Le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu entre en fonction face à une crise politique
Le deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu a pris ses fonctions le 13 octobre 2025, avec pour objectif de présenter un projet de budget rapidement afin d’éviter la censure des oppositions, rapporte TopTribune.
Après une passation de pouvoirs discrète, sans journalistes ni invités, le Premier ministre a convoqué ses nouveaux ministres pour discuter de leur priorité : « donner un budget à la France d’ici la fin de l’année » et tenter de sortir le pays d’une crise politique profonde.
Sébastien Lecornu, qui a démissionné la semaine dernière, a été reconduit après des pourparlers rapides avec les forces politiques. Sa survie dépend principalement du soutien du Parti socialiste, avec lequel il cherche à s’accorder, notamment sur des questions de retraites.
Un premier conseil des ministres est prévu pour le 14 octobre, après le retour du président Emmanuel Macron d’un voyage en Égypte, où il a soutenu l’accord entre Israël et le Hamas. Le gouvernement vise à soumettre un projet de budget au Parlement le même jour, dans le respect des délais constitutionnels de 70 jours avant la fin de l’année.
Le Premier ministre devrait également prononcer sa déclaration de politique générale dans les jours suivants, une présentation attendue, même si le gouvernement demeure sans majorité stable.
Une équipe renouvelée mais fragilisée
L’équipe, présentée tard dimanche, comprend de nouveaux visages, notamment huit membres de la société civile et 26 issus de divers partis politiques, parmi lesquels 11 proviennent du parti présidentiel Renaissance. Toutefois, six ministres de droite ont été exclus des Républicains suite à une directive du leader Bruno Retailleau.
Laurent Nuñez remplace Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, Jean-Pierre Farandou est nommé ministre du Travail, et Edouard Geffray prend en charge le ministère de l’Éducation, succédant ainsi à Elisabeth Borne. D’autres nominations incluent Laurent Panifous, en charge des Relations avec le Parlement, et Maud Bregeon comme porte-parole du gouvernement.
Gérald Darmanin, qui a été réintégré en tant que garde des Sceaux, a annoncé qu’il se mettrait « en congé de (ses) activités partisanes », malgré les attentes que le Premier ministre avait exprimées pour éviter les ambitions présidentielles au sein de son cabinet.
Des menaces de censure imminentes
Avec les leader de la droite et de nombreux alliés centristes qui se distancient, Sébastien Lecornu a souligné l’importance de ceux qui intègrent le nouveau gouvernement « en toute liberté, au-delà des intérêts personnels et partisans ». Cette nouvelle équipe, formée de 34 ministres, pourrait avoir une existence éphémère.
Mathilde Panot, cheffe du groupe insoumis à l’Assemblée, a averti que « la censure arrive », à l’instar de Marine Le Pen, qui a annoncé le dépôt d’une motion de censure dès lundi. Si Lecornu devait démissionner à nouveau, la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale, souhaitée par l’extrême droite, deviendrait imminente.
Le groupe socialiste est le seul capable de sauver le gouvernement, mais a clairement établi des conditions élevées pour son soutien, excluant toute réforme des retraites avant un débat sur d’autres mesures, particulièrement celles visant à renforcer le pouvoir d’achat.
« Il n’y a pas de très bons signes qui sont donnés », a déclaré Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, ajoutant qu’ils attendraient la déclaration de politique générale pour prendre position.