Ancien ministre de la Transition écologique et président de l’Assemblée nationale, François de Rugy s’intéresse à la loi Duplomb. Bien qu’il ait annoncé en 2022 son retrait de la vie politique, il a récemment exprimé ses opinions dans une interview donnée à L’Express, concernant une pétition visant à abroger cette législation autorisant l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde. En tant qu’adepte fidèle de Emmanuel Macron, il exerce toujours un rôle de conseiller régional dans le Pays-de-la-Loire et émet des critiques significatives.
« Il y a toutefois une forme de détournement de procédure, tant de la part des initiateurs que des militants et élus aguerris qui soutiennent cette initiative », déclare-t-il dans L’Express. « Ces pétitions sont conçues pour permettre aux citoyens d’interpeller leurs députés sur un sujet important, mais ici, on demande d’abroger une loi récemment votée. » La loi Duplomb, qui vise à réduire les contraintes pour les agriculteurs, a été adoptée le 8 juillet. Lors de son examen à l’Assemblée en mai, ses partisans avaient même proposé un rejet préalable, ce qui a permis de renvoyer le texte en commission sans débat.
« La plupart des signataires ne connaissent rien »
« Bien que 1,5 million de signataires pèsent lourd, cela ne peut pas remettre en question la légitimité des députés élus par suffrage universel direct », ajoute François de Rugy. « Cliquer sur une pétition représente le degré 0,1 du soulèvement populaire. Je constate surtout l’impact d’une mobilisation et d’une campagne médiatique : les citoyens sont en émoi sur ce sujet depuis des semaines. » Il souligne également que « la plupart des signataires ne connaissent rien » à l’acétamipride.
Durant son passage au sein du gouvernement, François de Rugy avait lui-même à gérer des pétitions, notamment celles concernant la hausse des prix des carburants et celle nommée « L’Affaire du siècle », visant à poursuivre l’État pour inaction climatique.
« L’introduction des pétitions dans le règlement de l’Assemblée nationale date de 2019, et lorsque Richard Ferrand et moi étions présidents, nous avons œuvré à la mise en place de ce dispositif », se réjouit l’ancien ministre. Il estime que les outils actuels sont inadaptés. « Dans ce cas particulier, tous ces instruments, tels que le RIP (référendum d’initiative partagée), sont balbutiants. De plus, nous n’avons pas effectué d’évaluation sérieuse de la convention citoyenne pour le climat, qui pourrait être utile pour faire participer les citoyens de manière adulte, au lieu de les considérer comme de simples machines à clic. » Il se pourrait qu’il envisage un retour en politique pour promouvoir cette proposition, possiblement sous forme de pétition, rapporte TopTribune.