Frantz Fanon et la pathologie coloniale : éclairage sur son œuvre

Frantz Fanon et la pathologie coloniale : éclairage sur son œuvre

22.07.2025 20:03
2 min de lecture

Le film d’Abdenour Zahzah sur Frantz Fanon sort en salles

Le 23 juillet 2025, le film d’Abdenour Zahzah, intitulé Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, au temps où le Docteur Frantz Fanon était chef de la cinquième division entre l’an 1953 et 1956, sort sur grand écran, rapporte TopTribune. Ce long-métrage coïncide avec le centenaire de la naissance de Frantz Fanon, né le 20 juillet 1925, et se focalise sur son action en Algérie durant la guerre d’indépendance.

Le film s’inscrit dans un contexte où Fanon, psychiatre martiniquais, a joué un rôle clé à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, un endroit sous-tendu par les tensions raciales et politiques de l’époque. Sa carrière fut marquée par des tentatives de réforme de la psychiatrie et de la perception des patients, en réponse à une doctrine psychiatrique ouvertement raciste.

Les deux films récents, dont celui de Jean-Claude Barny, sorti en avril 2025, explorent cet aspect de la vie et de la pensée de Fanon. Cependant, le film d’Abdenour Zahzah se distingue par sa capacité à représenter le contexte complexe et la diversité des expériences vécues par Fanon, ses patients et ses collègues durant cette période tumultueuse.

Le film illustre l’arrivée de Fanon à Blida en 1953 et met en lumière les défis auxquels il a dû faire face, notamment diverses formes de racisme et des normes institutionnelles rigides. La narration se concentre sur l’engagement de Fanon en tant que médecin et militant, intégrant des éléments de sa vie personnelle et professionnelle.

Les défis du traitement psychiatrique durant la guerre

Selon les critiques, le film met en valeur les interactions entre Fanon et le personnel de l’hôpital, ainsi que la dynamique complexe entre le personnel soignant et les patients, souvent traumatqués par le colonialisme. Le réalisateur utilise des choix stylistiques qui favorisent une immersion dans l’univers de l’hôpital, renforçant ainsi la tension dramatique et l’authenticité des récits.

Parallèlement, le film aborde les tensions croissantes liées à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, illustrant comment ces conflits externes influençaient le quotidien de Fanon et son approche pragmatique des soins. Les scènes qui montrent l’implication de Fanon dans la lutte pour la libération nationale enrichissent son personnage en tant qu’intellectuel engagé.

À travers ses techniques humaines et créatives, telles que l’organisation d’ateliers et de concerts, Fanon essaie de réformer les méthodes de soin tout en contournant les obstacles bureaucratiques et idéologiques. Cette approche novatrice propose une nouvelle vision de la psychiatrie à une époque où les attentes traditionnelles façonnaient le parcours des patients.

Un regard sur l’héritage de Fanon

Le film de Zahzah ne se limite pas à une simple biographie de Frantz Fanon; il explore également les concepts profonds de décolonisation argumentés par Fanon dans ses écrits, notamment dans son premier livre Peau noire, masques blancs. Ainsi, le film résume et recontextualise ses idées dans le cadre de ses actions en tant que médecin en Algérie, liant ainsi théorie et pratique.

Ce long métrage fait également écho aux préoccupations contemporaines concernant les soins de santé mentale et les impacts du colonialisme sur la santé psychologique. En présentant à l’écran un personnage aussi complexe que Fanon, Zahzah réussit à engager le public dans une réflexion sur les héritages de la colonisation et les luttes actuelles pour la justice sociale.

Ainsi, Chroniques fidèles s’impose comme un témoignage à la fois historique et actuel, rappelant l’importance de la réflexion critique sur le passé et les implications pour l’avenir, tout en honorant l’héritage d’une figure emblématique de la lutte anticoloniale.

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