Euro 2025 féminin : Marie-Antoinette Katoto fait son retour en tant qu'atout majeur des Bleues.

Euro 2025 féminin : Marie-Antoinette Katoto fait son retour en tant qu’atout majeur des Bleues.

09.07.2025 11:04
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Tout un symbole. Samedi 5 juillet, lors du premier match des Bleues lors de l’Euro de football, c’est l’attaquante vedette Marie-Antoinette Katoto qui a lancé les hostilités en marquant rapidement face aux redoutables Anglaises. Malgré une saison difficile qui s’est soldée par son départ du PSG et un rythme de jeu en deçà de ses standards, l’avant-centre a ouvert le score à la 36e minute et a largement contribué à la victoire de son équipe (2-1) contre les championnes d’Europe en titre, rapporte TopTribune.

Avec ce but, son 39e sous le maillot des Bleues en 56 sélections, Katoto est entrée dans le top 5 des meilleures buteuses de l’équipe de France, à égalité avec l’ancienne capitaine emblématique Wendie Renard, non sélectionnée par Laurent Bonadei.

« On ne va pas se prendre pour d’autres »

Fidèle à son tempérament, la footballeuse n’a toutefois pas fanfaronné après cette belle prestation. Alors que l’équipe tricolore court depuis des décennies derrière un premier titre, l’attaquante garde les pieds sur terre. « On ne va pas se prendre pour d’autres », a-t-elle insisté lors de la conférence de presse au lendemain de ce premier succès. « Personnellement, je ne pense pas que nous soyons toujours favorites », a-t-elle tempéré, même si les Bleues peuvent décrocher leur qualification pour les quarts de finale mercredi, en cas de seconde victoire face au pays de Galles.

Marie-Antoinette Katoto sait de quoi elle parle. Il y a un an, les Françaises avaient encore été citées parmi les favorites lors des JO de Paris, avant de se faire éliminer en quarts de finale. Douze mois après cet échec, elle aborde la compétition avec un état d’esprit différent. « Honnêtement, je pense que physiquement, je suis un peu en retard, mais mentalement, je me sens un peu mieux que l’année dernière à la même période », explique-t-elle calmement.

Marie-Antoinette Katoto a pourtant été dans l’œil du cyclone ces derniers mois. Surnommée « Mak », elle a connu une fin de saison très compliquée au PSG – dont elle est la meilleure buteuse de l’histoire avec 162 réalisations en 205 rencontres – ne jouant presque pas depuis avril. Sa fin de contrat a été marquée par une confrontation avec le directeur sportif Angelo Castellazzi, avec qui les relations étaient tendues depuis plusieurs mois.

Elle a également souffert du départ de l’entraîneur Fabrice Abriel, critiqué pour ses résultats et son management, mais avec qui elle avait une bonne entente. « Il y a eu de la manipulation et un manque de respect », expliquait-elle en juin à l’AFP. « Mais devant un énième manque de respect, j’ai réagi, ce que je n’aurais pas dû faire. »

« Elle ne montre pas ses émotions »

La joueuse de 26 ans est connue pour sa capacité à maîtriser ses émotions. « Elle a un côté renfermé, timide, elle s’exprime avec difficulté, elle cache un jardin secret », a décrit Pierre-Yves Bodineau, son ancien entraîneur dans les équipes jeunes du PSG. « Elle ne montre pas ses émotions, alors qu’elle est très sensible », a-t-il ajouté.

Née à Colombes, en banlieue parisienne, elle a été marquée par la perte de son père alors qu’elle n’avait que 10 ans. « On ne l’a plus vue pendant un moment. Avec sa mère, nous avons essayé de la motiver à reprendre le football. Lors de son premier match de retour, elle avait du mal à se déplacer. C’est la seule fois où elle a mal joué », avait raconté en 2022 Cédric Allain, dont la famille dirigeait le FCF Colombes, où Marie-Antoinette Katoto a commencé vers l’âge de 7 ans.

Enfant, elle se fait déjà remarquer. À 12 ans, le PSG l’a repérée et l’a recrutée pour son centre de formation. L’adolescente doit alors jongler entre ses études et son entraînement. « Nous avions des séances tardives, donc je rentrais souvent chez moi à 23 heures, c’était difficile, mais j’ai réussi à m’adapter. C’était une progression annuelle, et l’intensité était bien plus élevée que ce que j’avais connu jusqu’alors », raconte-t-elle.

À 16 ans, en 2015, elle fait ses débuts en D1. Rapidement, son talent attire l’attention de ses entraîneurs. « J’ai vu cette attaquante, j’étais stupéfait. C’était incroyable d’avoir une telle puissance, une technique aussi fine, et un sens du jeu à cet âge », a déclaré Patrice Lair, qui l’a entraînée au PSG entre 2016 et 2018.

Des blessures à répétition

Cependant, sa progression a été mise à mal par une série de blessures. En 2016, elle rate le Mondial U20 après une déchirure aux ischio-jambiers de la cuisse gauche. À son retour, après trois mois d’absence, elle se blesse à nouveau. Il lui faut attendre la saison suivante pour démontrer l’étendue de ses capacités, inscrivant 21 buts. Malgré ses statistiques prometteuses, elle n’est pas sélectionnée pour le Mondial 2019 par Corinne Diacre. « J’ai pris un choix difficile, réfléchi. Marie-Antoinette a un potentiel énorme. Tout le monde le sait et le voit. Mais il me manquait des performances lors des grands rendez-vous », a expliqué la coach des Bleues à l’époque.

Malgré cette déception, année après année, l’attaquante continue de s’améliorer, remportant son premier titre de championne de France en 2021 avec le PSG, mettant fin à la domination des Lyonnaises. Un an plus tard, elle fait partie des 23 sélectionnées pour participer au championnat d’Europe en Angleterre. Lors de leur premier match, remporté 5-1 contre l’Italie, elle marque un but, mais se blesse gravement lors de la rencontre suivante contre la Belgique. Victime d’une rupture des ligaments croisés du genou droit, elle dit adieu à la compétition. En 2023, n’étant pas rétablie, elle déclare forfait pour le Mondial.

Depuis cette série d’échecs, Marie-Antoinette Katoto semble avoir retrouvé son allant. Après avoir signé jusqu’en 2029 avec le club rival de l’Olympique lyonnais, elle se sent mieux, selon le nouveau sélectionneur Laurent Bonadei. « C’est une grande joueuse, une arme redoutable pour nous. Quand on a une attaquante de ce calibre, qui peut déverrouiller une défense, c’est très utile », a-t-il souligné.

Pour enfin décrocher ce premier titre qui se refuse aux Bleues, l’attaquante sait qu’elle peut s’appuyer sur un véritable collectif. « Nous formons un groupe où chacun peut soutenir les autres. Personne n’est au-dessus des autres », a-t-elle souligné lors de la conférence de presse. « Nous sommes davantage solidaires et ouverts. »

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