Un message poignant sur la résilience
De nombreuses footballeuses comme Ann-Katrin Berger affichent des tatouages, mais celui qu’elle arbore sur son cou revêt une signification particulière. « Tout ce que nous avons, c’est maintenant », peut-on lire derrière son oreille droite. Cette phrase ne constitue pas seulement une devise, mais symbolise également son combat courageux contre la maladie. Ce tatouage stylisé recouvre des cicatrices témoignant de ses traitements contre le cancer de la thyroïde, qu’elle a réussi à surmonter en 2017 et à nouveau en 2022, rapporte TopTribune.
À chaque match, la gardienne de l’équipe d’Allemagne savourent la joie d’être sur le terrain, conscientes de son parcours. « Je ne suis pas réellement une personne émotive », a-t-elle déclaré après la qualification de son équipe pour les quarts de finale de l’Euro 2025, face à la France. « Ma fierté est directement liée à ce que j’ai traversé. Ce que j’ai vécu en 2022 est désormais derrière moi et je suis tournée vers l’avenir. Je vis enfin ma meilleure vie et je suis en demi-finale », a ajouté la joueuse, qui se prépare à affronter l’Espagne pour une place en finale.
Performances remarquables sur le terrain
Ann-Katrin Berger transcende le simple fait de mener une vie épanouie. À 34 ans, la gardienne des DFB-Frauen se hisse au sommet de son potentiel. Lors de la récente victoire de son équipe contre les Bleues, elle a joué un rôle crucial en propulsant l’Allemagne dans le dernier carré de la compétition. Alors que les Allemandes se retrouvaient à dix et menées dès la 15e minute, elle a multiplié ses interventions avec neuf arrêts spectaculaires, établissant ainsi un nouveau record d’arrêts dans un match éliminatoire de l’Euro depuis 2013.
En prolongation, à la 102e minute, elle a particulièrement brillé en évitant un but contre son camp d’une tête de sa coéquipière Janina Minge. Elle a réussi à plonger acrobatiquement en arrière pour repousser le ballon de la main gauche, face à une situation qui paraissait désespérée. « Je ne pense pas avoir jamais vu un tel arrêt dans le football féminin », a loué sa coéquipière, la gardienne remplaçante Ena Mahmutovic.
Un mental d’acier lors des tirs au but
Lors de la séance de tirs au but, Ann-Katrin Berger a également fait preuve d’une grande sérénité, repoussant deux tentatives françaises après un match terminé sur un score de 1-1 (tab 5-6). « C’est une gardienne exceptionnelle, d’une calme et d’une intelligence remarquables. Je savais qu’elle arrêterait les penalties », a commenté sa coéquipière Sjoeke Nüsken après le match. Le sélectionneur tricolore Laurent Bonadei a reconnu la capacité héroïque de l’Allemagne à défendre, soulignant l’importance des arrêts extraordinaires de Berger.
Déclarée joueuse du match, Ann-Katrin Berger a fait preuve de modestie, affirmant que tout le crédit revenait à l’équipe. « Tout le monde mérite d’être salué ici, car la performance de l’équipe était incroyable », a-t-elle simplifié après la rencontre.
Un parcours jalonné d’épreuves
Ce parcours impressionnant aurait pu s’arrêter brusquement en 2017, lorsque Berger a appris qu’elle souffrait d’un cancer de la thyroïde alors qu’elle évoluait au club de Birmingham, après avoir porté le maillot du PSG pendant deux saisons. Malgré ce diagnostic, elle a fait son retour sur le terrain seulement 76 jours plus tard, étant nominée dans l’équipe de l’année. Sa force de caractère l’a conduite à remporter cinq championnats d’Angleterre avec Chelsea entre 2019 et 2024, malgré une récidive de son cancer en 2022, avant de rejoindre Gotham FC l’année dernière.
La force de la passion
Son parcours exceptionnel a été résumée par son entraîneur Christian Wuck : « C’est une joueuse ayant traversé des expériences extrêmes. Sa foi et son parcours de vie lui permettent d’être patiente. Elle obtient une sérénité que son équipe apprécie. » Ann-Katrin a su s’appuyer sur sa passion pour le football afin de surmonter sa maladie. « Le football a sauvé ma santé mentale », a-t-elle confié à Sky Sports en 2022. Elle a également trouvé un soutien précieux auprès de sa compagne, Jess Carter, joueuse de l’équipe d’Angleterre et également membre de Gotham FC.
Alors qu’elles viennent de remporter la victoire, Berger s’est tournée vers la caméra, criant à son grand-père de 92 ans : « Papy, plus qu’un match ! » Complétant ses déclarations, elle a évoqué sa motivation de voir son grand-père assister à la finale, affirmant qu’il jugerait que les quarts de finale et les demi-finales ne valent pas le coup. « J’ai essayé de le convaincre, mais il reste déterminé à ne pas changer d’avis », a-t-elle conclu.