Alors que le sommet de l’OTAN à La Haye approche à grands pas (24–25 juin 2025), le Premier ministre slovaque Robert Fico a jeté un pavé dans la mare. Lors d’une réunion confidentielle avec les dirigeants politiques du pays, il a brandi la menace d’un possible retrait de la Slovaquie de l’Alliance atlantique, si les exigences budgétaires de l’OTAN ne sont pas revues à la baisse. Une déclaration qui suscite une onde de choc à Bratislava comme à Bruxelles.
Des exigences jugées « absurdes »
Robert Fico s’oppose farouchement à la proposition de porter les dépenses de défense à 5 % du PIB d’ici 2032 — soit 3,5 % pour l’armement et 1,5 % pour l’infrastructure à double usage. Pour la Slovaquie, cela représenterait un effort colossal de plus de 7 milliards d’euros, près d’un cinquième du budget national.
Il n’a pas hésité à qualifier ces attentes de « dictat de l’OTAN » et de menace contre la souveraineté budgétaire de son pays. Dans un ton qui rappelle ouvertement la rhétorique de Viktor Orbán, Fico dénonce un alignement forcé sur les priorités de l’Occident, affirmant que la Slovaquie pourrait « prendre ses distances avec l’Alliance » si elle n’est pas libre de décider comment allouer ses ressources.
Une stratégie politique familière… et risquée
Le discours souverainiste de Fico s’inscrit dans une dynamique déjà bien connue en Europe centrale : jouer la carte du nationalisme pour flatter une partie de l’électorat, tout en minant les principes de solidarité euro-atlantique. Comme Orbán en Hongrie, Fico flirte avec la rhétorique du Kremlin, évoquant la nécessité de rester neutre et de ne pas être « entraîné dans des guerres étrangères ».
Mais derrière cette posture, c’est toute la crédibilité de la Slovaquie qui vacille. Son refus potentiel de contribuer aux efforts de l’Alliance remet en cause son engagement collectif en matière de sécurité, surtout à l’heure où l’agression russe en Ukraine exige une réponse ferme et coordonnée.
Le coût du désengagement
La neutralité brandie comme alternative n’est pas une solution. En réalité, elle sert de paravent à une orientation pro-russe, qui affaiblit la solidarité internationale envers Kyiv et isole Bratislava sur la scène européenne. Dans le contexte actuel, quitter l’OTAN ne serait pas un acte de liberté, mais un saut dans l’incertitude stratégique.
Alors que plusieurs membres de l’Alliance ont déjà décidé d’augmenter leur budget militaire, considérer cela comme une « absurdité » revient à nier les réalités sécuritaires de l’Europe de l’Est. En se retirant des obligations communes, la Slovaquie accroît sa vulnérabilité et compromet ses propres intérêts à long terme.
Réactions internes et internationales
Les propos de Fico ont immédiatement suscité des réactions critiques tant au niveau national qu’international. À l’intérieur du pays, des voix s’élèvent pour dénoncer un discours clivant, déconnecté des enjeux de sécurité réelle. À l’étranger, partenaires et analystes pointent une dégradation de l’image slovaque, qui risque de se traduire par une baisse de confiance, une réduction des investissements et une marginalisation dans les négociations internationales.
Une pente glissante
En somme, ce coup de théâtre politique place la Slovaquie à la croisée des chemins. Entre un positionnement stratégique dans un monde incertain ou un repli idéologique aux accents populistes, les choix faits aujourd’hui pèseront lourd demain. L’OTAN n’impose pas, elle protège. Et rompre avec elle ne serait pas un acte d’indépendance, mais une renonciation à la sécurité partagée.