Leur qualification pour les quarts de finale a signé l’entrée dans une nouvelle compétition. Reste à savoir si la confiance emmagasinée, lundi, permettra de gommer les lacunes de cette équipe toujours aussi inefficace.
On ne l’avait plus vu exulter de la sorte depuis longtemps. Didier Deschamps a ardemment célébré la qualification de son équipe de France pour les quarts de finale de l’Euro 2024, après la victoire arrachée contre la Belgique (1-0), lundi 1er juillet. Le sélectionneur est apparu comme débarrassé d’un poids en conférence de presse quelques minutes plus tard. « On est démonstratifs, oui. Je ne sais pas si c’était plus ou moins que d’habitude, mais je dis à mon staff d’apprécier chaque moment. C’était une bascule importante pour nous », s’est-il réjoui.
Avant le match, ses joueurs et lui-même n’ont cessé de dire qu’ils s’apprêtaient à entrer dans un nouveau tournoi. Mais quand il parle de bascule, il n’évoque peut-être pas seulement le passage d’une phase de groupes aux allures de préparation, où chaque équipe avait droit à une seconde chance (seulement huit éliminés sur 24 participants), à cette phase éliminatoire tant attendue.
« On verra, le temps nous le dira »
On a tendance à dire que les victoires acquises dans la douleur – qui plus est face à un adversaire redouté – sont souvent celles qui forgent les champions. « Un déclic ? On verra. Le temps nous le dira », a temporisé Antoine Griezmann en zone mixte. Dans tous les cas, Didier Deschamps, de son côté, sort plus fort de ce succès malgré ses tâtonnements dans ses compositions d’équipe. La charnière quasiment improvisée William Saliba-Dayot Upamecano semble déjà indéboulonnable. Ses Bleus n’ont toujours pas encaissé le moindre but dans le cours du jeu. L’unique but de la rencontre a été provoqué par le seul joueur qu’il a décidé de sortir du banc.
« J’ai Randal Kolo Muani qui est buteur [l’UEFA l’a compté comme un CSC de Jan Vertonghen]. J’ai Jules Koundé homme du match, que vous avez taillé pendant deux ans… Comme quoi, il faut avoir toujours un peu de retenue », a jubilé le sélectionneur face aux journalistes. Si son attaquant finit par être crédité du but, il ne s’agirait que du deuxième but marqué par un remplaçant tricolore en tournoi majeur (Coupe du monde + Euro) depuis la phase finale de l’Euro 2016, après… Randal Kolo Muani déjà, contre le Maroc, en demi-finales du dernier Mondial.
Après plusieurs jours passés à discuter de la frustration des joueurs peu utilisés, le but provoqué par le Parisien accrédite la thèse d’un groupe concerné (alors que seulement 13 joueurs ont connu une titularisation et que le temps de jeu est très déséquilibré). Pour autant, cela ne change rien au fait que cette équipe se soit retrouvée transfigurée contre la Belgique. Au contraire, elle était toujours aussi inefficace face au but (20 tirs, 2 cadrés), et toujours aussi solide dans son camp.
“Le seul regret, c’est le nombre de frappes [ratées]. A vouloir mettre trop de puissance, ça part hors du cadre (…). Depuis le début de l’Euro, c’est un peu plus difficile [de marquer], mais ça n’empêche qu’on a toujours énormément d’occasions. Aujourd’hui, on en a eu six ou sept. Il faut forcer le destin et ne pas que cela devienne un blocage. On va travailler ça”, a promis Deschamps. Son équipe n’a toujours pas marqué autre chose que sur CSC ou pénalty. On est évidemment loin du France-Argentine du Mondial 2018 (4-3), mais les Bleus ont fait un pas de plus lundi. La marche sera encore plus haute face au Portugal au prochain tour.