La menace russe pèse sur d’autres anciennes républiques soviétiques, avertit la cheffe d’État qui refuse de rendre son mandat à la fin de l’année. « C’est quelque chose qui va être étendu si ce n’est pas ici en Géorgie qu’on l’arrête », lance-t-elle. « Le moment n’est plus aux messages ambigus », insiste-t-elle.
« L’Union européenne doit taper du poing », exhorte lundi 2 décembre sur France inter (Nouvelle fenêtre)Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie, après de nouvelles manifestations pro-européennes « généralisées à toutes les villes » depuis la semaine dernière. La cheffe de l’État géorgien pointe tout particulièrement du doigt le rôle de la Russie dans les élections législatives de fin octobre, remportées par le parti au pouvoir, mais immédiatement dénoncées par l’opposition.
Salomé Zourabichvili refuse de rendre son mandat à la fin de l’année, accusant « les élections d’avoir été volées et violées. Ils ont élu un gouvernement qui n’est pas légitime, venant d’un Parlement non légitime dans lequel les partis d’opposition ne siègent pas et ils vont élire le 14 décembre un président qui ne sera pas davantage légitime », déplore-t-elle. Elle appelle donc « les pays européens à faire davantage attention » car elle craint que la menace russe pèse sur d’autres anciennes républiques soviétiques, évoquant la « Roumanie et la Moldavie ». « C’est quelque chose qui va être étendu si ce n’est pas ici en Géorgie qu’on l’arrête », redoute-t-elle.
La présidente géorgienne explique avoir déposé « un recours à la Cour constitutionnelle » devant laquelle « aujourd’hui des manifestations vont avoir lieu pour l’obliger à se prononcer » sur l’élection. La présidente rappelle le rôle important qui incombe à la Cour constitutionnelle : « Elle a entre ses mains la possibilité de terminer la crise de façon stable et de sortir le pays de cette situation ubuesque, dans lequel un régime russe viole la constitution géorgienne et essaie par la force de se maintenir au pouvoir », insiste-t-elle.
Derrière la Géorgie, « un enjeu de l’Europe de demain »
Salomé Zourabichvili rappelle d’ailleurs que ces résultats « ne sont pas reconnus ni par la population, ni par les partenaires européens démocratiques ». Elle appelle ainsi l’Europe à maintenir ses positions, à continuer « à ne pas reconnaître ce gouvernement illégitime ». Salomé Zourabichvili estime qu’il y a de la part de ses concitoyens « un besoin très fort de soutien moral et politique clair ». « Le moment n’est plus aux messages ambigus », insiste-t-elle. La cheffe de l’État explique ainsi que derrière la situation en Géorgie se joue « un enjeu de l’Europe de demain ». « La Russie a commencé ici une stratégie hybride pour faire sortir les Européens », mais cette fois « pas par la guerre, comme cela n’a pas fonctionné en Ukraine », souligne-t-elle.