"François Bayrou peut-il obtenir l'adoption de son budget 2026 et échapper à la censure à l'Assemblée ?"

« François Bayrou peut-il obtenir l’adoption de son budget 2026 et échapper à la censure à l’Assemblée ? »

16.07.2025 06:13
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Les critiques des oppositions ne se sont pas fait attendre suite aux orientations budgétaires dévoilées mardi par le Premier ministre. De nombreux membres de l’opposition brandissent la menace de censure pour s’opposer à ce projet. En procédant à cette annonce si tôt, François Bayrou espère dégager une certaine marge de manœuvre dans les négociations, rapporte TopTribune.

« Je ne crois pas que ces annonces résisteront aux turbulences de l’hiver », ironise un sénateur des Républicains auprès de France Télévisions. Avec un visage sérieux, François Bayrou a terminé, mardi 15 juillet, une allocution d’une heure à Matignon où il a exposé ses orientations budgétaires pour le pays. Le défi est colossal : réaliser 44 milliards d’euros d’économies dans le budget 2026 afin de faire face à une dette croissante, dans un climat politique particulièrement tendu.

La composition de l’Assemblée nationale, marquée par une division en trois blocs antagonistes, représente un casse-tête insoluble. « Le gouvernement se trouve sans majorité(…), conscient qu’il est à la merci des oppositions et parfois des doutes de ses alliés », a déclaré avec assurance le dirigeant du MoDem. Un constat qui n’échappe pas à François Bayrou : les oppositions se sont rapidement indignées contre son plan, menacées par une censure pour une grande partie d’entre elles.

Les mesures mises en avant ne relèvent pas de simples « mesurettes », selon un proche du maire de Pau. Des décisions comme la suppression de jours fériés, une année blanche et la réduction du nombre de fonctionnaires suscitent de vives critiques de la gauche et du Rassemblement national. Ces derniers n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement face aux propositions du Premier ministre centriste.

Pour contrer les critiques des oppositions, François Bayrou a d’abord évoqué l’opinion publique. « Nous avons la responsabilité de prendre des décisions, c’est l’heure des choix avant que le pays ne se trouve au bord du précipice. La dette représente un danger mortel pour notre nation », a-t-il averti, rappelant le sort tragique de la Grèce, soumise à une austérité sévère depuis 2010. « Il interpelle l’opinion publique, semblant jouer un rôle à la Pierre Mendès-France. Il fait comprendre que la dette est un mal absolu et que nous risquons tous de périr », analyse Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas.

« Il affirme : ‘Si les forces politiques souhaitent m’accompagner, avançons ensemble. Sinon, elles porteront la responsabilité de l’effondrement du pays’. »

Benjamin Morel, constitutionnaliste

à franceinfo

« Nous vivons un moment où chaque acteur doit se montrer responsable. Le gouvernement assumera ses choix », souligne un ministre. « Les parlementaires ont un devoir de responsabilité crucial ici. Leur décision sera déterminante », avertit un proche de Bayrou.

« Si, en moins de huit mois, deux budgets sont censurés, cela entraînera une perte de confiance dans la France, suscitant un affolement sur les marchés financiers. Nous risquons de nous retrouver dans une situation similaire à celle de la Grèce. »

Un proche de François Bayrou

à franceinfo

Dramatiser la situation peut-il réellement mobiliser l’opinion publique et influencer la stratégie politique? « François Bayrou est à la traîne en popularité, contrairement à Pierre Mendès-France. Si l’opinion demeure à ce niveau, le PS et le RN opteront pour la censure », prévoit Benjamin Morel.

Le débat à venir sur la censure dépendra une fois de plus des votes des groupes clés à l’Assemblée. Marine Le Pen avait forcé la chute du gouvernement Barnier en décembre dernier. De son côté, le Parti socialiste a signé un pacte de non-censure avec François Bayrou l’an passé, garantissant au premier ministre une certaine continuité à Matignon. Cependant, les deux entités ont exprimé des réactions très froides aux propositions budgétaires de François. « Dans les conditions actuelles, la seule solution envisageable semble être la censure », a averti Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « Si François Bayrou ne modifie pas son projet, nous n’hésiterons pas à le censurer », a également prévenu Marine Le Pen.

Pour sa part, François Bayrou s’efforce de naviguer dans des eaux politiques troubles, anticipant les débats budgétaires de 2026, en laissant entendre une certaine souplesse dans ses propositions. « Ce plan mérite d’être amélioré », a-t-il affirmé, ajoutant que « toutes les suggestions seront considérées, peu importe leur origine », tant que l’objectif de 43,8 milliards d’euros d’économies est atteint. « Il ne donne pas les garanties nécessaires, donc la situation est délicate », note Arthur Delaporte, porte-parole du groupe socialiste. « Cependant, le chemin reste long », a-t-il ajouté, signalant que les négociations peuvent encore aboutir.

Le Rassemblement national a aussitôt réagi au sujet de la suppression de deux jours fériés, envisagés comme le lundi de Pâques et le 8-Mai. « Aucun député RN n’acceptera cette mesure, considérée comme une provocation », a rétorqué Jordan Bardella, président du parti. « La proposition concernant le 8-Mai sert visiblement d’outil de négociation. » Une députée écologiste a ajouté que « François Bayrou semble prêt à céder sur ce point pour éviter la censure du RN ».

« Il lance une provocation qui pourrait rapidement se retourner contre lui. Le RN pourrait utiliser cet argument pour démontrer que ses concessions n’ont pas été vaines. »

Benjamin Morel, constitutionnaliste

à franceinfo

Il est encore trop tôt pour savoir comment les jeux politiques évolueront lors de la rentrée parlementaire. Il ne faut pas omettre de considérer les principaux alliés du gouvernement, notamment le bloc central et Les Républicains. Les députés macronistes devraient soutenir les propositions de François Bayrou, tout en y apportant des modifications. « Le débat parlementaire doit alléger la pression fiscale, mais il est essentiel de soutenir le redressement sans réserve », déclare le député Mathieu Lefèvre. « Ce n’est que le début, pas une conclusion. »

En revanche, pour Les Républicains, la situation semble plus complexe. « La diminution de deux jours fériés revient à demander aux citoyens de travailler plus sans augmentations de salaire », souligne le député Antoine Vermorel-Marques. « Ce n’est pas conforme à l’essence de notre position qui défend les travailleurs. Il n’y a aucune mention des dépenses liées à l’immigration. »

« Ce projet de loi de finances devra être profondément remanié pour rencontrer les attentes. »

Antoine Vermorel-Marques, député des Républicains

à franceinfo

« Nous avons constamment affirmé que l’heure n’était plus à une approche ‘en même temps' », a insisté le député Florian Di Filippo, ajoutant que leur camp défendrait « plus que jamais » la nécessité d’une réduction des dépenses publiques.

« Aucune mesure ne doit impacter les travailleurs et la création riche, sans se concentrer d’abord sur les dépenses

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