Frappes d'Israël en Iran : qui sont les hauts responsables militaires et les experts du nucléaire tués par l'Etat hébreu ?
Frappes d'Israël en Iran : qui sont les hauts responsables militaires et les experts du nucléaire tués par l'Etat hébreu ?

Frappes d’Israël en Iran : qui sont les hauts responsables militaires et les experts du nucléaire tués par l’Etat hébreu ?

13.06.2025
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L’armée israélienne a mené vendredi des raids aériens massifs, ciblant des sites nucléaires et tuant plusieurs hauts gradés de la République islamique, dont son chef d’état-major et le principal dirigeant des Gardiens de la révolution.

Le chef des Gardiens de la révolution iranienne, Hossein Salami (barbe blanche), le 15 mai 2025, à Téhéran. (MORTEZA NIKOUBAZL / NURPHOTO / AFP)
Le chef des Gardiens de la révolution iranienne, Hossein Salami (barbe blanche), le 15 mai 2025, à Téhéran. (MORTEZA NIKOUBAZL / NURPHOTO / AFP)

Une attaque d’ampleur. Israël a mené, vendredi 13 juin, une série de frappes aériennes contre l’Iran, disant avoir visé une centaine de cibles, dont des sites nucléaires. Téhéran a riposté en lançant des drones vers le territoire israélien. Cette attaque intervient alors qu’Israël et les pays occidentaux soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique, ce que Téhéran dément. Alors qu’un nouveau cycle de négociations avec les Etats-Unis sur le nucléaire iranien devait avoir lieu dimanche, les craintes d’une frappe imminente d’Israël grandissaient depuis quelques jours.

La série de frappes a débuté dans la nuit et visé des sites dans plusieurs régions iraniennes, dont la capitale. Mais l’armée israélienne a également éliminé des hauts gradés du régime, selon un communiqué de Tsahal : le chef des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami, un haut commandant de cette même organisation paramilitaire, Gholam Ali Rashid, mais aussi le chef d’état-major iranien, le général Mohammad Bagheri. Des experts du nucléaire iranien ont aussi été tués. Franceinfo vous détaille le profil de ces dignitaires iraniens éliminés par Israël. 

Le chef et de hauts commandants des Gardiens de la révolution

Le chef des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, s'exprime à Téhéran, le 15 mai 2025. (AFP)
Le chef des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, s’exprime à Téhéran, le 15 mai 2025. (AFP)

Plusieurs dirigeants des Gardiens de la révolution ont été tués vendredi matin, dont son chef, le général Hossein Salami. Créés en 1979 peu après la Révolution islamique, les Gardiens comptent, selon l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), environ 125 000 membres placés sous l’autorité directe du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. A la différence de l’armée nationale, ils n’ont pas pour rôle premier d’assurer la protection du territoire, mais celle de « la Révolution et de ses acquis », selon la Constitution iranienne.

Hossein Salami était le personnage clé de cet appareil sécuritaire. « Né en 1960 dans le centre du pays, il rejoint les Gardiens peu après la Révolution islamique de 1979. Il participe activement à la guerre Iran-Irak (1980–1988), expérience fondatrice pour nombre de cadres militaires iraniens, qui forge sa vision stratégique fondée sur la résistance asymétrique et la guerre d’influence », détaille Le Figaro. Visé par des sanctions américaines, il a un temps dirigé l’aviation des Gardiens de la révolution. Numéro deux des Gardiens durant neuf ans, il avait été nommé à leur tête en 2019, au moment où le pouvoir iranien avait entrepris de grands changements au sein de l’organisation paramilitaire. Ce rôle stratégique avait ouvert à Hossein Salami un siège au Conseil suprême de sécurité nationale, dirigé par le président iranien, qui a pour mission d’informer le guide suprême sur les questions militaires, de sécurité et de politique étrangère. « C’était un dur, qui n’était que répression », commente pour franceinfo Azadeh Kian, sociologue franco-iranienne.  

La télévision d’Etat iranienne l’avait mis en scène ordonnant à ses forces de lancer l’opération contre Israël, lors de l’attaque massive de drones et missiles lancée mi-avril 2024 sur le territoire israélien, la première de ce type menée par la République islamique contre son ennemi juré. Début mai, il avait menacé« d’ouvrir les portes de l’enfer », en cas d’attaque des Etats-Unis ou d’Israël, sur fond de tensions accrues entre ces deux alliés et l’Iran. Les Gardiens de la révolution ont juré vendredi de se venger de la mort de leur chef, tandis que le guide suprême iranien a immédiatement nommé son successeur : Mohammad Pakpour, actuellement commandant des forces terrestres des Gardiens.

Un haut commandant de l’organisation paramilitaire, Gholam Ali Rashid, a également été éliminé par l’armée israélienne. « Le martyre du (…) général de division Gholam Ali Rashid est confirmé », ont annoncé la télévision d’Etat et l’agence de presse Tasnim. Selon la BBC, il était commandant du quartier général central de Khatam al-Anbiya, qui coordonne les opérations militaires conjointes iraniennes. Toujours d’après le média britannique, il avait été sanctionné par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et plusieurs pays en avril 2024 pour son rôle dans l’attaque contre Israël.

Le commandant des forces aérospatiales

Le corps des Gardiens de la révolution a également confirmé la mort du commandant de ses forces aérospatiales, le général Amir Ali Hajizadeh, et de plusieurs de ses subalternes, rapporte l’agence de presse iranienne Irna. C’est un coup dur pour les Gardiens de la révolution, rapporte CNN, car Amir Ali Hajizadeh a dirigé le programme des missiles en Iran, chargé d’assurer la protection de l’espace aérien du pays et de mener des attaques à l’étranger. En avril 2024, le général avait ainsi joué un rôle central dans l’attaque de l’Iran contre Israël, mais aussi, en 2020, dans celle contre une base américaine en Irak. Né à Téhéran en 1962, Amir Ali Hajizadeh avait rejoint le corps des Gardiens de la révolution en 1980, retrace la BBC.

L’armée israélienne affirme par ailleurs dans un communiqué que Taher Pour, le commandant de la force des drones, et Davoud Shaykhian, son homologue des opérations aériennes, ont également été tués dans la même attaque.

Le chef d’état-major des forces armées

Le chef d'état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, le 13 avril 2025, à Téhéran. (IRANIAN LEADER PRESS OFFICE / HA / ANADOLU / AFP)
Le chef d’état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, le 13 avril 2025, à Téhéran. (IRANIAN LEADER PRESS OFFICE / HA / ANADOLU / AFP)

Le chef d’état-major iranien, le général Mohammad Bagheri, a également été éliminé par l’armée israélienne. « Le général de division Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées, est tombé en martyr, a confirmé la télévision iranienne. « C’est un militaire de formation qui était, à mon sens, moins radical que [Hossein] Salami. Récemment, il avait fait une intervention pour soutenir les jeunes qui avaient participé au mouvement ‘Femme, Vie, Liberté’, en disant qu’il fallait aussi chercher à comprendre la jeunesse. Il s’était fait critiquer pour cela par les ultras », observe la sociologue franco-iranienne Azadeh Kian.

En poste depuis 2016, il travaillait directement sous l’autorité du guide suprême. Né en juin 1960, Mohammad Bagheri avait autorité à la fois sur l’armée nationale, les forces de sécurité et surtout les Gardiens de la révolution. Il apparaissait régulièrement à la télévision, notamment pour inaugurer des bases militaires souterraines, et a joué un rôle clé pour développer le programme balistique iranien. 

En 2022, Mohammed Bagheri avait déclaré que l’Iran « était plus qu’autosuffisant en armes et en équipements », et qu’il deviendrait, selon lui, l’un des plus grands exportateurs d’armes au monde si les sanctions américaines étaient levées. Le régime iranien avait été placé sous sanctions américaines lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021), puis par l’Union européenne dans la foulée de la guerre en Ukraine.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a, là aussi, réagi immédiatement en nommant un nouveau chef d’état-major des forces armées, Abdolrahim Mousavi. Il était jusqu’à présent commandant en chef de l’armée. 

Six experts du nucléaire iranien

Fereydoun Abbasi Davani, alors à la tête de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, le 8 avril 2012 à Téhéran. (HO / IRANIAN PRESIDENCY WEBSITE / AFP)
Fereydoun Abbasi Davani, alors à la tête de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, le 8 avril 2012 à Téhéran. (HO / IRANIAN PRESIDENCY WEBSITE / AFP)

Au moins six scientifiques du programme nucléaire iranien ont également été tués, a rapporté un média local iranien. Parmi les six noms cités par l’agence de presse Tasnim, figurent ceux de Mohammad Mehdi Tehranchi, président de l’université islamique Azad, et de Fereydoun Abbasi, qui a par le passé dirigé l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, OIEA.

« Cet ancien professeur de physique nucléaire à Téhéran avait rejoint le corps des Gardiens de la révolution islamique de 1979. Il avait présidé le département de physique de l’université Imam Hossein de Téhéran, avant de prendre la tête de l’OIEA en 2011, détaille Le ParisienIl était considéré comme l’une des figures clés du programme d’armement nucléaire iranien. Le scientifique était personnellement visé par des sanctions de l’ONU. »

L’élimination de ces experts aura-t-elle des conséquences sur l’avancée du programme nucléaire iranien ? « Non, cela ne changera pas grand-chose, assure Azadeh Kian. Les Iraniens ont acquis le savoir-faire. Le seul moyen d’éviter que l’Iran obtienne la bombe, c’est de continuer les pourparlers diplomatiques. »

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