleurs avait annoncé qu’il comptait « appuyer les dates de mobilisation prévues par SUD-Rail les 9, 10 et 11 mai 2025 », dates de week-end prolongées où les usagers sont nombreux à prendre le train. N’étant pas un syndicat, le groupe informel n’est pas autorisé à mener le dialogue social, contrairement à SUD-Rail et à la CGT-Cheminots, et doit donc se greffer à un préavis de grève existant pour se joindre à la mobilisation.
C’est pourquoi le Collectif national ASCT, qui se revendique « apolitique et non syndiqué », s’est peu à peu rapproché de SUD-Rail. « Pour des raisons institutionnelles, ce collectif de contrôleurs ne pouvait pas ignorer les syndicats. Inversement, les syndicats ne pouvaient pas ignorer la contestation portée par le collectif », poursuit Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux, interrogé par Marianne en 2024. « On a nos propres instances de contrôleurs mais nos revendications vont dans le même sens », justifie Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de SUD-Rail, dans le même hebdomadaire.
Un groupe qui a obtenu des concessions
Il faut dire que le collectif pèse désormais lourd dans la contestation et compte 4 000 à 5 000 membres sur ses boucles WhatsApp et Telegram sur les 8 000 contrôleurs que compte l’entreprise, d’après Le Monde. « Le collectif a permis de mettre en avant toute la complexité de notre métier et de fédérer au niveau national, parce que les syndicats n’y arrivaient plus », expliquait un chef de bord à France 2 lors de la mobilisation de 2022.
La grève de Noël et de Nouvel An, qui avait bloqué quelque 200 000 voyageurs, a laissé des traces au sein de la direction de la SNCF. Les contrôleurs avaient fini par obtenir gain de cause, avec la création d’une « direction des chefs de bord »afin d’être plus à l’écoute des problématiques des chefs de bord. Ils avaient alors réussi à augmenter le montant de leur prime et reçu un engagement de la direction d’embaucher davantage de contrôleurs en 2023.
En 2024, à l’approche des vacances de février, les dirigeants de la SNCF avaient tout mis en œuvre pour éviter une nouvelle paralysie dans les transports. Craignant que les syndicats ne soient de nouveau dépassés par le collectif de contrôleurs, ils avaient accepté d’accorder de nouvelles primes et des embauches supplémentaires. Un an plus tard, l’appel à la grève est finalement venu des syndicats, qui n’ont pas réussi à trouver de compromis avec la direction de la SNCF sur les salaires et la demande de meilleures conditions de travail. Ce qui laisse planer l’éventualité de perturbations dans les transports à partir du lundi 5 mai et jusqu’au dimanche 11 mai.